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ALEXANDRIE


heure les plus funestes atteintes, an point de vue de la prospérité matérielle elle résista longtemps à toutes les épreuves.

Le courant intellectuel que les premiers rois macédoniens y avaient créé subsista lui aussi, à peu près constant, autour de ces immenses bibliothèques, trésor incomparable, que la fureur aveugle des uns et le fanatisme des autres devaient plus tard détruire, à l'éternel regret des travailleurs de l’avenir. Dans les vastes dépendances dn Muséum, des savants enseignaient, prenaient leurs repas, vivaient en commun, rappelant ainsi le genre de vie du collège sacerdotal d’Héliopolis, que Ptolémée Soter avait

eurent leur grand prêtre et leurs sacrifices, produisirent même des écrivains très novateurs. On n’est pas peu étonné d’apprendre que les plus cultivés d’entre eux, rêvant de gloire littéraire, et tout imbus des auteurs païens, se mirent à raconter, à la façon des classiques grecs, l’histoire des patriarches, de Moïse et des rois d’Israël. Voir Alexandrie 2. Un de nos livres canoniques, celui de la Sagesse, paraît avoir été écrit à Alexandrie, vers le milieu du IIe siècle avant J.-C. La Bible, traduite en grec sous les premiers Ptolémées, vers l’an 280 avant J.-C., quant au Penlateuque, et dans le demi-siècle qui suivit, quant aux autres livres (voir Septante), influa à son tour sur

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95. — Tue d’Alexandrie actuelle. D’après une photographie.

tenté de reconstituer à Alexandrie. Un prêtre, désigné d’abord par les rois d’Egypte, et puis par les empereurs romains, était recteur de cette université, où sembla renaître, mais à un degré inférieur, la vie littéraire qui s'éteignait en Grèce. L'école d’Alexandrie eut plus de grammairiens, de rhéteurs et d’archéologues que de poètes ; plus de mathématiciens, de médecins, d’astronomes et de géographes que de philosophes. Les vraies intuitions du génie y demeurèrent rares, mais les efforts de l’esprit y furent sérieux. On a eu raison de dire que l'éclectisme et la critique furent le champ préféré de ses triomphes. Au moment où les vieilles religions tombaient en décadence, elle chercha à découvrir dans les mythes anciens des idées philosophiques très modernes, et, à ce travail, elle fit souvent preuve de beaucoup d’esprit.

En contact avec ces idéologues qui remplissaient du bruit de leurs nouveautés l'école et l’agora, le judaïsme, de plus en plus prospère, subit lui-même jusqu'à un certain point leur influence. Sans cesser de vénérer à Jérusalem le centre réel de la religion théocratique, les Juifs d’Egypte avaient bâti un temple à Léontopolis. Ils

les conceptions de la philosophie grecque ; et de ces influences réciproques sortit une préparation générale des esprits, qui devait, non pas faire éclore ou compléter l'Évangile, mais inspirer ses plus célèbres apologistes et ses premiers défenseurs. C’est par ce côté qu’Alexandrie se rattache à l’histoire biblique, beaucoup plus que par les très rares passages des Livres Saints où cette ville est mentionnée.

Les Juifs d’Alexandrie sont cités parmi les adversaires d’Etienne à Jérusalem, Act., vi, 9, et nous savons qu’un des plus éloquents prédicateurs de l'Évangile, Apollon, âme ardente et esprit puissant dans la science des Écritures, était originaire d’Alexandrie. Act., xviii, 24, 25. Ces simples indications portent à croire qu’un centre si important parmi ceux où vivaient les Juifs de la dispersion et si heureusement préparé par la philosophie platonicienne à recevoir l'Évangile, fut abordé dès la première heure par les ouvriers apostoliques. D’après Eusèbe, H. E., ii, 16, t. xx, col. 173, c’est saint Marc qui, étant allé annoncer la bonne nouvelle à Alexandrie, y établit une Église chrétienne ; mais il est très probable que les Alexandrins et