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ALEXANDER — ALEXANDRE LE GRAND

très estimé. Ses autres ouvrages ont moins de mérite et jouissent d’une moindre réputation. Sa Biography a été composée par son neveu, H. G. Alexander, 2 in-8°, New York, 1870.

3. ALEXANDER William Lindsay, ministre indépendant, Écossais, né à Leith, près d’Édimbourg, le 24 août 1808, mort le 20 décembre 1883. Il étudia à Édimbourg et en Allemagne. En 1835, il devint pasteur de North Collège Church, à Édimbourg. En 1854, il fut nommé professeur de théologie au Scottish Theological Hall, et en 1861, examinateur de philosophie à Saint Andrew’s University. Il a composé un grand nombre d'écrits théologiques et bibliques, publiés séparément ou parus dans des revues, comme Saint Paul at Athens. Il fut membre du comité chargé de la révision de la version autorisée anglaise pour l’Ancien Testament. On lui doit aussi la nouvelle édition de la Cyclopædia of Biblical Literature, originally edited by John Kitto, third édition greatly enlarged and improved, edited by W. L. Alexander.

1. ALEXANDRE LE GRAND, roi de Macédoine, fils de Philippe II et d’Olympias, né à Pella en 356 avant notre ère, mort à Babylone en 323 (fig. 89). Il prétendait descendre d’Achille par sa mère.


89. — Tétradrachme d’Alexandre le Grand.
Tête Imberbe d’Alexandre, en Hercule, coiffé de la peau de lion, à droite. — R° AΛΕΞΑΔPOY. Jupiter, assis, à gauche, tenant un aigle de la main droite, la main gauche appuyée sur son sceptre. Dans le champ, une lyre, marque de l’atelier de Mytilène.

Son éducation fut faite par Aristote. En 338, à l'âge de dix-huit ans, il décida le gain de la bataille de Chéronée, en taillant en pièces le bataillon sacré des Thébains. Deux ans après, en 336, il succéda à son père sur le trône de Macédoine. Après avoir assuré sa domination en Grèce, et reçu à Corinthe le titre de généralissime des Grecs, il traversa l’Hellespont, en 334, pour soumettre l’Asie. La victoire du Granique eut pour conséquence la soumission de l’Asie occidentale (334) ; celle d’Issus mit l’Orient à ses pieds (333). Tyr et Gaza furent les seules villes des bords de la Méditerranée qui osèrent lui résister en Asie ; il s’en empara et les traita durement (332). L’Égypte, en haine des Perses, se soumit alors à lui, et il y fonda en 331 Alexandrie, qui devait plus tard recevoir ses cendres. La même année 331, il consomma la défaite de Darius, roi de Perse, entre Arbèles et Gaugamèle. Les deux années qui suivirent furent employées à consolider la conquête perse et à soumettre la Bactriane. En 327, il traversa l’Indus et atteignit jusqu'à l’Hydaspe. Ses soldats ayant refusé de le suivre plus loin, il retourna, en 324, à Babylone, dont il voulait faire la capitale de son empire. Tous ces grands exploits avaient été accomplis dans l’espace de douze ans ; « il avait parcouru la terre comme sans la toucher. » Dan., viii, 5. Il formait encore des plans gigantesques, lorsque la mort le frappa en 323. Ceux qui héritèrent de ses conquêtes n’héritèrent point de son génie, et ses projets demeurèrent inexécutés. Il avait néanmoins assez vécu pour opérer dans le monde nue des révolutions les plus importantes qui s’y soient jamais accomplies ; il avait importé dans l’Asie antérieure la civilisation hellénique.

Ses exploits avaient produit une impression profonde dans tout l’Orient, en Syrie (fig. 90) et en Palestine, et nous en trouvons la preuve dans le récit des guerres des Machabées. Alexandre est nommé dans deux passages du premier livre des Machabées, i, 1-9, et vi, 2, et sa vie y est esquissée à grands traits. Longtemps auparavant, Daniel avait décrit l’empire macédonien qu’il devait fonder. Le prophète, ii, 39, représente cet empire comme étant le ventre d’airain dans la statue symbolique. de Nabuchodonosor ; vii, 6, il nous le montre comme un léopard qui a quatre ailes ; viii, 5-7, il le fait apparaître comme un bouc n’ayant qu’une corne, emblème de sa force et de la rapidité de ses conquêtes ; enfin, XI, 3-4, il désigne personnellement Alexandre, quoique sans le nommer : « Il s'élèvera un roi fort, qui dominera avec une grande puissance, et qui fera tout ce qu’il lui plaira. Et quand il se sera arrêté, son empire sera brisé, et il sera divisé aux quatre vents du ciel et non à sa postérité, » etc. Tout ce qu’avait prophétisé Daniel sur le grand conquérant est parfaitement justifié par les faits.

Quant à ce qui est dit de lui au commencement du premier livre des Machabées, i, 19, et yi, 2, le texte sacré, d’après les critiques modernes, ne s’exprimerait pas avec une exactitude irréprochable. — 1° « Alexandre régna le premier en Grèce, » dit l’auteur de I Mach., i, 1 (texte grec) ; VI, 2 (texte grec et Vulgate) ; c’est, dit-on, à tort.


90. — Monnaie araméenne au nom d’Alexandre le Grand. Tête de la déesse Atergatls, tournée à droite. Derrière la déesse, en araméen : צתה טובת, 'aṭeh ṭôbaṭ, Ἀτταγάθη, Dea bona. — fy Lion dévorant un taureau, à gauche. En araméen : אלבםכדר (Alexandre).

Il est vrai qu’Alexandre n’eut pas le titre de roi de la Grèce, mais tout le monde est bien obligé de convenir qu’il en eut le pouvoir, ce qui justifie l’expression du texte sacré : « il régna, ἐϐασίλευσε. — 2° On reproche surtout à l'écrivain sacré d’avoir dit qu’Alexandre avant de mourir avait partagé son royaume entre ses généraux. I Mach., i, 6-7. Mais il est impossible de prouver que le récit de l’auteur des Machabées est inexact ; tous les historiens anciens se contredisent à ce sujet, et l’on ne peut, par conséquent, alléguer leur autorité contre celle de l'Écriture. Voir F. Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 3e édit., t. iv, p. 596-603. — Il ne peut y avoir d’ailleurs qu’une voix pour admirer la beauté du tableau des conquêtes d’Alexandre dans I Mach., i, 1-8. « Il livra de grandes batailles ; … il frappa les rois de la terre ; il atteignit jusqu’aux extrémités du monde, et la terre se tut en sa présence… Et après cela il se coucha dans son lit…, et il mourut. »

Josèphe raconte, Ant. jud., XI, viii, 3-6, un fait important, qui n’est consigné ni dans les historiens sacrés, ni dans les autres historiens profanes, mais qui est confirmé dans ses grands traits par les traditions rabbiniques et samaritaines. Voir Derenbourg, Histoire de la Palestine, t. i, p. 41, et suiv. ; cf. Yoma, l. 69. Pendant qu’Alexandre faisait le siège de Tyr, dit Josèphe, il somma les Juifs de reconnaître son pouvoir ; mais ils s’y refusèrent. Après la chute de Tyr et de Gaza, il marcha contre Jérusalem pour s’en emparer. Le grand prêtre Jaddus (Jeddoa, II Esdr., xji, 11, 22), revêtu de ses ornements pontificaux, alla à sa rencontre, et le conquérant l’accueillit avec respect, en disant à son entourage surpris qu' « il avait vu en songe