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AILE

sacrés aiment à comparer Dieu, par une similitude semblable à celle qu’emploie Notre-Seigneur lui-même, Matth., xxiii, 37 ; Luc, xiii, 34, à un oiseau étendant ses ailes pour y mettre à l’abri ses petits, qui courent s’y cacher et s’y réfugier. Ruth, ii, 12 ; Ps. xvi (xvii), 8 ; xxxv (xxxvi), 8 ; lvi (Lvii), 2 ; lx (lxi), 5 ; lxii (lxiii), 8 ; xc (xci), 4 ; Mal., iv, 2 (m, 20). Il est curieux de remarquer que les Égyptiens (fig. 65), les Assyriens (fig.66 ; cf. fig. 37, col. 235) et les Phéniciens (fig. 67), représentaient la divinité avec des ailes éployées qui devaient avoir un sens symbolique, entre autres celui de protection, comme on l’admet pour le disque solaire ailé des Égyptiens, qu’on plaçait au-dessus des portes des temples afin de montrer qu’on y était sous la garde et la protection divine (fig. 68).

7° Enfin le mot « aile » est employé avec une signification symbolique spéciale dans les visions des prophètes et dans l’Apocalypse. Is., vi, 2 ; Ezech., i, 6, 8, 9, 11, 23, 24, 25 ; m, 13 ; x, 5, 8, 12, 16, 19, 21 ; xi, 22 ; Dan., vii, 4, 6 ; Zach., v, 9 ; Apoc, iv, 8 ; ix, 9 ; xii, 14. Les Séraphins d’Isaïe, vi, 2, ont six ailes, dont le prophète lui-même nous explique l’usage : « avec deux ils couvraient leur face, » afin de ne point voir la majesté de Dieu ; « avec deux ils couvraient leur corps, » afin qu’il ne pût pas être vu, comme le dit le Targum de Jonathan, cet avec deux ils volaient. » Voir Séraphin.


69 — Lion ailé. Sculpture assyrienne. British Muséum.

— Dans les Chérubins d’Ézéchiel, qui réunissent les formes symboliques des animaux les plus forts et les plus puissants de la création, les ailes figurent l’aigle, le roi des airs, associé au taureau, roi des animaux domestiques, au lion, roi des bêtes sauvages, et à l’homme, qui commande à toutes les créatures. Voir Chérubin. — Dans les visions de Daniel, vii, 4, le lion à ailes d’aigle rappelle les lions ailés androcéphales, si communs dans la sculpture chaldéo-assyrienne (fig. 69), et est une image très juste du roi de Babylone, fort comme un lion, cf. Jer., iv, 7 ; xlix, 19 ; l, 17, 44, et rapide comme un aigle qui fond sur sa proie les ailes éployées. Jer., xlix, 22 ; Lam., IV, 19 ; Ezech., xvii, 3-7, 12 ; cf. Hab., i, 8. Le léopard à quatre ailes d’oiseau, Dan., vii, 6, figure Alexandre le Grand et la rapidité des conquêtes macédoniennes. — Zacharie nous montre, v, 9, une femme placée dans un épha ou amphore soulevée dans les airs par deux autres femmes qui ont des ailes de cigogne (Vulgate : de milan). Les ailes qui leur sont données nous expliquent comment elles peuvent voler ; leurs ailes sont celles de la cigogne, parce que cet oiseau les a grandes et fortes, et que les femmes de la vision ont un poids très lourd à porter. — Les six ailes des quatre animaux mystérieux dans l’Apocalypse, iv, 8, rappellent celles des Séraphins d’Isaïe et celles des Chérubins d’Ézéchiel. Les ailes des sauterelles symboliques, ix, 9, leur sont naturellement attribuées comme aux sauterelles réelles ; Joël, ii, 5, avait déjà comparé, comme le fait ici saint Jean, le bruit que font les armées de ces