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ALCIME — ALCUIN


syrienne ; a fut obligé de se réfugier en Egypte, où, de dépit, il construisit plus tard le temple d’Héliopolis. Ces détails nous sont connus par Josèphe, Ant. jud., XII, rx, 7, et le second livre des Machabées y fait allusion, xiv, 3. Alcime paraît n’avoir pu prendre possession du souverain pontificat avant la mort d’Antiochus V. Ce roi périt avec Lysias, par l’ordre de Démétrius I « » Soter, fils de Séleucus IV, qui, s'étant échappé de Rome, où il était retenu comme otage, remonta sur le trône de ses pères ( fin de l’année 162 avant J.-C). I Mach., vil, 1-4. Alcime n’hésita pas à aller demander au meurtrier d’Antiochus Eupator la faveur qu’il avait déjà obtenue de ce dernier. À là tête des principaux chefs du parti helléniste en Judée, il se présenta à Démétrius, et n’eut pas honte d’accuser auprès de lui Judas Machabée et tout le peuple fidèle. Le nouveau roi, pour le récompenser de sa conduite, lui accorda le souverain sacerdoce, et chargea Bacchide, l’un de ses généraux, d’aller, avec une armée considérable, le mettre en possession de sa charge. Bacchide eut recours à la ruse avant d’employer la force. Tout le monde ne connaissait pas encore la méchanceté d' Alcime. Des scribes et des Assidéens crurent qu’un prêtre de la race d’Aaron ne pouvait pas les tromper, et ils se rendirent avec une confiance aveugle au camp des Syriens. Ils payèrent cher leur simplicité : soixante d’entre eux, malgré les promesses qu’on leur avait faites, lurent massacrés en un seul jour. Bacchide se rendit maître de Jérusalem, il fit périr un grand nombre de Juifs, et il ne quitta la Judée qu’en en laissant le gouvernement à Alcime, avec des troupes qui devaient faire respecter son pouvoir usurpé. I Mach., vii, 5-20.

Tous les Juifs mécontents et infidèles allèrent se réunir à Alcime, mais ils se livrèrent avec leur chef à de tels excès, que Judas Machabée résolut d’y mettre un terme : il les battit en plusieurs circonstances, et il leur infligea de telles défaites, qu' Alcime fut réduit à quitter Jérusalem et à aller une seconde fois réclamer le secours de Démétrius. I Mach., vii, 21-25. Pour en obtenir ce qu’il souhaitait, il lui apportait en présent une couronne d’or, une palme d’or et des rameaux d’oliviers du temple de Jérusalem. II Mach., xiv, 4. Il dénonça au roi avec véhémence Judas Machabée, et obtint de lui qu’il envoyât une nouvelle armée en Judée. I Mach., vii, 25-26 ; Il Mach., xiv, 5-13. Cette armée était commandée par Nicanor. Ce général, aimant mieux s’entendre avec Judas que risquer une lutte périlleuse, se montra bienveillant pour lui, et lui témoigna les meilleures dispositions. I Mach., vii, 27-29* ; II Mach., Xiv. 14-25. Mais une telle conduite inquiéta Alcime ; il alla accuser Nicanor auprès de Démétrius Soter. Le roi, irrité, envoya à son général l’ordre de lui expédier à Antioche Judas chargé de fers. Nicanor ne songea pas à résister ; mais, trouvant plus facile de recourir à la ruse qu'à la force, il voulut tendre un piège au héros juif et s’emparer de sa personne. Son projet avorta : Judas le devina et se mit en sûreté. I Mach., vii, 29°-30 ; II Mach., xiv, 28-30. Nicanor, ayant ainsi échoué, se laissa aller à tous les excès de son caractère violent, II Mach., xiv, 30-40, et il poursuivit avec rage l’intrépide Machabée. Battu deux fois, le général syrien périt lui-même dans le second combat sur ie. champ de bataille. I Mach., vii, 31-43 ; II Mach., xv, 1-28. Sa mort ne laissa cependant que peu de repos aux Juifs. Alcime ne voulait renoncer à sa dignité qu’avec la vie. Le roi Démétrius le confirma dans ses fonctions, I Mach., ix, 1, et il envoya une seconde fois Bacchide en Judée, à la tête d’une armée considérable, pour venger la défaite de Nicanor. Judas ne put résister à de si grandes forces ; il succomba glorieusement les armes à la main. I Mach., ix, 1-18. Alcime triomphait avec Bacchide ; désormais il pouvait jouir en paix du souverain pontificat, grâce à la défaite de son peuple. Il continua à s’en montrer indigne, et ne profita de ses fonctions usurpées que pour tenter de modifier le culte légal. Mais Dieu ne tarda pas à le punir de tant d’infidélités. Comme il travaillait à faire renverser « le mur de la

cour intérieure du sanctuaire », probablement celui qui séparait la cour intérieure du parvis des Gentils, il fut frappé de paralysie et mourut dans de grands tourments. I Mach., rx, 54-56. C'était en l’an 160 ou 159 avant notre ère. F. Vigouroux.

    1. ALCUIN##

ALCUIN, illustre écrivain anglais, né vers l’an 735 dans la Northumbrie, d’une noble famille anglo-saxonne, mort en 804. Confié à l’archevêque Egbert, il fut élevé à l'école ecclésiastique d’York, et eut pour maître Aelbert. Celui-ci emmena son disciple à Rome, dans le double but d’y faire un pèlerinage et d’y acheter des livres. Au retour, ils virent Charlemagne, roi des Francs. Après l'élection d' Aelbert au siège d’York, en 766, Alcuin fut chargé de la direction de l'école de cette ville ; il la garda jusqu’en 780. Durant un nouveau voyage fait à Rome, en 781, pour rapporter le pallium d'Ëanbald, successeur d' Aelbert, il se présenta à Parme à Charlemagne, qui l’invita à se fixer dans ses États. Avant d’accepter, il voulut obtenir l’approbation de son archevêque et de son roi. L’autorisation accordée, Alcuin, resté diacre, arriva, dès 782, avec quelques élèves à la cour, et enseigna le trivium et le quadrivium à l'école palatine. Charlemagne se fit son disciple, et plus tard lui donna successivement les abbayes de Ferrières en Gâtinais, de Saint-Loup de Troyes, de Saint-Josse dans le comté de Ponthieu, et de Saint-Martin de Tours. Alcuin prit le surnom de Flaccus. En 790, il revit son pays natal ; mais bientôt Charlemagne le rappela en France pour combattre l’adoptianisme. La controverse lui fit produire ses principaux écrits théologiques. Vers 796, Alcuin, retiré à Saint-Martin de Tours, y enseigna lui-même, et son école devint célèbre. Une riche bibliothèque fut constituée, et uu grand nombre de manuscrits copiés par ses ordres. Une querelle avec l'évêque d’Orléans, au sujet d’un prêtre condamné à l’emprisonnement par Théodulfe et réfugié à Saint-Martin, troubla ses derniers jours. Charlemagne le traita sévèrement. Alcuin mourut le 19 mai 804, à l'âge de 69 ans, et fut enterré dans l'église SaintMartin.

Ses ouvrages exégétiques sont : 1° Interrogationes et responsiones in Genesim, courtes réponses d’après saint Isidore de Séville aux 281 questions posées par Sigulphe.

— 2° Enchiridion seu Expositio pia ac brevis in Psalmos pœnitentiales, in Psalmos cxrm et graduâtes, composé à la demande d’Arnon, archevêque de Salzbourg. L’auteur suit saint Augustin et Cassiodore. — 3° Le Compendium in Canticum canticorum n’est qu’un court exposé d’après Cassiodore. — 4° Commentaria super Ecclesiasten. Sur le désir d’Onias, de Candide et de Nathaniel, Alcuin y résume le commentaire de saint Jérôme. — 5° Interprétationes nominum hebraicorurn progenilorum D. N. 3. C, selon le sens littéral, allégorique et moral. — 6° Commenrtaria in sancti Joannis Evangelium, en sept livres, écrits par ordre de Gisèle et de Richtrude, l’une sœur, et l’autre fille de Charlemagne. — 7° Tractatus super très sancti Pauli ad Titum, ad Philemonem et ad Hebrseos epistolas.

— 8° Commentariorum in Apocalypsim libri quinque, édités d’abord par le cardinal Mal, et réédités par Migne dans les Œuvres complètes d' Alcuin. Patrol. lat., t. C et ci. Alcuin y cite une traduction latine de l’Apocalypse différente de la Vulgate. — 9° Un commentaire sur saint Matthieu, resté inédit, se trouve dans un manuscrit de la Bibliothèque nationale de Paris, ancien fonds latin, n » 2384. Francis Monnier, Alcuin et Charlemagne, appendice, p. 361-369, en a publié quelques fragments. Tous ces travaux contiennent peu d’idées personnelles à l’auteur. Alcuin ne fait que développer on abréger les commentateurs précédents, souvent même il se contente d’aligner leurs témoignages. « Dans le commentaire sur saint Matthieu, s’il ose quelquefois exprimer ses propres sentiments, souvent aussi il se contente d’arranger à sa manière le commentaire et les homélies de Bède sur le même évangéliste. » F. Monnier, ouv. cit., 2° partie, ch. ii, p. 211. Trois de ses lettres roulent sur des questions scripturaires ;