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AIGLE — AIGUILLE

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D’après un certain nombre de commentateurs, la loi énumère parmi les animaux impurs, outre l’aigle en général, deux espèces particulières de ces oiseaux de proie : le pérés, qu’Us traduisent par orfraie (Septante : ypty ; Vulgate : gryps, « griffon » ), et le’oznîyâh, qu’ils traduisent par aigle de mer ( Septante : akiaUzot ;  ; Vulgate : halixetus). Lev., xi, 13 ; Deut., xiv, 12. L’identification du pérés et du’oznîyâh est douteuse. Pour le premier, voir Griffon. Quant au second, c’est, d’après quelques-uns, le circaète, dont nous avons parlé plus haut. D’après d’autres, c’est le balbusard ou le pygargue. Voir Aigle se MER.

Dans la symbolique chrétienne, l’aigle est devenu, comme nous l’avons déjà remarqué, l’emblème de l’évangéliste saint Jean, et l’aigle à deux têtes, celui du prophète Elisée, pour rappeler qu’il avait reçu le double esprit de Dieu. IV Reg., ii, 9. F. Vigouroux.

2. AIGLE DE MER, oiseau de proie qui, d’après la traduction des Septante, àXiaîsToç, et d’après la Vulgate,

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58. — Le pygargue ou aigle de mer.

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haliseetus, correspond à l’hébreu’oznîyâh, un des animaux impurs que la loi de Moïse interdit aux Hébreux de manger. Lev., xi, 13 ; Deut., xiv, 12. Tous les exégètes n’admettent pas l’exactitude de la traduction du mot’oznîyâh faite par les Septante et par saint Jérôme, et plusieurs identifient cet oiseau avec le circaète (circælus gallicus) ou le balbusard. Mais les traducteurs grecs et la Vulgate latine ont pour eux la tradition ancienne des Juifs, et leur interprétation est très soutenable.

L’aigle de mer, appelé aussi aigle pêcheur, à cause de ses habitudes de pêche, et pygargue, c’est-à-dire qui a la croupe blanche, est un oiseau de proie à bec très fort et très recourbé (fig. 58) ; son vol est plus lent et plus lourd que celui de l’aigle proprement dit. Il ne s’éloigne guère des bords de la mer ou des cours d’eau, parce qu’il fait sa nourriture des oiseaux aquatiques et des poissons. Le pygargue ordinaire a environ un mètre de long et deux mètres soixante d’envergure. Il fait une guerre acharnée à tout ce qui Vit dans l’eau et sur l’eau. Il poursuit les poissons jusque sous les ondes, et plonge en les poursuivant. Il enlève les oiseaux dans leur nid ; il s’en prend même aux renards et aux phoques, et son attaque est si violente, qu’il lui arrive parfois de ne pouvoir dégager ses serres, tant elles ont pénétré profondément dans le

corps de sa victime, lorsque celle-ci est trop lourde pour qu’il puisse l’enlever dans les airs.

On trouve le pygargue dans toute l’Europe et dans la plus grande partie de l’Asie. En chasse toute la journée sur les côtes ou les bords des fleuves, il passe la nuit dans les forêts, sur les rochers, ou dans de petites îles. Son aire est composée à sa base de morceaux de bois de un mètre trente à un mètre soixante de longueur, et de la grosseur du bras ; au-dessus sont des branches plus minces, formant un nid, tapissé de rameaux fins et de duvet. Les petits, au nombre de deux, trois ou quatre, sont nourris chaque jour de poissons, de lapins, d’écureuils, et même d’agneaux. — La loi mosaïque traite le’oznîyâh comme tous les autres oiseaux de proie en le rangeant parmi les animaux impurs. F. Vigouroux.

    1. AIGUILLE##

AIGUILLE, Vulgate : acus. Le mot latin acus désignait soit une « épingle » pour attacher, soit une « aiguille » pour coudre ; il est employé dans les deux sens par Cicéron, Pro Milone, 24 ; Celsus, viii, 16 ; Ovide, Métam., vi, 23. 1° Saint Jérôme s’en est servi dans le sens d’épingle pour les cheveux, dans la traduction d’Isaïe, iii, 22, où le prophète énumère les objets de toilette des femmes juives de

S9. — Épingle à cheveux égyptienne. Bronze. Musée de Ghizén.

son époque (fig. 59). Le mot rendu par acus dans la Vulgate est, en hébreu, hârîtîm. Comme le singulier héret signifie un style, c’est-à-dire l’instrument pointu et aigu dont se servaient les anciens pour graver des lettres sur la pierre ou sur le bois, Is., viii, 1, instrument dont la ressemblance avec une épingle est frappante, on peut soutenir l’exactitude de la traduction de saint Jérôme, comme l’a fait Bochart, Hieroz., 1. 1, p. 334. Le plus grand nombre des commentateurs modernes interprètent cependant hârîtîm dans le sens de « bourse » où l’on mettait l’argent, parce que ce mot a incontestablement ce sens dans II (IV) Reg., v, 23 (ligavit duo talenta argenti in duobus saccis, traduit saint Jérôme). Voir Rosenmùller, Jesajse vaticinia, 3e édit., Leipzig, 1829, t. i, p. 127-128 ; Gesenius, Thésaurus linguse hebrseæ, p. 519.

2° Acus est employé dans le sens d’  « aiguille » dans le Nouveau Testament, dans la célèbre comparaison de Jésus-Christ : « Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille (foramen acus) qu’à un riche d’entrer dans le royaume des cieux. » Matth., xrx, 24 ; Marc, x, 25 ; Luc, xviii, 25. Le texte original, dans ces trois passages, porte : 81à TpumîixaTo ; pifiSo ; , Matth., XIX, 25 ; Sti [xrjç] xpy(taXtô « [tî] ?] potpîSoi ; , Marc, x, 25 ; Luc, xviii, 25. Les aiguilles des anciens devaient ressembler à peu près aux

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60. — Aiguilles égyptiennes en bronze.

nôtres. Nous en donnons ici deux qui ont été trouvées en Egypte (fig. 60). Elles sont reproduites d’après Wilkinson, Popular account of the ancient Egyptians, t. ii, p. 345. Leur longueur est de six à sept centimètres. On a contesté l’exactitude de la traduction du proverbe rapporté par le divin Maître. On a soutenu que xôiatjXoç (qu’on devrait lire xô(tiXo ?, dtaprès quelques-uns) veut dire s câble, grosse corde », et non pas chameau, et surtout que « trou de l’aiguille » désigne, non pas le trou de ce petit instrument à coudre, mais une petite porte latérale, placée à côté des grandes portes des villes, qu’on appelait « trou de l’aiguille », et par laquelle pouveient entrer les