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ALCUIN — ALÉGRIN


la CLxm », t. C, col. 422, traite dès deux glaives, Luc, xxii, 36 ; la CLxrv*, col. 428, de l’hymne chanté après la Cène, et la ccni", col. 476, de comparatione numerorum Veteris et Novi Testamenti.

Pendant sa retraite à Tours, entre 800 et 802, Âlcain, sur l’ordre de Charlemagne, revisa la Bible latine : « Totius forsitan Evangelii expositionem direxissem vobis, écrit-il à Gisèle et à Richtrude dans la préface du tome vi de son commentaire sur saint Jean, t. C, col. 923, si me non occupasset domini régis præceptum in emendatione Veteris Novique Testamenti. » Sigebert de Gembloux, Chronicon, ad ann. 790, t. clx, col. 750 ; De Scriptoribus eeclesiasticis, ibid., col. 566, mentionne ce travail de correction. La nature de cette emendatio n’est pas déterminée avec certitude. Comme Âlcuin était un helléniste habile et avait quelque connaissance de l’hébreu, Baronius, Annales, ann. 778, et Hody, De Bïbliorum. textibus originalibus, p. 409, ont supposé qu’il remonta aux originaux. Mais Vallarsi, Opéra sancti Hieronymi, prsefatio, t. xxviii, p. 15-16, et Bianchini, Vindictes Scripturarum canonicarum, p. 318, ont prouvé que les textes de la veritas hebraica, cités par Alcuin, étaient empruntés par lui à la version de saint Jérôme. Ils en ont conclu que, pour corriger la Bible latine, » Alcuin s’est borné à collationner les manuscrits de la Vu] gâte, et à choisir parmi les leçons différentes celle qu’il jugeait la meilleure. Richard Simon, Histoire critique des versions du Nouveau Testament, Rotterdam, 1690, ch. ix, p. 101, les auteurs de Y Histoire littéraire de la France, t. iv, p. 19, et après eux Vercellone, Analecta juris pontifiai, 1858, p. 686, et M. Trochon, Essai sur l’histoire de la Bible dans la France chrétienne au moyen âge, Paris, 1878, p. 12-13, ne voient même dans la recension d’Alcuin qu’une revision orthographique et grammaticale de la Vulgate. Alcuin, il est vrai, a composé un traité De orthographia^ t. ci, col. 902-920, réintroduit l’emploi de la ponctuation, Epist. ci, t. c, col. 315, établi à Tours une école calligraphique dont les manuscrits sont reconnaissables par l’emploi de la demi-onciale Caroline (Léopold Delisle, Mémoire sur l’école calligraphique de Tours au ixe siècle, dans les Mémoires de l’Académie des inscriptions et belles - lettres, t. xxxii, i" partie, p. 29-56), et répandu l’usage du petit caractère romain, qui est plus beau et plus lisible que la pesante écriture des Mérovingiens. Il s’est donc certainement préoccupé des règles de l’orthographe et de la grammaire dans la copie des Livres Saints ; mais il est probable qu’il fit davantage pour la correction du texte sacré. Une étude complète des manuscrits alcuiniens de la Bible permettrait seule d’émettre des conclusions certaines sur les principes suivis et les textes consultés par Alcuin.

I ! est démontré que toutes les Bibles dites d’Alcuin n’ont pas été écrites par son ordre ou sous sa direction. Des copistes postérieurs ont reproduit les préfaces d’Alcuin ; son nom en tête d’une Bible n’est pas un indice certain d’un manuscrit alcuinien, voir Die Trierer Ada-Handschrift, Leipzig, 1889, p. 35-36. L’étude comparative des manuscrits des Évangiles, copiés par l’école de Tours, a fait constater qu’ils ne reproduisent ni le même texte ni toujours un bon texte. Ils se rangent en deux classes générales : ceux qui se rapprochent du Vallicellianus, manuscrit du IXe siècle, conservé à la bibliothèque Vallicellane de Rome, et contenant le meilleur texte, et ceux qui s’en éloignent. Le sentiment le plus répandu est que la première classe représente la recension d’Alcuin, corrompue ou peut-être même abandonnée par les copistes du IXe siècle, principalement à Tours. M. Corssen, Die Trierer Ada-Handschrift, p. 59-61, regarde Alcuin comme l’auteur des mauvaises copies, et il croit que le texte alcuinien a été corrigé plus tard sur des manuscrits italiens du vie siècle, d’accord avec l’original grec. Mais nous savons qu’une partie au moins des manuscrits consultés par Alcuin venaient d’York. La Bible, en effet, est mentionnée au premier rang des livres que l’archevêque Aelbert

lui avait légués et qu’il envoya chercher. Epist. xun, t. c, col. 208. Or les manuscrits northumbriens de la Bible étaient vraisemblablement apparentés à YAmiatinus, copié au vu » siècle par les moines de Wearmouth, et offert au pape Grégoire II par l’abbé Céolfrid. Alcuin avait donc à sa disposition de bons manuscrits de la Vulgate, et il est plus probable que les meilleurs textes latins du IXe siècle sont alcuiniens. Samuel Berger, De l’histoire de la Vulgate en France, 1887, p. 5 et 6 ; Bulletin critique, 1890, t. xii, p. 229. Voir aussi, sur la recension d’Alcuin, Kaulen, Geschichte der Vulgata, Mayence, 1868, p. 229-233 et 236-243 ; J.-P.-P. Martin, Saint Etienne Harding et les premiers recenseurs de la Vulgate latine, Théodulphe et Alcuin, Amiens, 1887, p. 59-64.

Sur Alcuin, voir Mabillon, Acta sanctorum ordinis Benedict., t. il et v ; Vie d’Alcuin en tête de ses Œuvres, et prolégomènes de D. Froben Forster ; Dom Ceillier, Histoire générale des auteurs sacrés, Paris, 1862, t. xii, ch. xxi ; Lorentz, Leben Alcuins, Halle, 1829 ; F. Monnier, Alcuin et Charlemagne, 2e édit., Paris, 1864 ; F. Hamelin, Essai sur la vie et les ouvrages d’Alcuin, Rennes, 1873 ; J.-B. Laforet, De Alcuino litterarum in Occidente restauratore, Louvain, 1851 ; C.-L. Tuefferd, Essai sur Alcuin, Strasbourg, 1830 ; K. Werner, Alcuin und sein Jahrhundert, in-8°, Paderborn, 1876 ; A. Ebert ; Histoire générale de la littérature du moyen âge en Occident, trad. française, Paris, 1884, t. ii, p. 17-43. E. Mangenot.

    1. ALDABBI Méir##

ALDABBI Méir, rabbin espagnol, qui vivait à Tolède dans la seconde moitié du xiv° siècle, composa en 1360 Sebilê’èmûnàh, Les sentiers de la foi, imprimé à Riva di Trento, in-4°, en 1559, ouvrage très estimé des Juifs ; il traite de l’existence de Dieu, de la création du monde, de la création d’Adam et d’Eve, de l’âme, de ses facultés. C’est plutôt un traité philosophique qu’une œuvre éxégétique. Il a été souvent réimprimé, en particulier à Amsterdam, in-4°, 1567, et in-8°, 1708 ; in-8°, Wilna, 1818.

    1. ALEANDRO ou ALÉANDRE Girolamo##

ALEANDRO ou ALÉANDRE Girolamo, savant italien, surnommé le Jeune, pour le distinguer de son grand-oncle, le cardinal Aleandro Girolamo, né dans le Frioul, mort à Rome en décembre 1631. Il fut d’abord, à Rome, secrétaire du cardinal Octave Candini. Le pape Urbain V11I le donna ensuite en la même qualité à son neveu le cardinal Francesco Barberini, qu’il accompagna en France, lorsque ce personnage s’y rendit en qualité de légat a latere. Aléandre mourut après sou retour à Rome. Gaspard de Simeonibus prononça, le 31 décembre 1631, son oraison funèbre, qui fut ensuite imprimée à Paris en 1636. Parmi les œuvres d’Aléandre, on remarque : Epistola ad Joannem Morinum de variis exemplaribus necnon characteribus Samaritanorum ; au même, de siclis quibusdam samaritano charactere exaratis, forma litterse Tau, apud Samaritanos ; encore au même deux autres lettres, de aliis siclis Samaritanorum simulque de Pentateucho samaritano. Ces Lettres ont été imprimées dans les Antiquitates Ecclesiæ orientalis de Jean Morin, in- 8°, Londres, 1682, p. 142 et suiv. Voir Louis Jacob, Bibliotheca pontificia, 1. ii, in-4o, Lyon, 1643, p. 336 ; G. Mazzuchelli, Scrittori d’Italia, t. i, p. 424-431.

    1. ALÉGRIN Jean##

ALÉGRIN Jean, cardinal français, docteur de Paris, né à Abbeville en Picardie vers le milieu du xii « siècle, mort le 23 septembre 1233, fut successivement professeur de théologie, doyen de la cathédrale. d’Amiens, archevêque de Besançon, cardinal et évêque de Sabine. Nommé patriarche latin de Constantinople, il refusa cette dignité. On a de lui : Commentaire des Psaumes de David ; Expositions sur les Épîtres et les Évangiles des dimanches, Paris, 1521, etc. Voir Ignace de Jésus -Maria, Histoire ecclésiastique de la ville d’Abbeville, in-4o, Paris, 1616 ; Louandre, Biographie d’Abbeville, in-8, Abbeville, 1829, p. 7-10.