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AGRIPPA - AGUR


de Cypros, petite-nièce d’Hérode. II est nommé simplement Agrippa dans les Actes, xxv, 13 ; xxvi, 32. À la mort de son père, en 44, il était âgé de dixsept ans, et résidait à Rome, où il était né. L’empereur Claude lui promit la succession de son père ; mais, sur les observations de ses conseillers, il revint sur ses promesses, et envoya un procurateur en Judée, Cuspius Fadus. En 50, Agrippa II fut nommé roi de Cbalcis, petite principauté du Liban, à la place de son oncle décédé, Hérode, frère d’Agrippa I". Comme son oncle, il fut gardien du temple et de ses trésors, il eut le droit de nommer les grands prêtres. En 52, en échange de la principauté de Chalcis, Claude lui donna, avec le titre de roi, la tétrarchie de Philippe (Batanée, Trachonite, Iturée, Auranite et Gaulanite) et "Abylène de Lysanias. Josèphe, Ant.jud., XX, vii, 1. Néron y ajouta Tibériade et Tarichée, avec les cercles environnants, puis Julias en Pérée et quatorze bourgs autour de cette ville. Ibid., XX, viii, 4. Les médailles d’Agrippa II sont nombreuses (flg. 49). Voir Eckhel, Doct. num. veter., t. iii, p. 493-496 ; Frd. W. Madden, Coins of the Jews, p. 139-169.

Agrippa II prit part à deux expéditions des Romains contre les Parthes et en Arménie. En mai 66, les Juifs,

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49. — Monnaie d’Agrippa II.

Tête d’Agrippa, & gauche. BÀCIAEQfC] ArPIIÏÏIOY. — r). Une ancre. L. I (An 10, probablement de l'ère de Cbalcis,

  • 8 de notre ère).

poussés à bout par la cruauté et les vexations du procurateur Florus, se révoltèrent. Agrippa vint à Jérusalem et essaya de calmer les esprits ; mais lorsqu’il conseilla de se soumettre à Florus jusqu'à l’arrivée d’un nouveau procurateur, des murmures éclatèrent, et il fut obligé de quitter précipitamment la ville. La lutte engagée, il se rangea du côté des Romains, et joignit ses troupes aux leurs. Après la prise de Jérusalem, le royaume d’Agrippa fut augmenté, Photius, Bibl., cod. 33, t. ciii, col. 65 ; mais les renseignements sur ce point, ainsi que sur la vie subséquente de ce prince, sont rares et incertains. On dit qu’il mourut en l’an 100 après J.-C, à l'âge de soixante-treize ans. Est-ce à Rome, où il se serait retiré avec sa sœur Bérénice ? Quoiqu’on l’ait dit, c’est peu probable. Les historiens Tacite, Suétone, Dion Cassius, ainsi - que le docteur juif Justus de Tibériade, parlent à diverses reprises d’Agrippa II et de sa sœur Bérénice, comme résidant à Tibériade. Agrippa paraît même avoir été à cette époque en excellentes relations avec les rabbins. On possède d’Agrippa II des pièces de monnaie de l’an 95. Eckhel, loc. cit., p. 493.

Agrippa II aimait les lettres et les arts, et connaissait bien les livres sacrés de sa nation, puisque saint Paul en appelle à son témoignage sur leur contenu, Act., xxvi, 3, 26, 27 ; il s’intéressait aux problèmes de casuistique rabbinique, et l’on a conservé de lui diverses questions, qu’il avait posées aux docteurs de son temps. Tanchouma, édit. d’Amsterdam, 1733 ; ꝟ. 7 a ; Soucca, ꝟ. 27 a. Il est vrai que « ces passages, dit J. Derenbourg, Essai sur l’histoire et la géographie de la Palestine, d’après les Talmuds, 1™ part., p. 254, trahissent une grande légèreté de mœurs, unie à une puérile préoccupation d’observer avec rigueur certaines minuties de la loi ». Comme tous les Hérode, Agrippa II fut un grand constructeur ; il bâtit de nombreux monuments à Tibériade et à Béryte ; il s’entourait de pompe et de magnificence. Act., xxv, 25. Il fut l’ami des Romains et des procurateurs qui se succédèrent

en Judée durant son règne, en particulier de Festus, auprès duquel il paraît avoir été en grande faveur, Act., xxv, 13, 14 ; mais il fut détesté des Juifs et surtout de la caste sacerdotale. Seuls les Pharisiens avaient quelque sympathie pour lui. On lui reprochait d’avoir transformé les nominations de grands prêtres en source de revenus, d’avoir permis aux procurateurs de puiser dans le trésor du temple, d’empiéter sur les droits des prêtres, d’avoir fait élever un palais qui dominait le temple, d’entretenir avec sa sœur Bérénice des rapports incestueux. Surtout on ne lui pardonnait pas sa complaisance pour les Romains ; on l’accusait aussi, sinon de favoriser les chrétiens, du moins de ne prendre aucune mesure répressive contre eux. Le grand prêtre Hanan ayant, à la faveur d’un changement de procurateur, fait condamner et lapider saint Jacques le Mineur, Agrippa le destitua, quoique Hanan ne fût en fonction que depuis trois mois.

Il est bien difficile cependant de savoir exactement ce qu’il pensait au sujet de la personne et de l’enseignement de Jésus-Christ. Sa conduite et ses réponses, lors de la célèbre entrevue que le procurateur Festus lui ménagea avec saint Paul, sont assez ambiguës pour permettre toute sorte de conjectures. A-t-il agi par simple curiosité d’esprit, ou désirait-il connaître la vérité? Ses paroles, Act., xxvi, 82, sont-elles ironiques, comme l’ont cru surtout quelques interprètes modernes ? Ou était-il de bonne foi, et fut-il réellement ébranlé par l’argumentation et l’interrogation de l’Apôtre ? Les commentateurs catholiques, en général, seraient de cet avis. En fait, la réponse du roi est assez équivoque ou plutôt difficile à interpréter. On ne sait quel sens exact attribuer à la locution iv ôXCyu, in modico. Act., xxvi, 28. Cependant on ne peut nier qu’Agrippa n’ait été convaincu par la défense de l’Apôtre, puisqu’il affirme au procurateur que saint Paul pourrait être renvoyé, s’il n’en avait appelé à César. C'était, après l’audience, l’opinion des trois interlocuteurs, Agrippa, Bérénice et Festus : « Cet homme n’a rien fait qui mérite la mort ou les chaînes. » Quoi qu’il en soit, Agrippa ne changea rien, après cette entrevue avec saint Paul, dans sa ligne de conduite. Josèphe, Antiq. jud., XVIII, v, 4 ; XIX, ix, 2 ; XX, ix, 4 ; Bell, jud., II, xiii, 1 ; xvi, 3 ; xvii, 1, etc. ; Dion Cassius, lx, 8 ; Tacite, Hist., ii, 81 ; v, 1-13 ; Ann., xii, 23 ; xiii, 7. E. Jacquier.

AGUR (hébreu : 'Âgûr, « collectionneur » ), fils de Yâqéh. Ce nom se lit en tête du premier des trois appendices qui terminent le livre des Proverbes de Salomon, xxx, 1. La plupart des anciens commentateurs juifs et catholiques ont considéré le nom d’Agur comme symbolique, et c’est en suivant cette opinion que saint Jérôme a traduit dans la Vulgate : Verba Congregantis, filii Vomentis. Il rend les noms propres par des noms communs, parce qu’il suppose que le nom d’Agur, Congredans, « collectionneur, » a été pris par Salomon comme celui de Kôhélef ou Ecclésiaste, Eccle., i, 1, et que le nom de Yâqéh, Vomens, « vomissant, » est celui de David. Il faut convenir que ces interprétations sont peu naturelles, et qu’il est plus simple d’admettre qu’il a existé réellement un Israélite, renommé pour sa sagesse, auteur des maximes réunies dans Proverbes, xxx, 1-33, et appelé Agur, fils de Yâqéh. D’après la suite du texte, tel qu’on le lit d’après les Massorètes, il semble avoir eu pour disciples ou pour amis deux autres personnages, Ithiel et Ukal. Notre Vulgate n’a point vu là des noms propres, et elle a traduit : Visio, quant locutus est vir, cum quo est Deus, et qui Deo secum morante confortatus… Un certain nombre de commentateurs modernes sont d’accord avec notre version latine pour couper les mots autrement que ne le fait le texte massorétique, mais ils expliquent ainsi le sens : « Je me suis fatigué, ô Dieu, et je suis sans force, » ou « je me suis retiré. » Enfin plusieurs, tels que Bunsen, Bibehærk, t. i, p. clxxviii, croient que le mot matoâ', que saint Jérôme a rendu par « vision », et qui, d’après