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ALLIANCES


l’unissait aux enfants de Jacob, Amos, i, 9. Salomon fit aussi avec le pharaon d’Egypte une alliance qui lut scellée par un mariage, III Reg., iii, 1 ; ix, 16, et qui lui fournit le moyen de faire avec ce pays le commerce des chevaux. III Reg., x, 28-29. Il y eut sans doute également une alliance entre la reine de Saba et Salomon, HI Reg., x, 1-13, dont l’habileté politique consista principalement à se lier avec ses voisins dans l’intérêt de son commerce.

Après le schisme des dix tribus, l’antagonisme des deux royaumes de Juda et d’Israël les porta l’un et l’autre à contracter des alliances offensives et défensives avec leurs voisins pour attaquer l’ennemi ou pour se défendre plus efficacement. Ces alliances expliquent en grande partie les événements de cette époque. Ainsi il est très probable que l’invasion du pharaon Sésac dans le royaume de Juda,

III Reg., xi, 40 ; xii, 2 ; xiv, 25-26 ; II Par., x, 1 ; xii, 2-4, fut provoquée par le roi d’Israël Jéroboam I er, qui avait trouvé un refuge en Egypte pendant les dernières années de Salomon, et qui jugea cette diversion très utile pour asseoir son autorité dans le nord de la Palestine, en paralysant Roboam et l’empêchant de tourner ses armes contre lui. Ce même antagonisme entre Israël et Juda engagea les successeurs de Jéroboam et de Roboam à rechercher l’alliance des rois syriens de Damas. C'étaient les plus proches voisins du royaume des dix tribus, et ils pouvaient lui être très nuisibles, s’ils prenaient parti contre lui. Les rois d’Israël devaient donc s’efforcer de s’assurer leur bienveillance ; ceux de Juda, au contraire, ne devaient rien négliger pour les indisposer contre le royaume schismatique. Asa y réussit, et fit tourner contre Israël les armes de Benadad. III Reg., xv, 16-20. Dieu désapprouva d’ailleurs par ses prophètes ces alliances dangereuses pour la religion. II Par., xvi, 7. Cf. III Reg., xx, 35-43.

Cependant une autre politique prévalut pendant la seconde période de l’existence du royaume des dix tribus. Après avoir été en guerre avec Juda depuis son établissement, c’est-à-dire pendant une soixantaine d’années, Israël, sous le règne d’Achab, fit la paix avec Josaphat, et cette paix dura autant que la dynastie d’Achab elle-même. Juda reconnut les faits accomplis, il comprit qu’il y avait avantage, dans l’intérêt de sa propre sécurité, à ne pas attirer les Syriens dans la Palestine du Nord ; car, s’ils en devenaient une fois les maîtres, il serait lui-même incapable de leur résister. L’alliance avec Israël, livré à l’idolâtrie, était du reste dangereuse pour la religion, IV Reg., vin, 26 ; II Par., xxii, 2-4, et Dieu, pour ce motif, la désapprouva. II Par., xix, 2 ; cf. xxv, 7. L’union subsista néanmoins jusqu’au règne de Jéhu. IV Reg., IX, 27 ; II Par., xxii, 8-10. Sous Jéroboam II et Amasias, il y eut une nouvelle guerre entre les deux royaumes. IV Reg., xiv, 8-14 ; II Par., xxv, 17-24. Les hostilités s’aggravèrent du temps d’Achaz, roi de Juda, et de Phacée, roi d’Israël. Celui-ci se ligua avec Rasin, roi de Syrie, pour venir plus facilement à bout d’Achaz. IV Reg., xvi, 5 ; II Par., xxviii, 5-6. Le roi de Juda, effrayé de cette ligue, eut recours à la protection de Téglathphalasar, roi d’Assyrie.

IV Reg., xvi, 7-9 ; II Par., xxviii, 16. L’intervention de l’Assyrie dans les luttes intestines de

Juda et d’Israël marque une nouvelle période dans l’histoire du peuple de Dieu. La puissance ninivite était destinée à anéantir le royaume des dix tribus, comme celui de Syrie, et l’effroi qu’elle causait devait avoir pour résultat de jeter Israël et même Juda dans les bras de l’Egypte. Non seulement les livres historiques, mais aussi les livres prophétiques de cette époque sont remplis de traits ou d’allusions se rapportant à ces événements. L’Assyrie s’imposait par la force, et n'était par conséquent acceptée volontiers que par un petit nombre ; la majorité ^tait portée vers l’Egypte, qu’on croyait assez puissante pour résister aux Assyriens, et qui était intéressée ellemême à les éloigner de son voisinage ; elle apparaissait ainsi comme une libératrice aux yeux de la plupart des habitants de la Palestine. Les prophètes faisaient tous

leurs efforts, afin d’enlever cette illusion à leurs compatriotes : ils y réussissaient mal. Osée, le dernier roi d’Israël, s’allia avec le pharaon Sua (Sabacon) pour secouer le joug de Salmanasar, roi de Ninive, IV Reg., xvii, 4, ce qui amena la ruine du royaume d’Israël. À Jérusalem, sous Ezéchias, un fort parti, contre lequel Isaïe s'éleva avec la plus grande force, poussait également à l’alliance avec l’Egypte. Is., xxx, 2-4. Cette puissance, se sentant gravement menacée, après avoir abandonné Israël à son malheureux sort, intervint contre Sennachérib, quand il ravageait le royaume de Juda : le pharaon Tharaca fit marcher ses troupes contre les Assyriens, IV Reg., xix, 9, et les battit. Hérodote, ii, 141. Sous le règne de Manassé, fils d'Ézéchias, l’Egypte, soumise à l’Assyrie, fut incapable de soutenir ses anciens alliés, et Juda dut se soumettre à l’Assyrie. II Par., xxxiii, 11. Manassé figure sur les listes des tributaires d’Asaraddon, roi de Ninive, Cuneiform inscriptions of Western Asia, t. iii, pi. 16, ligne 3, de même que sur celles d’Assurbanipal, fils et successeur d’Asaraddon. E. Schrader, Die Keiiinschriften und das Alte Testament, 1883, p. 355, ligne 3. Josias, roi de Juda, refusa l’alliance deNéchao, roi d’Egypte, peut-être pour rester fidèle à l’Assyrie, II Par., xxxv, 20-21 ; mais la ruine de Ninive et les victoires de Néchao mirent les Juifs sous la domination de l’Egypte. IV Reg., XXIII, 29, 33-35. La première campagne de NabUchodonosor contre Jérusalem, IV Reg., xxiv, 1-2, 7, fut probablement la conséquence de la campagne de Néchao contre le roi de Babylone. Jer., xlvi, 2. Jérusalem, malgré les avis de Jérémie, tenta à plusieurs reprises de secouer le joug des Chaldéens ; Sédécias fit alliance avec l’Egypte. Ezech., xvii, 15. Cette alliance devait lui être aussi fatale qu'à Osée, roi d’Israël. L’armée égyptienne obligea les Chaldéens à suspendre le siège de Jérusalem, Jer., xxxvii, 10 ; mais, quand elle eut été battue, ce fut la dernière heure du royaume de Juda. IV Reg., xxv, 1-21 ; II Par., xxxvi, 13-20 ; Jer., xxxix, 1-10 ; lii, 1-30.

4° Du temps des Machabées. — Lorsque la Judée recouvra son indépendance, grâce aux exploits de Judas Machabée, ce héros, afin de pouvoir lutter contre la puissance redoutable des rois de Syrie, fit un traité d’alliance avec les Romains. I Mach., viii, 22-32. Ce traité fut renouvelé par Jonathas, I Mach., xii, 1, et par Simon Machabée.

I Mach., xv, 17. Les Romains signifièrent en conséquence aux peuples voisins des Juifs de les respecter. I Mach., xv, 16-23. Voir J. T. Krebs, Décréta Romanorum pro Judxis facta, Leipzig, 1768. Le premier livre des Machabées mentionne également une alliance entre les Juifs et les Lacédémoniens. I Mach., xii, 2 ; xiv, 20. L'Écriture ne nous apprend plus rien sur les traités d’alliance des Asmonéens ; mais nous savons par Josephe que Jean Hyrcan, après avoir été battu par le roi de Syrie, Antiochus Sidète, en 128 avant notre ère, renouvela le traité avec les Romains. Ant. jud., XIII, ix, 2. Ce renouvellement fut funeste à la Judée. Pompée, en 63 avant J.-C., profita des divisions qui existaient entre Hyrcan et Aristobule pour imposer un tribut au pays. Josèphe, Ant. jud., XIV, iv, 4. Plus tard, Hérode le Grand, malgré son origine iduméenne, fut placé comme roi, par le sénat de Rome, à la tête des Juifs. Josèphe, Ant. jud., XIV, xiv, 5.

III. Fidélité des Israélites dans leurs alliances. — Un des traits du caractère israélite fut la fidélité aux alliances. Josué avait été trompé par les Gabaonites ; il n’en regarda pas moins comme inviolable l’alliance qu’il avait contractée avec eux. Jos., ix, 19. Dieu obligea d’ailleurs son peuple d'être fidèle à ses promesses en le châtiant toutes les fois qu’il y manquait. Saül n’ayant pas respecté la parole qui avait été donnée aux Gabaonites au moment de la conquête de la Palestine, tout le peuple eut à souffrir de la famine qui fut la punition de cette violation du traité.

II Reg., xxi, 1-10. Le prophète Ézéchiel annonça au roi de Juda, Sédécias, les malheurs qui fondraient sur lui à cause de son infidélité au traité conclu avec Nabucho L — 15