Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/225

Cette page n’a pas encore été corrigée

321

    1. AINESSE##

AINESSE (DROIT D') — AIR

322

et même le sacerdoce suprême, Heb., v, 5-10 ; vii, - 1-27 ; vm, 1 -3 ; x, 12, 14, etc. ; il a l’héritage des nations, Ps. ii, 8 ; de toutes choses, Heb., i, 2 ; surtout de la gloire céleste, Rom., viii, 17-18 ; il a l’autorité, même royale, Ps. ii, 6 ; Joa., xviii, 37, etc. C’est pourquoi les aînés, figures de JésusChrist, ont réuni sur leur tête tous ces privilèges an degré qui leur était possible. Heidegger, Hist. Patriarch., 1. 1, Exerc. i, n° 31, p. 17, 18 ; Zepper, Leges mosaicse forenses, Herborn, 1714, p. 32. Quoi qu’il en soit de cette raison mystique, il est certain que les auteurs sacrés, en représentant Jésus-Christ comme le premier-né par excellence, parlaient un langage très bien approprié à leurs lecteurs, et très apte à leur faire comprendre la dignité suprême de celui qu’ils leur annonçaient.

2° Translation. Avant la loi de Moïse, le père de famille avait le pouvoir, pour des raisons graves, de transporter le droit d’atnesse de son premier-né à un autre fils. Isaac transféra ce droit d'Ésaù à Jacob, son frère jumeau. Sans doute il le fit d’abord par erreur, mais lorsqu’il eut reconnu sa méprise, et qu’il aurait pu la rétracter, il ne le fit pas, malgré les vives instances d'Ésaû, et confirma ainsi, le voulant et le sachant, ce qu’il avait fait inconsciemment. Jacob, à cause du crime qu’avait commis Ruben, son premier-né, Gen., xxxv, 22, lui enleva son droit d’aînesse et le transporta en partie à Joseph, Gen., xlix, 3-4, 22, 26 ; en effet, celui-ci, lors du partage de la Terre Promise, qui était l’héritage d’Isaac et de Jacob, reçut dans la personne de ses descendants deux parts, attribuées à ses deux fils, Éphraïm et Manassé. Cf. I Par., v, 1-2. Remarquons, à cette occasion, une singularité : en transférant ce droit d’aînesse, Jacob le dédoubla ; il donna la double part à Joseph, comme nous venons de le dire, et la prééminence avec la promesse du Messie à Juda. Gen., xlix, 8-12. Les rabbins ajoutent qu’il donna le sacerdoce à Lévi ; mais ce point n’est pas prouvé ; ce n’est que plus tard que la tribu de Lévi fut exclusivement appliquée aux fonctions du culte. Ce pouvoir de transférer le droit d’aînesse, qu’avaient les pères de famille avant la loi, fut supprimé par Moïse. Deut., XXI, 17. On en comprend la raison. Si l’exercice de ce droit paternel était dans certains cas, comme ceux d’Isaac et de Jacob, très légitime, et même voulu de Dieu, on ne peut nier cependant que ce pouvoir ne fut l’occasion de beaucoup de troubles dans la famille ; l’aîné pouvait craindre constamment que le fils d’une autre femme ne lui fût préféré, et que celle-ci ne mit tout en œuvre auprès du père pour obtenir une translation tant désirée. Voilà pourquoi Moïse supprima ce droit. Michælis, Mosaisches Recht, § 79, t. ii, p. 86.

3° Charges. L’ainé avait des privilèges, il avait aussi des charges ; ainsi lorsqu’il y avait lieu à l’exercice des droits du goël (voir ce mot), par exemple, si l’un des enfants de la famille était tué, c'était l’aîné surtout qui avait l’obligation de venger son sang sur le meurtrier. Leydekker, De Republica Hebi’seorum, VI, ix, Amsterdam, 1704, p. 398. De même, comme les filles, d’après la loi de Moïse, n’avaient aucune part dans la succession de leur père, si l’une d’elles, pour quelque cause que ce fût, n'était pas mariée, elle était à la charge de ses frères ; mais c'était surtout l’aîné qui en avait le soin et la responsabilité ; sa double part ne lui était attribuée qu’afin qu’il pût plus facilement faire face à toutes les charges de la famille. Michælis, Mosaisches Recht, § 78, t. ii, p. 77 ; Saalschûtz, Dos Mosaische Recht, k. 109, p. 821.

4° Diverses particularités. Quand l’aîné mourait avant son père, ses droits d’aînesse n'étaient pas pour cela perdus ; ils passaient, non pas à un de ses frères, mais à ses enfants, qui sous ce rapport le représentaient. Selden, De successionibus, p. 24. Que s’il mourait avant d'être marié, son droit d’aînesse disparaissait avec lui ; .c'était probablement le cas de I Par., xsn, 10. Cf. Cornélius a Lapide, in hune loc. Les filles ne succédant pas au père, il ne pouvait être question pour elles de droit d’aînesse. Nous trouvons dans l’histoire d'Ésaû, Gen., xxv, 29-34, un

exemple bien connu de cession dn droit d’aînesse par contrat privé ; tous les interprètes font remarquer que ce contrat fut illicite de la part d'Ësaû ; mais plusieurs ajoutent qu’il était par lui-même invalide, et que, si le droit d’aînesse d'Ésaû fut réellement transféré à Jacob, c’est bien moins en vertu de ce contrat que par suite d’une disposition libre de la volonté divine. Gen., xxv, 22-23. Cf. Heidegger, Historia Patriarcharum, t. ii, Exerc. xii, p. 233.

S. Many. AINSWORTH Henri, théologien anglais, mort en Hollande vers 1623. Il est connu par un ouvrage plein d'érudition, Annotations on the five books of Moses, the Psalms and the Song of Solomon. La meilleure édition est celle de Londres, in-f », 1639. Outre les notes, on y trouve une traduction littérale de tous les livres mentionnés dans le titre ; elle a le défaut d'être trop servile. Le commentaire a de la valeur, à cause de la connaissance profonde que l’auteur avait des Écritures et de la littérature juive. Il a été résumé dans la Synopsis Criticorum de Matthew Poole. Voir Poole.

AÏON. C’est ainsi que la Vulgate écrit, rV Reg., xv, 29, le nom de la ville de Nephthali qui est écrit ailleurs Ahion. Voir Ahion.

AIR, fluide invisible, transparent, composé d’azote et d’oxygène, qui forme autour de la terre une couche appelée atmosphère. — 1° Il n’y a pas de mot, dans la Bible hébraïque, qui corresponde exactement au mot « air ». La Vulgate s’est servie plusieurs fois du mot aer, « air, » dans l’Ancien Testament. Num., xi, 31, elle dit que les cailles miraculeusement envoyées aux Israélites dans le désert du Sinaï « volaient dans l’air à deux coudées de hauteur ». Les mots « volaient dans l’air » sont ajoutés par saint Jérôme, qui interprète ainsi le texte, tandis que d’autres commentateurs pensent plus naturellement que les cailles tombées dans le camp étaient, d’après l’original, si abondantes, qu’en certains endroits elles atteignaient deux coudées de hauteur. Voir Keil, Pentateuch., trad. Martin, t. iii, p. 73. — Deut., xxviii, 22, un des fléaux énumérés par Moïse est appelé : aer corruptus. En hébreu, on lit : Siddâfôn, mot qui désigne « .la rouille » des blés, produite par le vent brûlant de l’est. Gen., xii, 23. Saint Jérôme lui-même a rendu ailleurs, II Par., vi, 28, Hddâfôn par serugo, « rouille. » — 1Il Reg., viii, 37, dans le passage parallèle à II Par., vi, 28, oer corruptus répond de nouveau à Siddâfôn. (Le mot œrugo, qui se lit dans le même verset, traduit l’original Ifâsil, espèce de sauterelle, appelée par les Septante : Ppoû^o ;  ; bruchus, comme a traduit saint Jérôme, I Par., vi, 28.) — Il n’est pas non plus question d’air en hébreu, Job, xxxvii, 21, là où notre version latine porte : aer cogetur in nubes ; il faut lire : « On ne voit point la lumière [du soleil] ; elle est cachée par les nuages (ëehâqîm). » Ce même mot êehàqim, qui signifie « nuages » et « ciel », est aussi rendu par aer, Ps. xvii (xviii), 12, où on lit nubes aeris, « nuées de l’air, » au lieu de « nuées du ciel ».

2° Le mot grec à-np, d’où viennent le mot latin aer et notre mot français « air », est employé plusieurs fois dans le Nouveau Testament et dans deux livres deutérocanoniques de l’Ancien Testament qui ont été composés en grec, le second livre des Machabées et la Sagesse. — Il a le sens d’air que nous respirons dans Sap., vii, 3 : « En naissant, dit le Sage, j’ai reçu l’air qui est commun à tous. » — Dans la plupart des autres passages, « air » désigne l’atmosphère, la région de l’air ( par opposition à la région du ciel, plus élevée et plus pure, appelée par les Grecs ilWjp. Homère, Iliade, xiv, 288). I Thess., iv, 16 (17) ; Act., xxii, 23 ; Apoc, ix, 2 ; xvi, 17 ; Sap., v, 11-12 ; LI Mach., v, 2. — Le livre de la Sagesse se sert du mot « air » dans quelques autres sens particuliers. Il signifie, comme quelquefois en français, a souffle, vent léger, » Sap., ii, 3 ; xiii, 2 ; c ne pas voir l’air, » Sap., xvii, 9,

L — 13