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quam exprimere littera et hermeneuticæ leges indicare videantur : alios præterea sensus, vel ad dogmata illustranda vel ad commendanda præcepta vitæ ipse litteralis sensus profecto adsciscit. Quamobrem diffitendum non est religiosa quadam obscuritate Sacros Libros involvi, ut ad eos, nisi aliquo viæ duce, nemo ingredi possit[1] : Deo quidem sic providente (quae vulgata est opinio SS. Patrum), ut homines majore cum desiderio et studio illos perscrutarentur, resque inde operose perceptas mentibus animisque altius infigerent ; intelligerentque præcipue Scripturas Deum tradidisse Ecclesiæ qua scilicet duce et magistra in legendis tractandisque eloquiis suis certissima uterentur. Ubi enim charismata Domini posita sint, ibi discendam esse veritatem, atque ab illis, apud quos sit successio apostolica, Scripturas nullo cum periculo exponi, jam sanctus docuit Irenæus[2] : cujus quidem ceterorumque Patrum doctrinam Synodus Vaticana amplexa est, quando Tridentinum decretum de divini verbi scripti interpretatione renovans, hanc illius mentem esse declaravit, ut in rebus fidei et morum, ad aedificationem doctrinæ christianæ pertinentium, is pro vera sensu Sacræ Scripturæ habendus sit, quem tenuit ac tenet sancta Mater Ecclesia, cujus est judicare de vero sensu et interpretatione Scripturarum Sanctarum ; atque ideo nemini licere contra hune sensum aut etiam contra unanimem consensum Patrum ipsam Scripturam Sacram interpretari [3].

Qua plena sapientiæ lege nequaquam Ecclesia pervestigationem scientiæ biblicæ retardat aut coercet ; sed eam potius ab errore integram præstat, plurimumque ad veram adjuvat progressionem. Nam privato cuique doctori magnus patet campus, in quo, tutis vestigiis, sua interpretandi industria præclare certet Ecclesiæque utiliter. In locis quidem divinæ Scripturæ qui expositionem certain et definitam adhuc desiderant, effici ita potest, ex suavi Dei providentis consilio, ut, quasi præparato studio,


Aussi faut-il reconnaître qu’il règne dans les Saints Livres une sorte d’obscurité mystérieuse, et qu’on ne peut s’y engager sans guide. Dieu a voulu ainsi (c’est une pensée fréquente des Saints Pères) nous les faire approfondir avec plus de goût et d’ardeur et, grâce à ces efforts, en graver plus profondément les enseignements dans nos esprits et dans nos cœurs. Il a voulu surtout nous faire comprendre qu’il a remis les Écritures aux mains de l'Église, et que nous recevrions d’elle, pour la lecture et l’interprétation de la parole divine, une direction et un enseignement infaillibles. Où sont les dons et les promesses de Dieu, là est la source où il faut puiser la vérité : si l’on veut une exposition sûre des Écritures, il faut la demander à ceux en qui se perpétue la succession apostolique ; telle était déjà la doctrine de saint Irénée, telle est celle de tous les autres Pères. Le concile du Vatican l’a sanctionnée, quand, renouvelant le décret du concile de Trente sur l’interprétation de la parole divine écrite, il déclara que sa volonté était que dans les choses de la foi et des mœurs, se rapportant à l'édification de la doctrine chrétienne, on tint pour le vrai sens de la Sainte Écriture celui qui a tenu et que tient notre sainte mère l'Église, à qui il appartient de juger du vrai sens et de l’interprétation des Écritures ; et que par conséquent il n’est permis à personne d’interpréter l'Écriture sainte contrairement à ce sens ou au sentiment unanime des Pères.

Cette loi pleine de sagesse, loin de retarder ou d’empêcher les recherches de la science biblique, la préserve plutôt de l’erreur, et l’aide beaucoup à faire de vrais progrès. Car tout docteur privé a devant lui un vaste champ où, s’avançant en toute sûreté, il peut se distinguer et servir l'Église par son talent d’interprète. Le sens de plusieurs passages des divines Écritures n’est pas encore certain et défini : il se peut que, par un dessein miséricordieux de la Providence, les recherches des savants fassent mûrir les questions que tranchera plus tard le jugement de l'Église. Quant aux passages déjà définis, le docteur privé peut encore se rendre utile, en rendant plus claire l’exposition qui s’en fait au commun des fidèles, plus profonde celle que

  1. S. Hier., Ad Paulin., de studio Script., ep. un, 4.
  2. Contra hær., iv, 26 5.
  3. Sess. III, cap. n. De revél. ; et Conc Trid., sess. IV, Decret, de edit. et um sacr. libror.