Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/256

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
383
384
ALLEN — ALLIANCES

Diaries of the English college Douay, edited by Fathers of the congrégation of the London Oratory, ln-4°, Londres, 1878 ; Letters and Memorials of Cardinal Allen, with an historical Introduction, by Th. Fr. Knox, in-4°, Londres, 1882 ; J. Gillow, Literary and biographical History of the English Catholics from 1334, 1. 1, p. 14-24.

1. ALLIANCES entre les hommes.

L’alliance entre deux peuples ou deux tribus, ou même entre des particuliers, s’appelait en hébreu berîṭ. I Sam. (I Reg.), xi, 1 ; Jos., ix, 7, 15 ; Gen., xxxi, 44 ; I Sam. (I Reg.), xviii, 3 ; xxiii, 18. De là, des confédérés étaient appelés « les hommes de l’alliance ». Gen., xiv, 13 ; Abdias, 7. — Les traités et conventions conclus entre peuples, de même que les contrats et conventions faits entre particuliers, portaient le nom de berîṭ comme l’alliance elle-même. Voir Traités et Contrats. — Le mariage est quelquefois appelé « alliance, berîṭ, » à cause de son analogie avec les alliances que les hommes font entre eux. Malach., ii, 14 (uxor fœderis tui). Le mot berîṭ est aussi employé métaphoriquement, Job, v, 23, en parlant des choses inanimées. — Enfin, les promesses que Dieu fit à Abraham et à sa race, à condition qu’elle le servit fidèlement, sont aussi appelées « alliance », berîṭ. Cette « alliance » tient une large place dans l’histoire du peuple de Dieu. Voir Alliance 2.

Les « alliances » entre particuliers étaient un pacte d’amitié, comme entre David et Jonathas, I Sam. (I Reg.), xviii, 3, ou un accord conclu pour terminer un différend. Gen., xxxi, 44. Les « alliances » entre peuples ou tribus avaient une plus grande importance, et elles tiennent une place assez considérable dans l’histoire sainte.

I. Rites qui accompagnaient la conclusion des alliances. — Faire un traité s’appelait, dans les temps anciens, kâraṭ berîṭ, « couper une alliance, » Gen., xv, 18, locution correspondant au grec ὅρκια τέμνειν, τέμνειν σπονδάς, et au latin fœdus icere, ferire, percutere, parce que, pour mettre le traité sous la sauvegarde de la religion, on le ratifiait en offrant un sacrifice, dans lequel les victimes offertes à la divinité étaient « coupées » en deux, Gen., xv, 9-10, pour signifier le châtiment auquel se soumettait d’avance celui qui violerait la foi promise. Les contractants passaient entre les deux parties de la victime, Gen., xv, 17, en prononçant des imprécations contre celui qui manquerait à sa parole. Cf. Tite Live, i, 24. Ces rites ne sont pas indiqués ordinairement dans la conclusion des alliances mentionnées par les Saintes Écritures ; mais les prophètes et le Nouveau Testament lui-même y font allusion. Jer., xxxiv, 18 ; Matth., xxiv, 51 ; Luc, xii, 46. Cf. Hérodote, II, 139 ; vii, 39 ; Xénophon, Anab., ii, 2, 9 ; Plutarque, Quæst. rom., 111 ; Tite live, i, 24 ; xxi, 45. En général, le serment seul est mentionné, soit entre peuples, Jos., ix, 15 ; soit entre individus. Gen., xxvi, 28 ; xxxi, 53 ; I Reg., xx, 16 ; IV Reg., xi, 4. L’alliance était sollicitée par un envoi de présents. III Reg., xv, 18 ; Is., xxx, 6 ; I Mach., xv, 18. Cf. Iliade, xix, 243-246. Un festin accompagnait l’accord des parties. Gen., xxvi, 30 ; Exod., xxiv, 11 ; II Reg., iii, 12, 20. On choisissait quelquefois un signe permanent de l’alliance convenue, ainsi qu’on le verra plus loin. Gen., xxxi, 45. Cf. Pausanias, III, xx, 9. Un traité durable était appelé s pacte de sel », Num., xviii, 19 ; II Par., xra, 5 ; cf. Lev., ii, 13 ; parce que le sel empêche la corruption, et peut-être aussi parce que, comme chez les Arabes, celui qui avait mangé du sel avec une autre personne était lié à elle à jamais par les droits sacrés de l’hospitalité. K. Niebuhr, Beschreibung von Arabien, Copenhague, 1772, p. 48. Dès une haute antiquité, on faisait déjà les traités d’alliance par écrit. C’est ainsi que, vers l'époque de Moïse, le traité conclu entre le pharaon Ramsès II et le roi des Khétas ou Héthéens, et qui est parvenu jusqu'à nous, fut gravé sur une tablette d’argent. Voir F.- Vigouroux, Les Héthéens de la Bible, dans les Mélanges bibliques, 2e édit., p. 374-379. Chez les Juifs, nous ne trouvons de traité écrit que du temps des Machabées. I Mach., viii, 23-32 ; xv, 16-21.

II. Histoire des alliances du peuple de Dieu. — 1° Du temps des patriarches. — Abraham fit alliance en Palestine avec des chefs chananéens. Gen., xiv, 13. Ses alliés s’unirent à lui pour poursuivre les troupes de Chodorlahomor, qui avaient pillé Sodome et emmené captif Lot, neveu d’Abraham. Gen., {rom|xiv}}, 13-16, 24. Le saint patriarche fit également un traité avec Abimélech, roi de Gérare, sur l’initiative de ce prince. Gen., xxi, 22-32. Ce traité fut renouvelé entre Isaac et le successeur d’Abimélech. Gen., xxvi, 26-31. Dans ces deux traités, les parties contractantes s’engagent simplement à ne pas se nuire l’une à l’autre à perpétuité. Gen., xxi, 23 ; xxvi, 29.

Depuis la sortie d’Egypte jusqu'à l'établissement de la royauté. — Avant Moïse, rien n’empêchait les Hébreux défaire alliance, à leur gré, avec leurs voisins et avec les autres peuples en général. La loi défendit de contracter aucune alliance soit politique, soit même matrimoniale, avec les tribus chananéennes, à cause du danger de séduction religieuse, Exod., xxiii, 32 ; xxxiv, 15-16 ; Deut., vii, 2-4 ; danger très réel, comme le prouve l’exemple de Salomon, III Reg., xi, 1-8, et d’Achab, III Reg., xvi, 31 ; mais elle n’interdit point de s’allier avec les autres nations, qui ne pouvaient pas faire courir le même péril aux Hébreux, parce qu’elles n'étaient pas mêlées avec eux comme les Chananéens habitant la Palestine. — Depuis Moïse jusqu'à l'établissement de la royauté, nous ne trouvons expressément mentionnée qu’une seule alliance, celle de Josué avec les Gabaonites. Elle était contraire à la loi qui vient d'être rapportée, mais elle avait été obtenue par fraude de la part des Gabaonites. Jos., ix, 3-27. Pendant la période des Juges, l’absence d’un pouvoir central et le morcellement des tribus empêchèrent la conclusion d’alliances avec les peuples voisins. Nous voyons seulement que Jephté essaya, mais sans succès, de faire un traité avec les Ammonites. Jud., xi, 12-28. Diverses allusions du livre des Juges, 1, 16 ; iv, 11, 17-22 ; v, 24, et du premier livre des Rois, xv, 6 ; xxx, 29, semblent indiquer qu’il existait une alliance au moins tacite entre les Hébreux et les Cinéens. Elle devait remonter jusqu'à Moïse, qui était le gendre d’un Cinéen, Jéthro. Jud., i, 16.

Sous les rois. — Quand la royauté eut été établie en Israël, les rois firent souvent alliance avec leurs voisins pour des raisons politiques et commerciales. David donna le premier l’exemple. Pendant que la persécution de Saül l’obligeait à mener une vie errante, sa situation précaire et la nécessité d’avoir des appuis lui firent rechercher l’amitié de divers princes, comme celle d’Achis, roi philistin de Geth, I Reg., xxvii, 2-12 ; xxviii, 1-2 ; du roi de Moab, I Reg., xxii, 3-4. Il épousa Maacha, fille du roi de Gessur, II Reg., iii, 3 ; il entretint les meilleures relations avec Naas, roi des Ammonites. II Reg., x, 2. Quand il fut devenu célèbre par ses victoires, le roi d'Émath, Thoù, lui envoya Joram, son fils, pour l’en féliciter. II Reg., viii, 9-10. Mais la plus célèbre de ses alliances est celle qu’il contracta avec Hiram, roi de Tyr, III Reg., v, 1, qui lui envoya des ouvriers pour construire son palais. II Reg., v, 11.

Salomon, comprenant tout le parti qu’il pouvait tirer de l’alliance avec les Phéniciens, marcha sur les traces de son père : il fit un traité formel avec Hiram, III Reg., v, 12, et il en profita pour tirer du Liban une partie des matériaux nécessaires à la construction du temple et pour obtenir de lui les maçons de Gebal et les autres ouvriers dont il avait besoin. III Reg., v, 6-11, 14, 18. Plus tard, il s’associa même au roi de Tyr pour le voyage fructueux du pays d’Ophir. III Reg., ix, 26-28 ; x, 11, 22. Cette union entre les Israélites et les Phéniciens laissa un profond souvenir dans la mémoire des Juifs ; car, plus de deux cent cinquante ans plus tard, Amos, le prophète-berger de Thécué, annonçait à Tyr que Dieu la châtierait parce qu’elle « avait oublié l’alliance fraternelle » qui