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    1. ALEXANDRIE##

ALEXANDRIE (ÉCOLE EXÉGÉTIQUE D') — ALEXANDRIN

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4865, p. 125, 428, 429 ; Grossmann, Quœstùmes philojiianæ, part. i, De théologies fontibus et aucloritate, 18*29 ; H. Planck, Commentatio deprincipiis et cousis interpretationis Philonianse alCegorise, Gottingue, 1806 ; Bûcher, Philonische Studien, 1848 ; Creuzer, Kritik der Schriften des Juden Philon, dans les Theologische Studien imd Kritiken, janvier 1832 ; Kirchbaum, Derjûdische Alexandrinismus, Leipzig, 1841 ; M. Wolf, Die Philonische Philosophie, Leipzig, 1849 ; 2e édit., Gothenburg, 1858 ; F. Delaunay, Philon d’Alexandrie, in-8°, Paris, 1867. Voir aussi Lipsius, Alexandrinische Religionsphïlosoj>hie, dans Schenkel, Bibellexicon, t. i, p. 85-99 ; Gfrorer, Philo und die aleocandrinische Theosophie, 2 in-8°, Stuttgart, 1831-1835 ; Dâhne, Geschichtliche Darstellung der jùdisch-alexandrinischen Religionsphilosophie, 1831, t. ii, p. 15-16, 27 et suiv., 33 et suiv. ; Id., dans les Theologische Studien und Kritiken, 1833, p. 984 ; Ad. Franck, La Kabale, 3' part., ch. iii, 2e édit., 1889, p. 220-254 ; Hausrath, Neutestamentliche Zeitgeschichle, "t. ii, p. 126-148 ; abbé Biet, Essai historique et critique sur l'école juive d’Alexandrie, in-8°, Paris, 1854. Voir Philon.

II. École chrétienne d’Alexandrie. — Quand le Christianisme fut introduit à Alexandrie, il se recruta naturellement tout d’abord parmi les Juifs hellénistes. Ceux-ci étaient tout imbus des opinions courantes dans cette ville, telles que les avait exposées Philon. Ils les communiquèrent donc aux païens qui embrassèrent la religion nouvelle, de sorte que, par leur intermédiaire, les idées sur l’origine des doctrines.de la philosophie grecque et un goût, parfois exagéré, pour la méthode allégorique devinrent communs parmi les premiers chrétiens d’Alexandrie. Sous ce rapport ils se distinguèrent des chrétiens des autres pays, qui, instruits par le Nouveau Testament, et en particulier par les épitres de saint Paul, I Cor., x, 4 ; Gal., iii, 16 ; iv, 21-31, reconnaissaient qu’il existe dans les Écritures un sens allégorique, mais ne lui sacrifiaient jamais le sens littéral.

Ce qui fit l’importance capitale de la méthode allégorique à Alexandrie, c’est qu’elle fut enseignée à l'école catéchétique de cette ville par les grands docteurs qui en firent la gloire. Cette école, appelée Didascalée (Eusèbe^ H. E., v, 10, t. xx, col. 453), est l’institution la plus caractéristique de l'Église d’Egypte. Elle a été le berceau de l’enseignement scientifique de la théologie, le germe des facultés et des universités qui ont fleuri plus tard dans le monde catholique. Fondée par saint Pantène, elle jeta sous Clément, son successeur, et surtout sous Origène, un éclat incomparable. Elle se donna pour mission de montrer aux -esprits cultivés, si nombreux dans la capitale égyptienne, la supériorité du Christianisme, non seulement sur les religions, mais aussi sur les philosophies païennes. Les docteurs qui la dirigeaient étaient des maîtres éminents, -qui mettaient au service de la religion toutes les ressources de la science humaine, afin de faire briller dans toute sa pureté l’enseignement chrétien ; mais iis joignaient la subtilité grecque au goût de l’allégorie qui dominait dans tout l’Orient. et, comme les Juifs dont ils avaient recueilli en partie l’héritage, ils admettaient que les philosophes grecs s'étaient revêtus des dépouilles des Hébreux, et ils expliquaient d’une manière allégorique la plupart des passages des Saintes Écritures, en particulier ceux dont l’interprétation littérale leur paraissait difficile à faire accepter.

Origène, le plus illustre représentant de l'école d’Alexandrie, fut aussi celui qui poussa le plus loin l’application et, il faut bien le dire, les excès de l’interprétation allégorique. Le disciple de Clément en vint, comme Philon, à rejeter le sens littéral d’un certain nombre de passages des Livres Saints. Cest ainsi qu’il prétendit que le paradis terrestre n’avait jamais existé comme tel, et que l'Éden n'était qu’une pure image du ciel. Origène, Selecta in Genetim, ii, 8-9, t. iii, col. 100 ; Contra Celsum, iv, 39,

t. xi, col. 1089 ; cf. Philon, De mundi opificio, p. 37-38. Voir Origène.

C’est par des exagérations et des excès de ce genre que l'école d’Alexandrie, et en particulier Origène, nuisirent à la cause qu’ils prétendaient défendre. L’explication allégorique, maintenue dans de justes limites, est restée toujours avec raison en honneur dans l'Église ; mais les Pères et les Docteurs condamnèrent les applications outrées de l’allégorisme. Voir F. Vigouroux, Mélanges biblique/, 2e édit., p. 32. Que si nous avons aujourd’hui quelque peine à comprendre comment tant d’interprétations, qui nous semblent fausses ou au moins sans fondement, dans les écrits de Philon, d’Origène et de quelques autres, ont pu être accueillies autrefois avec faveur, c’est parce que nous oublions que le principe même de ces interprétations était alors universellement accepté, non seulement par les Juifs et les chrétiens, mais aussi par les païens. Déjà, du temps de Socrate et de Platon, les sages de la Grèce expliquaient d’une manière allégorique la mythologie de Y Iliade et de V Odyssée, et la Théogonie d’Hésiode, afin d’en effacer le caractère scandaleux. Les stoïciens d’abord, puis les néoplatoniciens et les gnos tiques virent également partout des mythes et des allégories. Tout le monde était donc d’accord pour accepter le principe de l’allégorisme et ne se montrait guère difficile dans l’application.

L'école chrétienne d’Antioche réagit néanmoins contre les excès de l’allégorisme alexandrin. Voir AntiOCHE (école exégétique d'). Mais elle ne fit pas oublier les grands docteurs du Didascalée, qui avaient jeté sur la science chrétienne un éclat à jamais ineffaçable. Les illustres Pères cappadociens, saint Basile, saint Grégoire de Nysse son frère, et son ami saint Grégoire de Nazianze se formèrent à l'école d’Origène, et la plupart des Pères de l'Église latine, tout en rejetant ce qu’il y avait de répréhensible dans ses écrits, furent également ses disciples.

L'école chrétienne d’Alexandrie avait d’ailleurs rendu, malgré l’exagération de son allégorisme, les plus grands services à l’exégèse biblique. Elle l’avait mise en grand honneur et avait ouvert des voies nouvelles aux docteurs chrétiens. Origène, en particulier, avait montré comment il fallait étudier l'Écriture Sainte, en la considérant sous tous ses aspects, et en mettant à profit pour l’expliquer toutes les ressources de la science humaine. Non content d’exposer le texte sacré à tous les fidèles dans ses homélies, il en avait résolu les difficultés et éclairci les obscurités pour les hommes instruits dans ses scholies ou notes, et il avait créé la Critique sacrée par ce merveilleux monument des Hexaples, qui faisait ressortir tout à la fois l’importance du texte original et de l'étude comparée des différentes versions pour l’intelligence de la parole sainte. Voir Hexaples. Le fruit des travaux de ce grand génie ne fut pas perdu : ils ont assuré à l'école dont il avait été le maître le plus brillant une gloire impérissable.

Voir Michælis, De schola Alexandrina, Halle, 1739 ; H. E. F. Guericke, De schola quse Alexandrie floruit catechetica, Halle, 1824 ; C. F. W. Hasselbach, De schola quse floruit Alexandrie catechetica, Stettin, 1826 ; Matter, Essai historique sur l'école d’Alexandrie, t. i, p. 273 ; Redepenning, Origenes, eine Darstellung seiner Lebens und seiner Lehre, Bonn, 1841 ; J. A. Moehler, Patrologie, traduct. J. Cohen, Paris, 1843, t. ii, p. 9-175 ; J.- M. Prat, Histoire de l'éclectisme alexandrin considéré dans sa lutte avec le Christianisme, 2 in-8°, Lyon, 1843, 1. 1, p. 131 -150 ; Ch. Kingsley, Alexandria and her Schools, in-8°, Londres, 1854. F. Vigocrodx.

3. Alexandrie de TROADE. Ville de l’ancienne Troade. Voir Troade.

    1. ALEXANDRIN##

ALEXANDRIN, 'A$T*&p14< ; . — i » Originaire d’Alexandrie d’Egypte, Act., xmi, 24.* Voir Apollo. —