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AGRICULTURE CHEZ LES HÉBREUX — AGRIPPA

ii, 4 ; IV Reg., iv, 18. On faisait de même pour les travaux de la vigne. Matth., xx, 1-7. Quand les ouvriers étaient nombreux, il y avait un chef ou surveillant qui était placé à leur tête. Ruth, ii, 5 ; I Par., xrvu, 26-31. Comme la plus grande partie de la Palestine est montagneuse, on construisait sur le flanc des collines et sur les pentes des murs formant terrasse, de manière à faciliter la culture et à retenir la terre végétale, pour qu’elle ne fût pas emportée à l’époque des pluies. On entretenait ces terrasses avec soin, et c’est la négligence qu’on a apportée depuis à les conserver qui a rendu une si grande partie du pays stérile. Çà et là, on en voit encore des restes. Dans les plaines, on arrosait les terres, lorsqu’il était possible d’y amener les eaux au moyen de petits canaux. C’est à quoi lait allusion le texte des Proverbes, xxi, 1, « divisiones aquarum ; » le mot rendu dans la Vulgate par « divisions des eaux » est en hébreu péleg, qui signifie « canal ». (Ce mot péleg se lit aussi Ps. i, 3.) Cf. Mischna, Moed qaton, I, 1 ; Surenhusius, Mischna sive totius Hebrœorum juris systema, Amsterdam, 1698, t. ii, p. 403.

Afin de protéger les récoltes contre les bêtes fauves et les maraudeurs, on entourait souvent les champs de haies, Is., v, 2-5 ; Matth., xxi, 33 ; cf. Ps. lxviii, 41 ; Ezech., xxxviii, 20, etc., et l’on y élevait, surtout dans les vignes, des tours de garde où il y avait des gardiens pour les surveiller, Is., 1, 8 ; Jer., iv, 17 ; Job, xxvii, 18, etc., usage qui subsiste encore, dans les environs de Bethléhem, par exemple. Voir Tours de garde. Quand il n’y avait pas de haie ou de mur, on entourait quelquefois la partie de la propriété où était semé le blé ou l’orge d’une bordure de kussémef (probablement la vesce), comme nous l’apprend Isaïe, xxviii, 25, afin de défendre ainsi contre les déprédations des passants ce qui devait fournir la récolte principale. La loi autorisait d’ailleurs les passants qui avaient faim à cueillir quelques épis avec la main. Deut., xxm, 25 ; Matth., xil, 1.

VI. Fléaux de l’agriculture. — Les fléaux les plus fréquents et les plus redoutables pour les cultivateurs étaient la sécheresse et les sauterelles. La sécheresse est mortelle pour les récoltes dans les pays chauds, la terre ne pouvant produire qu’autant qu’elle a l’humidité nécessaire. La presque totalité de la Palestine n’ayant pas d’autre arrosage que celui du ciel, quand la pluie fait défaut, on ne peut compter sur aucune récolte, et la famine en est la conséquence. Malheureusement le cas n’est pas très rare ; les Livres Saints en mentionnent un certain nombre d’exemples, à partir de l’époque patriarcale. Gen., xii, 10 ; xxvi, 1 ; xlii, 5 ; xmi, 1, etc. L’insuffisance de la pluie était naturellement plus ou moins nuisible aux récoltes, selon que cette insuffisance était plus ou moins grande. Si la pluie arrivait à contretemps, elle était également désastreuse. — Les sauterelles étaient aussi un ennemi redoutable pour les récoltes. Lorsqu’elles étaient nombreuses, elles ravageaient et dévoraient tout. III Reg., vin, 37 ; Joël, i, 4-7. Voir Sauterelles.

A. ces deux fléaux destructeurs, il faut en ajouter un troisième, qui était moins grave et moins général, mais qui faisait néanmoins encore beaucoup de mal : le vent brûlant de l’est, ventus urens, appelé en hébreu qâdîm (connu en Egypte sous le nom de khamsin). Lorsqu’il soufflait avec violence et d’une manière un peu prolongée, il desséchait les épis et les empêchait de porter leur fruit, en produisant une sorte de brûlure, qui lui a fait donner le nom d’uredo dans quelques passages de la Vulgate. Gen., XLI, 6, 23.

Contre tous ces fléaux, l’homme est impuissant. Dieu s’en servit miraculeusement, dans l’ancienne Loi, comme nous l’avons vu plus haut, pour tenir son peuple dans l’obéissance ; il le châtia par la lamine, quand ses ordres furent violés et méconnus ; il le récompensa, au contraire, par d’abondantes récoltes, lorsque ses prescriptions furent exactement observées et son culte fidèlement pratiqué. Is.,

xxx, 23 ; Jer., iii, 3 ; y, 24 ; xiv, i ; Ps. Lxvii, 10 ; cxlvi, 8 ; Zach., x, 1, etc.

VII. L’agriculture dans les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament. — L’agriculture, tenant une si grande place dans la vie des Hébreux, en occupe aussi naturellement une considérable dans l’Écriture Sainte. Elle nous a fourni les renseignements qui précèdent, soit directement par des informations historiques, soit indirectement par voie d’allusion et de comparaison. Les auteurs sacrés n’ont jamais parlé ex professo de l’agriculture, mais leurs écrits sont pleins d’indications sur ce sujet. Ceux qui ont rédigé les livres historiques nous ont instruits sur ce point par le récit même des faits ; les écrivains didactiques et les prophètes en ont tiré, comme d’un trésor inépuisable, une multitude d’images et de métaphores. Osée, x, 11 - 13, etc. La culture de la vigne a fourni à Isaïe le sujet d’une de ses plus belles allégories, Is., v, 1-7 ; cf. Jer., ii, 21 ; Ezech., xvii, 6, etc. ; Notre -Seigneur a emprunté aux travaux agricoles une grande partie de ses paraboles, Matth., xiii, 3-41 ; Luc, viii, 5-15, etc. ; saint Paul s’est servi du mystère de la germination de la semence dans le sein de la terre pour enseigner aux Corinthiens le dogme de la résurrection des corps, I Cor., xv, 36-37, et de la comparaison de l’olivier sauvage et de l’olivier franc pour expliquer aux Romains la vocation des Gentils à la foi, Rom., xi, 17 ; il nous apprend que nous sommes, « Dei agriculture, » un champ que Dieu lui-même cultive ; par ses ministres, il plante et arrose la foi dans nos âmes, et lui-même y fait croître et porter des fruits. I Cor., iii, 6-7, 9. Il faudrait citer une partie notable des Psaumes, des Proverbes, de l’Ecclésiastique et des livres prophétiques, rien que pour faire connaître les figures principales que leur ont fournies la vie, les travaux et les productions agricoles. Mentionnons seulement la peinture que l’Ecclésiastique nous fait de la Sagesse, comparée a un arbre qui jette de profondes racines, xxiv, 13, 16, et qui est belle comme les plus beaux arbres, embaumée comme les parfums les plus odorants, féconde comme la vigne la plus fertile, xxiv, 17-23. La vie pastorale, inséparable de la vie agricole proprement dite, n’a pas donné moins d’images aux écrivains sacrés. Ps. xxii, 1-4 ; Ezech., xxxiv, Joa., x, etc.

VIII. Bibliographie. — Bl. Ugolini, Commentarius de re rustica Hebrxorum, dans son Thésaurus antiquitatum sacrarum, t. xxix, 1765, col. 1-520 ; Chr. B. Michælis, Dissertatio philologica de antiquitatibus œco~ nomix patriarcalis, dans la même collection, t. xxiv, col. ccxxih-ccclxxiv ; H. Chr. Paulse, Zuverlâssige Nachrichten von dem Ackerbau der Morgenlânder, mit Kupfern, in-4°, Helmstadt, 1748 ; Mt. Norberg, De agricultura orientali, dans ses Selecta opuscula academica, édit. J. Norrmann, 3 in-8°, Lund, 1817-1819, t. iii, p. 474 et suiv. ; P. S. Girard, Mémoire sur l’agriculture de l’Egypte, dans la Description de l’Egypte, État moderne, t. ii, I™ part., in-f°, Paris, 1812, p. 491-711 ; J. Jahn, Biblische Archàologie, 5 in-8°, Vienne, t. i, 2e édit., 1817, § 63-88, p. 339-431 ; J. L. A. Reynier, De l’économie politique et rurale des Arabes et des Juifs, in-8°, Genève et Paris, 1820 ; P. Schegg, Biblische Archàologie, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1886, p. 62-104.

F. Vigouroux.

    1. AGRIPPA##

AGRIPPA (’Arpîmcoç). Nom qui a été assez commun chez les Grecs et les Romains, et qui a été porté par deux membres de la famille d’Uérode. La signification en est inconnue.

1. AGRIPPA I". Il fit mourir saint Jacques le Majeur et emprisonner saint Pierre. U n’est désigné dans les Actes que sous le nom d’Hérode. Act., xii, 1, 6, 11, 19-23. Voir Hérode 6.

2. AGRIPPA II. Hérode Agrippa ii, surnommé le Jeune par Josèphe, Ant. jud., XX, v, 2, arrièrepetit-fils d’Hérode le Grand, était fils d’Hérode Agrippa 1° et