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ALBERGONI — ALBERT LE GRAND


ficat concordant* con gli Evangelj, in-8°, Rome, 1631. Voir Mazzuchelli, Scrittori d’italia, Brescia, 1753, t. i, part I, p. 284-285.

1. ALBERT DE PADOUE, célèbre professeur, ' ermite de Saint-Augustin, entra dans cet ordre en 1293, enseigna à Paris et à Padoue, et mourut en 1328. Il laissa des commentaires manuscrits, Commentarii in Pentateuchum, in quatuor Evangelia, in Epistolas, etc. Voir Fabricius, Bïbliotheca latina médise et infirme setatis, 1868, t. i, p. 45.

2. ALBERT JOANNIS DE HARLEM, carme hollandais, de Harlem, mort à Malines en. 1496. Il fut promu docteur en théologie à Louvain vers 1471. Il a laissé, avec des œuvres théologiques et des sermons, une Lectura in Ecclesiasticum et In Canonicam Joannis primam. Ces écrits n’ont pas été imprimés. Voir J. F. Foppens, Bïbliotheca belgica, 1. 1, p. 41.

3. ALBERT LE GRAND, Albertus Grotus, Albertus Ratisbonensis, Albertus de Colonia, Albertus theutonicus, savant théologien, né à Lauingen, dans la Souabe, en 1193 (selon Jammy et presque tous les modernes, en 1205) ; mort à Cologne en 1280. Il descendait des comtes de Bollstœdt. Il étudia à Padoue et entra dans l’ordre des frères prêcheurs (1223). Cologne, Hildesheim, Strasbourg, Fribourg, Lausanne, Ratisbonne, le reçurent soit comme professeur, soit comme prédicateur. Nommé en 1524 provincial des dominicains d’Allemagne, il profita abondamment des ressources intellectuelles que lui offrait Cologne, lieu de sa résidence. Alexandre IV, en 1260, le nomma évêque de Ratisbonne. Albert le Grand se démit en 1202. D assista au concile général de Lyon en 1274.

Albert le Grand laissa après lui de nombreux ouvrages sur la philosophie, la théologie, l'Écriture Sainte, et sur des sujets de piété, qui furent réunis et recueillis, en 1651, par le dominicain Jammy. Leur collection (21 in-f°) est cependant fort incomplète. Plusieurs sont demeurés manuscrits, d’autres sont perdus ; un certain nombre, inscrits sous le nom d’Albert le Grand, sont apocryphes. La bibliothèque de Munich possède une très riche collection de manuscrits des œuvres d’Albert le Grand.

Ses ouvrages exégétiques sont : Commentarii in Psalmos ( édit. Jammy, t. vu) ; Commentarii in Threnos Jeremiæ, in Baruch, in Daniel, in xii prophetas minores (t. vin) ; Commentarii in Matlbœum, in Marcum (t. ix), Commentarii in Lucam, in Joannem (t. xi) ; Postillatio sive Commentarii in Apocalypsim (t. xi). Parmi les ouvrages restés manuscrits et reconnus comme authentiques par les critiques les plus autorisés, comme Ptolémée de Lucques, Pignon, Valeotanus, Prussia, on peut citer : Super totam Bibliam per modum postillæ ; Super aliquot libros et textus Veteris et Novi Testamenti ; Postillx super Job ; Super Cantica ; Super Isaiam ; Super Jeremiam et Ezechielem ; Super omnes Epistolas B. Pauli apostoli.

La méthode exégétique d’Albert le Grand est celle de tous les commentateurs de son temps. Il prend un texte, l’analyse, le divise par opposition, puis l’explique à l’aide d'éclaircissements tirés soit d’autres passages de la Bible, soit des Pères grecs et latins, soit des premiers mystiques du moyen âge : saint Bernard, Hugues et Richard de Saint -Victor, * soit enfin des auteurs païens, et surtout d’Aristote, de Platon et de Cicéron. On a remarqué que parmi les Pères il ne citait guère que ceux qui sont honorés comme saints. Le premier en date de ses commentaires est celui de l'Évangile de saint Jean. D le composa pen~ dant le séjour qu’il fit à Rome pour régler plusieurs affaires litigieuses de son ordre. Le pape Alexandre IV lui avait ordonné de commenter cet évangéliste en présence même des juges convoqués pour ces litiges. Son abondance et son érudition étaient telles, que ses auditeurs déclaraient

n’avoir jamais rien entendu de pareil. Albert le Grand mit lui-même par écrit ce commentaire, qu’il retoucha plus tard, comme cela est manifeste par les renvois qu’il fait à son exposition des autres Évangiles, qu’il n’a sûrement expliqués qu’après saint Jean. Ses interprétations sont souvent plus ingénieuses que solides ; par exemple, quand il cherche pour quelle raison Notre - Seigneur a demandé trois fois à Pierre s’il l’aimait. « C’est, dit-il, parce que les fonctions pastorales exigent trois choses : l’ardeur de la charité, le discernement dans la charité, et l’ordre dans la charité, » — Le commentaire sur saint Matthieu a probablement été composé très peu de temps avant son élévation à l'épiscopat, vers 1259. Le manuscrit original, de la main de l’auteur, est conservé à Cologne. L'écriture est nette, sûre, élégante même, sans ratures ni surcharges. Dans cet ouvrage, on lit que Jésus resta sept ans en Egypte, qu’il mourut à trente-deux ans et demi ; que sainte Anne eut trois filles, qui furent toutes appelées Marie. — Vers 1261, Albert le Grand écrivit son commentaire sur saint Luc, peut-être pendant les loisirs qu’il prenait, entre les travaux de sa charge épiscopale, dans la solitude du petit château de Stauf, où il aimait tant à se retirer. Les anciens historiens font de cet ouvrage le plus grand éloge ; Prussia l’appelle « un insigne volume ». Vit a Alberti, p. 265. On y trouve de nombreuses et vigoureuses invectives contre les vices de l'époque, ce qui lui donne un grand intérêt historique. On a dit que l’auteur avait lui-même rédigé le manuscrit ; mais Hochwart, qui eut entre les mains, au XVI siècle, le volume qui le contenait, déclare qu’il était trop considérable pour qu’un seul homme, fût-il Albert le Grand, l’eût écrit en entier. Hochwartius, Catalog. Episc. Ratisponensium ; Vita Alberti II Episc. Ratisp. Ce manuscrit a été perdu lors de la ruine du monastère des dominicains de Cologne, "au commencement de notre siècle. On l’a cherché vainement dans les bibliothèques de Munich, de Ratisbonne et d’Ulm, où on le croyait déposé. — Le commentaire sur saint Marc, composé vers 1275, est le moins étendu. Comme genre exégétique, il ressemble aux trois autres. C’est dans ce livre, qu’Albert le Grand affirme que le manuscrit original de l'Évangile de. saint Marc, écrit de la main de l’auteur, se conserve à Aquilée, où il est en grande vénération.

C’est dans les dernières années de sa vie qu’Albert composa ses commentaires sur les Psaumes, les Prophètes et l’Apocalypse. Ils sont courts et sentent l’improvisation. Le grand docteur se livrait de plus en plus à la méditation des Saintes Écritures ; il en parlait fréquemment avec ses religieux. Dans ces entretiens intimes, il se laissait volontiers aller à l’inspiration du moment : c'était comme une méditation à haute voix, dont le résumé consigné par écrit formait les commentaires que nous possédons. L’explication des prophètes s’attache davantage au sens littéral, mais celle des Psaumes est tout entière allégorique ou tropologique. Tous les travaux exégétiques du grand docteur sont remarquables par l'érudition, la sagesse et la piété. — Voir sur sa vie et ses commentaires : Daunou, dans l’Histoire littéraire de la France, 1838, t. xix, p. 362 et suiv. ; Fabricius, Bibl. med. et infim. latinit., t. i, p. 113-122 ; Quétif et Échard, Script, ordin. Domin., 1. 1, p. 171-183, où l’on trouve une revue complète des ouvrages, avec les sources des manuscrits, les différentes éditions, etc. ; J. Sighart, Albertus Magnus, sein Leben und seine Wissenschaft nach den Quellen, Ratisbonne, 1857 ; trad. franc, par un dominicain, Paris, 1862 ; Tacera, Ristretto délia prodigiosa vita del Beato Alberto Magno, Firenze, 1680-1688, 2 in-8° ; Jammy (Petr. O. P.), Beati Alberti Magni, Ratisb. Episc, O. P., opéra qux hactenus haberi potuerunt, Lyon, 1651, 21 in-f° ; L. Hochwart, Catalog. Episcop. Ratisb., vers 1550 ; V. Justinianus, Vita B. Alberti Magni, Cologne, 1625 ; Pouchet, Histoire des sciences naturelles au moyen âge, ou Albert le Grand et son époque, Paris, 1853 ; O. d’Assailly, Albert le Grand,