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    1. ALLEMANDES##

ALLEMANDES (VERSIONS) DE LA BIBLE

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thique, tel que l’a appliqué Strauss, et même de Wette, est maintenant abandonné au moins en grande partie ; mais de toutes les théories qui ont surgi tour à tour en Allemagne, les négations les plus importantes ont toujours été et sont encore acceptées comme une sorte de dogme par les exégètes rationalistes : 1° les Écritures sont un livre humain comme tous les autres écrits sortis de la main des hommes ; 2° il ne s’est jamais produit de miracles ni de prophéties, queHe que soit la manière dont on explique ce qui se présente à nous comme miraculeux ou prophétique ; 3° un grand nombre d'écrits de l’Ancien et du Nouveau Testament, en particulier le Pentateuque, une partie des prophètes et les Évangiles, ne sont pas authentiques, c’est-à-dire n’appartiennent ni aux auteurs ni aux époques auxquels la tradition les rapporte ; par conséquent, ce qu’on lit dans ces écrits est souvent légendaire ou mythique et sans valeur historique ; 4° les questions relatives à l’origine et à là valeur des livres de l’Ancien et du Nouveau Testament doivent être tranchées à l’aide de la critique interne, telle qu’elle a été exposée plus haut.

L’application de ces principes à l’exégèse scripturaire est faite de la manière la plus diverse et la plus contradictoire. Chaque critique a ses opinions personnelles, qui varient fréquemment elles-mêmes. Ferdinand Christian Baur (1792-1860) et l'école de Tubingue, dont il fut le chef, a expliqué l’origine des écrits du Nouveau Testament et du Christianisme lui-même, comme étant le résultat du conflit entre les disciples judaïsants du Christ, représentés par saint Pierre, et les disciples hellénisants, aux vues plus larges, représentés par saint Paul. Baur et ses disciples ont si aveuglément contredit les faits les plus avérés de l’histoire, qu’ils sont tombés enfin dans le discrédit. Aujourd’hui, la critique allemande s’occupe beaucoup moins du Nouveau Testament et est revenue à l’Ancien. M. Jules Wellhausen, professeur de langues orientales à l’université de Marbourg, enseigne que le Pentateuque, dans sa forme actuelle, n’est pas antérieur à l'époque d’Esdras, et c’est son système qui a toutes les faveurs de la mode, en attendant l’apparition d’un nouveau système qui le supplantera à son tour.

On ne saurait rien imaginer de plus personnel, de plus arbitraire et de plus affirmatif que l’exégèse rationaliste allemande, quoiqu’elle ne soit qu’un tissu de contradictions. Chaque critique présente comme des dogmes indiscutables ou comme des faits avérés des hypothèses qui n’ont d’autre fondement que des impressions subjectives. Depuis le commencement du siècle, les progrès de l’archéologie ont démontré la fausseté de nombreuses objections des incrédules. De nouveaux progrès deviendront pour eux l’occasion de nouvelles défaites. Du reste, la vérité elle-même gagnera à toutes ces attaques : elle finira par se manifester plus brillante et plus claire. Le défaut du génie allemand, c’est de se complaire trop facilement dans les abstractions, et de se laisser aller avec trop peu de réserve aux rêves de son imagination, sans tenir compte des faits, mais il a le don de la recherche patiente et minutieuse ; il étudie nos Livres Saints sous tous leurs aspects et dans tous leurs détails, et par leurs travaux, non seulement les exégètes chrétiens d’au delà du Rhin, mais même les exégètes incrédules contribuent à l’explication et à l’interprétation de nos Saintes Écritures. Voir F. Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 3e édit., t. ii, p. 365-655.

2. ALLEMANDES (VER8IONS) DE LA BIBLE. —

I. Premières versions. — Les plus anciens essais de traduction de la Bible en langue allemande remontent probablement au vm « siècle. On attribue du moins à cette époque des fragments d’une traduction de l'Évangile de saint Matthieu, qui ont été publiés par St. L. Endlicher et H. Hoffmann, Fragmenta theostica versionis antiquis « inue Evangelii sancti MaUhœi, in-i #, Vienne, 1831 ;

2e édit., publiée par J.-F. Massmann, in-8°, 184t. Elle n’est pas très littérale, et la langue laisse beaucoup à désirer. Au IX » siècle, on traduisit du latin la Concorde des Évangiles d’Ammonius d’Alexandrie. Cette concorde allemande a été éditée par J. A. Schmeller, Ammonii Alexandrini quæ et Tatiani dicitur Harmonia Evangeliorum in linguam latinam et inde ante annos mille in franciam translata, in-8°, Vienne, 1841. On a de la même époque une traduction des Psaumes en bas-allemand, qui a été imprimée par les soins de F. H. von der Hagen, in-4°, Breslau, 1816. L’histoire de l’Ancien et du Nouveau Testament était alors connue principalement par les Bibles historiales, c’est-à-dire par les récits des laits bibliques (voir Ed. Reuss, Die deutsche Historienbibel vor der Erfindung des Bùcherdrucks, in-8°, Iéna, 1855 ; Die deutschen Historienbibeln des Mittelalters nach vierzig Handschriften herausgegeben, von Th. Merzdorf, 1870), et par des poèmes sacrés, tels que le Heliand (le Sauveur), œuvre d’un auteur inconnu, vraisemblablement un Saxon du pays de Munster, et le Krist d’Otfried, moine de Weissenbourg (vers 870). Heliand est un beau poème, dont l’Allemagne est justement fière. (Voir Al. Michelsen, dans Herzog, Real-Encyklopâdie, 2e édit., t. iv, p. 429-431.) Il est du milieu du ix" siècle. On en a publié un grand nombre d'éditions ; les meilleures sont celles de J. A. Schmeller, Heliand, poema saxonicum seculi noni, in-4°, Stuttgart, 1830, avec un Glossarium saxonicume poemate Heliand inscripto, in-4, Munich, 1840, et de J. R. Kône, avec une traduction littérale en allemand moderne, Heliand oder das Lied von Leben Jesu, in-8°, Munster, 1855. Voir G. O. E. Windisch, Der Heliand und seine Quellen, in-8°, Leipzig, 1868 ; Ed. Ensfelder, Études sur le Heliand, in-8°, Strasbourg, 1853 ; Herm. Middendorf, Ueber die Zeit der Abfassung des Heliand, in-8°, Munster, 1862 (adopte la date de 820) ; C. W. M. Grein, Die Quellen des Heliand, in-8°, Cassel, 1869. Le Krist (dont les meilleures éditions ont été données par E. G. Graff, Otfrid’s Krist, das atteste, irn 9. Jahrhunderte verfasste hochdeutsche Gedicht, in-4°, Kœnigsberg, 1831 ; par J. Kelle, Otfrids von Weissenburg Evangélienbuch, 2 in-8°, Ratisbonne, 1856 ; par O. Erdmann et P. Piper, Otfrid’s Evangélienbuch, 2 in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1882-1884) est postérieur de quelques années au poème précédent, mais lui est inférieur en mérite. Il raconte également la vie de Notre-Seigneur, d’après les quatre Évangiles. Voir Al. Michelsen, dans Herzog, Real-Encyklopâdie, 2e édit., t. iv, p. 431-434 ; G. V. Lechler, Otfried’s althochdeutsches Evangélienbuch, dans les Theologische Studien undKritiken, 1849, Heꝟ. 1 et 2, p. 54-90 ; 303-332 ; Edm. Behringer, Krist und Heliand, in-4°, Berlin, 1870 ; Lachmann, Otfried, dans Ersch et Gruber, Allgemeine Encyklopâdie, sect. iii, t. vii, p. 278-282.

Un moine de SaintGall, Notker Labeo († 1022), traduisit au commencement du XIe siècle Job et les Psaumes. La version de Job est perdue ; celle des Psaumes a été publiée par R. Heinzel et B. Scherer, d’après un manuscrit de Vienne, Notkers Psalmen, in-8°, Strasbourg, 1876. Chaque verset est accompagné d’une courte explication, tirée ordinairement de saint Augustin. Voir H. Hattemer, St. Gallens altteutsche Sprachschâtze, dans ses Denkmahle des Mittelalters, 3 in-8°, Saint-Gall, 1844-1849, t. h. Dans le même siècle parut une traduction avec paraphrase du Cantique des cantiques, faite par Williram, abbé d'Ébersberg, en Bavière (+ 1085). Elle a été plusieurs fois imprimée, parSchilter, dans son Thésaurus antiquitatum teutonicarum eccles. et litterar., 3 in-f°, Ulm, 1728, et séparément par Merula, à Leyde, en 1598 ; par Freher, à Worms, en 1631 ; par Hoffmann, à Breslau, en 1827. Cf. J. Seemûller, Die Handschriften und Quellen von Willirams deutscher Paraphrase des Hohenliedes untersueht, in-8°, Strasbourg, 1877. A. H. Hoffman de Fallersleben a aussi publié en 1837, dans le t. n de ses Fundgruben fur Geschichte deutscher Sprache, une tra-'