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ALLEMANDES (VERSIONS) DE LA BIBLE

duction métrique de la Genèse et d’une partie de l’Exode, qui est de l’époque de Williram ou un peu plus tard.

Le xiie et le xiiie siècles virent paraître plusieurs traductions des Psaumes, qui ont été publiées par E. G. Graff, Deutsche Interlinear-Versionen der Psalmen, in-8° Quedlinbourg, 1839. Les auteurs en sont inconnus. Au xiiie siècle appartient la Chronique du minnesänger Rodolphe ou Rudolf de Hohenems, sorte de version poétique de l’histoire de l’Ancien Testament, qui fut très populaire. Elle a été publiée, mais d’après un mauvais texte, par G. Schütze, Die historischen Bücher des alten Testaments, 2 in-8° Hambourg, 1779-1781. Des fragments ont été aussi publiés par A. F. Chr. Vilmar, Die zwei Recensionen und die Handschriftenfamilien der Weltchronik Rudolfs von Ems mit Auszügen aus dem noch ungedruckten Theilen beider Bearbeitungen, in-4o, Marbourg, 1839. Voir Hoefer, Nouvelle biographie générale, t. xlii, col. 860.

Vers la même époque lurent aussi écrites d’autres histoires saintes, dans le même genre que celle de Rodolphe de Hohenems. Il y en a une, entre autres, dont il existe encore de nombreux manuscrits, en divers dialectes, et qui est composée en partie d’extraits des versions poétiques antérieures, en partie de passages traduits de la Vulgate. Voir J. F. Massmann, Die Kaiserchronik, 3 in-8o, Quedlinbourg, 1849, t. iii, p. 54 ; H. Hoffmann, Die altdeutschen Handschriften zu Wien, in-8o, Leipzig, 1841.

Les traductions proprement dites de diverses parties de la Vulgate commencent alors à se multiplier. Il en subsiste encore des manuscrits, mais les auteurs en sont pour la plupart inconnus. Une version entière de la Sainte Écriture se prépara ainsi peu à peu, sans qu’on puisse déterminer l’époque précise où la Bible allemande fut complétée. Ce qui est certain, c’est qu’on avait en Allemagne une version intégrale de l’Ancien et du Nouveau Testament en langue vulgaire au XVe siècle, avant l’invention de l’imprimerie.

Dès que cet art eut été découvert, il servit à reproduire la parole de Dieu en allemand. Cinq éditions in-folio, non datées, parurent avant 1477. La première, imprimée à Mayence, par J. Fust et P. Schoiffer, en 1462 ( ?) ; la seconde, à Strasbourg, par H. Eggesteyn, vers 1466 ; la troisième, dans la même ville et vers la même date, par J. Mentel ; la quatrième, à Nuremberg ou à Bâle, par Frisner et Sensenschmid, vers 1470 (voir Stockmeyer et Reber, Beiträge zur Baseler Buchdruckergeschichte, in-8°, Bâle, 1840, p. vii) ; la cinquième, à Augsbourg, par Jod. Pflanzmann, vers 1475. De 1477 à 1522, on compte neuf éditions nouvelles, sept à Augsbourg, une à Nuremberg et une à Strasbourg.

On connaît de la même époque quatre éditions complètes, format in-folio, de la Bible en bas allemand : la première à Cologne, par H. Quentell, vers 1480 (voir J. H. J. Niesert, Nachricht über die erste zu Köln gedruckte niederdeutsche Bïbel, in-8o, Cœsfeld, 1825) ; la seconde, dans la même ville, par le même éditeur ; la troisième, à Lübeck, par Steffen Arndes, en 1494, et la quatrième, à Halberstadt, en 1522. Dans les deux premières éditions, le Cantique des cantiques n’est pas traduit, afin qu’il ne soit pas lu par les jeunes gens ; il est reproduit en latin. Voir J. M. Goze, Versuch einer Historie der gedruckten niedersächsischen Bibeln von 1470-1621, in-4°, Halle, 1775. Toutes ces traductions sont les mêmes pour le fond, elles n’offrent que des différences dialectales et des variantes plus ou moins nombreuses, provenant du désir de se rapprocher davantage de la Vulgate, sur lesquelles elles sont faites. En dehors des éditions de la Bible complète, on publia aussi de bonne heure séparément le Psautier, des Lectionnaires, etc.

Voir J. R. Reiske, De versionibus germanicis ante Lutherum, 1697 ; D. G. Schoeber, Ausführliche Bericht von alten deutschen geschriebenen Bibeln, in-8o, Géra, 1763 ; G. W. Panzer, Literarische Nachrichten von der alterältesten gedruckten deutschen Bibeln, in-4o, Nuremberg, 1777 ; Id., Beschreibung der ältesten Augsburg-Ausgaben der Bibel, in-4°, Nuremberg, 1780 ; Rosenmüller, Historia interpretationis librorum sacrorum, 5 in-8° , Leipzig, 1795-1814, t. v, p. 174-184 ; Jos. Kekrein, Zur Geschichte der deutschen Bibelübersetzung vor Luther, in-8°, Stuttgart, 1851 ; W. L. Krafft, Ueber die deutsche Bibel vor Luther, in-4°, Bonn, 1883 ; Der Codex Teplensis enthaltend die Schrift des newen Gezeuges, 3 parties en 1 in-4o, Augsbourg et Munich, 1884 ; L. Relier, Die Waldenser und die deutsche Bibelübersetzungen, in-8°, Leipzig, 1886 ; H. Haupt, Die deutsche Bibelübersetzung der mittelalterlichen Waldenser in dem Codex Teplensis, in-8o, Wurzbourg, 1885 ; Id., Der waldensische Ursprung des Codex Teplensis und der vorlutherischen deutschen Bibeldrucke, in-8o, Wurzbourg, 1886 ; Frz. Jostes, Die Waldenser und die vorlutherische Bibelûbersetzung, eine Kritik der neuesten Hypothese, in-8°, Munster, 1885 ; Id., Die Tepler Bibelübersetzung ; eine zweite Kritik, in-8o, Munster, 1887 ; W. Walther, Die deutsche Bibelübersetzung des Mittelalters, in-4°, Brunswick, 1889-1891.

II. Version de Luther. — La traduction de la Bible par Luther fut une de ses œuvres les plus importantes, un véritable événement dans l’histoire de l’Allemagne. Non seulement elle créa la littérature nationale de ce pays, et assura au haut-allemand la victoire sur tous les autres dialectes germaniques, mais elle fut un instrument puissant pour l’établissement du protestantisme. L’hérésiarque, mis au ban de l’empire (1521) et retiré à la Wartbourg, après avoir établi que l’Écriture devait être l’unique source de la croyance protestante, voulut appliquer ses principes et placer aux mains de tous le livre sacré, traduit sur les textes originaux, afin que le dernier des Allemands pût y lire ce qu’il devait croire. Il fut aidé dans son œuvre par Mélanchton, Bugenhagen, Jonas, Aurogallus, Kreuziger et par quelques Juifs. Il se servit des traductions en langue vulgaire alors répandues en Allemagne, et qu’il devait faire promptement oublier. Il avait étudié l’hébreu, autant qu’on le pouvait alors, à l’aide des livres élémentaires fort imparfaits qui existaient de son temps. Dans tout le cours de son travail, il eut sans cesse sous les yeux la traduction latine de l’hébreu par Santé Pagnino, les Septante pour l’Ancien Testament, l’édition grecque d’Érasme pour le Nouveau Testament, la Vulgate, quelques Pères latins, la Glossa ordinaria, les commentaires de Nicolas de Lyre, etc. Mais son travail personnel fut considérable ; il y mit une application et une patience que rien ne put lasser. Il raconte lui-même que, pour traduire Job, il passait quelquefois quatre jours entiers avec Mélanchton et Aurogallus à rendre en allemand deux ou trois versets de ce livre difficile. Le manuscrit de Job, des Psaumes et des livres de Salomon, rédigé de sa propre main et conservé à la bibliothèque royale de Berlin, est surchargé de ratures qui montrent avec quel soin il recherchait le mot propre. C’est ce que prouvent aussi les changements considérables qu’il fit dans les diverses éditions qui furent publiées de son Vivant. Voir J. M. Gôze, Sorgfältige und genaue Vergleichung der Original-Ausgaben der Uebersetzung der heiligen Schrift von Luther, von 1517 bis 1545, 2 in-4°, Hambourg et Leipzig, 1777-1778 ; Id., Neue fur die Kritik und Historié der Bibelübersetzung Lutheri wichtige Entdeckungen, in- 4°, Hombourg, 1778 ; Id., Neue und fur die Historié der Uebersetzung Lutheri und die Kritik derseïben wichtige Entdeckungen, in-4°, Hambourg, 1782.

Luther employa douze années entières à sa traduction. Il la commença par le Nouveau Testament, parce que c’était la partie de l’Écriture la plus importante et la moins difficile ; il le traduisit tout entier à la Wartbourg, et le fit paraître in-folio, à Wittemberg, avec des gravures sur bois, en septembre 1522, sans indication d’imprimeur ni de date ; le nom de Luther lui-même n’y figure pas. L’Ancien Testament fut publié par parties, de 1523