tranchées, on l’appelle onyx et l’on s’en sert pour faire des camées ; on l’appelle calcédoine, si elle est gris de perle ou bleuâtre, très translucide ; cornaline, si elle est rouge sang ou brun jaunâtre ; sardoine, si elle est rouge brun foncé ; chrysoprase, si elle est vert pomme ; saphirine, si elle est bleu de ciel uniforme ; plasma, si elle est vert pré (cette dernière couleur ne se trouve que dans des gemmes antiques), etc. Le principal gisement de l’agate est le terrain de grès rouge. Les pierres précieuses dont fut orné le rational avaient été certainement apportées d’Égypte. On trouvait des agates dans les environs de Thèbes. Pline, xxxvii, 54.
AGÉ (hébreu : 'Âgé', a fugitif ; » Septante : Ἄσα), père de Semma, qui fut l’un des guerriers renommés de l’armée de David. II Reg., xxiii, 11.
AGELLI Antonio ou AGELLIUS, selon la forme latinisée de son nom, né en 1532, à Sorrente, au royaume de Naples, entra dans la congrégation des théatins. Jeune encore, il fut envoyé à Rome, où il se fit bientôt remarquer par son érudition, et surtout par sa profonde connaissance de la Sainte Écriture et des langues bibliques. Nommé inspecteur de l’imprimerie vaticane, il en dirigea très heureusement les travaux ; c’est là qu’il entreprit une édition du Nouveau Testament grec, enrichie de diverses leçons. Il travailla à l'édition sixtine des Septante, et recueillit en même temps les fragments de l’Itala. Enfin il fit partie de toutes les commissions qui, de Grégoire XIII à Clément VIII, turent chargées de reviser la Vulgate. En 1593, sa nomination à l'évéché d’Acerno l’enleva à ses chères études, au grand regret du monde savant. (Lettre de Pierre Morin à Cajetan, 1595). Après quelques années de sage administration, il se démit de son évêché, et quatre ans après, 1608, il mourut à l'âge de soixante-seize ans. Les œuvres scripturaires d’Agellius, écrites en bon latin, sont : 1° Commentarius in Threnos, collectus ex auctoribus græcis et in eosdem explicatio et catena græcorum Patrum ex ejusdem versione, in-4o, Rome, 1598 ; 2° Commentarius in Psalmos et Cantica, in-f°, Rome, 1606 ; Cologne, 1607 ; Paris, 1611 ; 3° Commentarius in Proverbia Salomonis, Vérone, 1649 (parmi les œuvres du théatin Aloysio Novarini) ; 4° Commentarius in prophetam Habacuc, in-8o, Anvers, 1697. Il composa également en latin d’autres ouvrages restés manuscrits à Rome : un commentaire sur Isaïe, depuis le chap. xx jusqu'à la fin ; une explication de Daniel ; des notes sur les douze petits prophètes ; des notes sur les Épîtres, en grec et en latin ; des notes sur les trois premiers chapitres de l’Apocalypse ; des extraits des rabbins sur Job ; un petit traité des poids et des mesures. Son œuvre principale est son commentaire sur les Psaumes, œuvre vraiment remarquable, et peut-être le meilleur commentaire du xviie siècle, loué sans restriction, non seulement par des catholiques, mais aussi par des protestants et des rationalistes, et en particulier par Rosenmüller, qui s’en sert très souvent, et qui vante son érudition et sa perspicacité. Voici la méthode suivie par Agellius dans son commentaire : dans les passages difficiles ou différents de l’original, il remonte du latin au grec, et du grec à l’hébreu. Par là il arrive souvent à d’heureuses solutions. L’explication suit chaque verset du psaume ; elle est claire, abondante, parsemée d’extraits bien choisis dans les meilleures interprétations des Pères. Ils sont empruntés surtout à des commentaires moins connus en Occident, comme ceux de saint Athanase, Origène, Didyme, saint Jean Chrysostome, Théodoret, etc. Le seul reproche général qu’on peut lui faire, reproche que méritent du reste presque tous les commentateurs, c’est de mélanger dans la même note le sens littéral et le sens spirituel, au lieu de traiter ce dernier à part à la fin du psaume. Cette juxtaposition dans chaque note, des deux sortes d’explications jette quelque trouble, et empêche de suivre aussi facilement et aussi nettement l’enchaînement des idées dans le sens littéral. Voir Hurter, Nomenclator litterarius, t. i, p. 368 ; Le Long, Bibliotheca sacra, t. ii, art. Agellius ; Richard Simon, Lettres antiques, lett. 26, édit. de 1730 ; Ugheli, Italia sacra, t. vii.
AGENOUILLER (s'). Voir Adoration, Prosternement.
AGES DU MONDE. Voir Chronologie.
AGGÉE (hébreu : Ḥaggaï ; Septante : Ἀγγαῖος) » le dixième des petits prophètes.
I. Traditions sur Aggée. — Aggée, disent les traditions, serait né en exil en Chaldée, et serait venu en Judée avec Zorobabal. De concert avec celui-ci, il aurait aidé par ses exhortations et par ses prophéties à rétablir le temple. Il aurait fait partie de la grande synagogue. Il serait mort enfin très âgé, et aurait été enseveli parmi les prêtres avec les honneurs qui leur sont rendus. De tout cela, il n’y a de certain que ce que rapporte l'Écriture, savoir : qu’il vécut après la captivité de Babylone, qu’il contribua efficacement à rebâtir le temple, I Esdr., v, 12 ; VI, 14, et qu’il écrivit le petit livre qui porte son nom. — Une méprise sur le sens d’Aggée, i, 13 ( « nuntius Domini, » male’ak [angelus] Yehôvâh), fit croire autrefois à plusieurs qu’il était un ange sous forme humaine. De même, c’est en interprétant mal Aggée, ii, 4 (héb., 3), que H. Ewald, Die Propheten des Alten Bundes, Gœttingue, 1868, p. 178, a voulu le ranger parmi ceux qui avaient vu le premier temple : c’est un sens qui n’est pas nécessaire.
II. Mission d’Aggée. — Voici quelle fut la mission de ce prophète. Les soixante-dix ans de captivité prédits par Jérémie étaient passés. Cyrus, suscité de Dieu, avait porté son édit de retour. Très peu en profitèrent, relativement parlant. À peine arrivés, ils relevèrent au milieu des ruines et des décombres l’autel des holocaustes. Puis ils se mirent en devoir de rebâtir le temple. Ils en posèrent bientôt les fondements. Après quoi il y eut un arrêt. « Les peuples des pays d’alentour, » les Samaritains surtout, leur firent opposition. Sous le coup de leurs menaces et de leurs intrigues à la cour persane, la jeune colonie « sentit ses bras tomber ». Ainsi contrariés, et déçus dans leur espoir d’une restauration qu’ils avaient rêvée splendide et glorieuse, les Juifs se laissèrent aller au découragement et ils ne firent rien pendant les dernières années de Cyrus et les règnes d’Assuérus et d’Artaxerxès, rois de Perse. Voir Assuérus et Artaxerxès. Un décret fut même arraché à celui-ci, qui interdisait formellement la reconstruction commencée. I Esdr., iv, 17-22. Les choses en étaient là, lorsque la seconde année de Darius, fils d’Hystaspe (520) Dieu suscita l’esprit de deux prophètes, Aggée et Zacharie. Ces deux grands hommes, « magni spiritus prophetæ » dit saint Jérôme, Comm. in Aggæum, Prol., t. xxv, col. 1388, éveillèrent de leur torpeur les Judéens négligents. On reprit sous la direction de Zorobabel, satrape de Juda pour les Perses, et de Jésus, fils de Josédec, grand prêtre, l'œuvre interrompue. Les ennemis voisins auraient voulu encore y faire obstacle. Ils écrivirent en ce sens à Darius. Mais Darius, revenant à la politique première de Cyrus, leur fit défense de molester les travailleurs. La reconstruction marcha dès lors à grands pas, et elle était achevée quatre ans après, grâce surtout aux prophètes. I Esdr., vi, 14. On fit la dédicace du nouveau temple le 4 du mois d’adar de l’an 516. I Esdr., vi, 14-15. Voir B. Neteler, Die Bücher Esdras, Munster, 1877, p. 9 et suiv. — On voit par là quelle fut en somme la mission d’Aggée. Il fut envoyé de Dieu pour rebâtir le temple et relever les espérances messianiques qui tombaient. C'était une mission du premier ordre. On n’ignore pas, en effet, l’idée qui pour Israël s’attachait au temple : c'était le signe et le symbole de l’alliance passée entre lui et Dieu, le centre du culte et de la religion. Le temple rebâti, c'était à peu d’intervalle et les murs de la ville reconstruits, et la ville