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AGAR — AGATE

fant. Il grandit ; sa mère demeura constamment avec lui, et lui donna pour épouse une Égyptienne, Gen., xxi, 9-21. Les Ismaélites, renommés par leur habileté commerciale et animés de la prudence terrestre, sont appelés par Baruch, III, 23, fils d’Agar.

L’entrée d’Agar dans la famille d’Abraham et son bannissement avaient un caractère figuratif, qui a été signalé par saint Paul. Gal., iv, 23-31. La femme esclave, qui enfante dans l’esclavage, représentait la synagogue, dont les fils sont esclaves de la loi, d’une loi de servitude. Parce qu’ils persécutaient les fils de la femme libre, les fils de la promesse, les enfants de l’Église, ils ont été exclus de la famille et du peuple de Dieu et n’ont pas partagé avec les chrétiens l’héritage des bénédictions promises, comme Agar et Ismaël furent chassés de la maison d’Abraham et n’héritèrent pas de ses biens.

Les Arabes, issus d’Ismaël, ont gardé dans leurs traditions le souvenir d’Agar, leur aïeule. Les données bibliques y sont altérées. Agar devient la femme principale d’Abraham ; elle habite la Mecque, et la fontaine qui lui fut montrée par l’ange est le fameux puits Zemzem, renfermé dans l’enceinte de la Kaaba. Abraham dut sacrifier Ismaël par ordre de Dieu. Voir d’Herbelot, Bibliothèque orientale, in-f°, Paris, 1697, aux mots : Abraham, p. 15 ; Hagiar, p. 420 ; Zemzem, p. 927.

AGARAI (hébreu : Hagri, « fugitif ( ?) ; » Septante :Ὰγαρί), père de Mibahar, qui fut un des guerriers renommés de l’armée de David, I Par., xi, 38. Dans le passage parallèle, II Reg., xxiii, 36, on lit Bonni de Gadi au lieu de Mibahar filius Agarai. « Hagri » a la forme d’un nom de race. Voir Agarien.


AGARÉENS, AGARÉNIENS (hébreu : Hagrîm, Ps. lxxxii ( hébreu : lxxxiii), 7 ; Hagrî’îm, I Par., v, 19, 20 ; au singulier, Hagrî, I Par., xxvii, 31 ; Septante : Ἀγαραῖοι, I Par., v, 20 ; Ἀγαρηνοι, Ps. lxxxii, 7 ; I Par., v, 19 ; Ἀγαρίτης, I Par., xxvii, 31), peuplade arabe contre laquelle luttèrent les tribus transjordaniques de Ruben, de Gad et la demi-tribu de Manassé. Plusieurs auteurs la rattachent à Agar, servante d’Abraham et mère d’Ismaël. Leur supposition s’appuie sur le nom lui-même, et sur la confédération de cette peuplade avec Jétur (Ituréens) et Naphis, tous deux fils d’Ismaël, Gen., xxv, 15, confédération mentionnée I Par., v, 19 (d’après l’hébreu). Cependant les Agaréniens sont distingués des Ismaélites dans le psaume lxxxii, 7-9. Gesenius, admettant leur émigration vers le golfe Persique, applique au nom le sens de fugitifs d’après l’étymologie, hébreu : hâgar ; arabe : hadjar, « il a fui. » Thésaurus linguæ heb., p. 365. On les assimile généralement aux Agréens, Ἀγραῖοι, dont parlent Strabon, xvi, 767 ; Ptolëmée, v, 19 ; Pline, vi, 32, et qui, comme les Nabatéens et les Chaulotéens, devaient se trouver sur la route principale de la mer Rouge à l’Euphrate.

Les Agaréens, d’après I Par., v, 10, habitaient à l’orient du pays de Galaad. Le rang qu’ils occupent dans l’énumération des différents peuples ennemis d’Israël, Ps. lxxxii, 7-9, correspond assez bien à ce renseignement, le seul précis que nous possédions ; ils sont, en effet, cités entre les Moabites et les Ammonites. Plusieurs auteurs ont cru retrouver le nom et la demeure de cette tribu dans le Hedjar ou Hedjer actuel, pays qui, plus souvent appelé El-Hasa, est compris entre la chaîne des plateaux du Nedjed et la côte occidentale du golfe Persique, et s’étend des lies Bahreïn au sud jusqu’à Koveït au nord. Parmi les habitants de cette région se trouvent les Benow-Hadjâr, et on mentionne une ancienne ville de ce nom, maintenant en ruines, à deux ou trois journées de Hofhouf, capitale actuelle du pays de Hasa. Mais, dans cette hypothèse, il faut admettre que les Agaréens sont venus prendre possession de cette contrée après avoir été chassés de leur séjour primitif par les tribus transjordaniques d’Israël

Ce peuple n’est cité dans l’Écriture que pour ses démêlés avec les Hébreux : une seule exception est à faire à propos de Jaziz, membre de cette tribu, qu’on voit parmi les surveillants des troupeaux de David. I Par., xxvii, 31. Du temps de Saül, les Rubénites combattirent contre les Agaréens, et, après les avoir vaincus, « s’établirent dans leurs tentes, sur toute la plage orientale de Galaad. » I Par., v, 10. Plus tard, « les fils de Ruben, de Gad et la demi-tribu de Manassé, tout ce qu’il y avait d’hommes torts portant le bouclier et l’épée, et bandant l’arc et sachant combattre, au nombre de quarante-quatre mille sept Cent soixante guerriers, combattirent contre les Agaréens, et (d’après l’hébreu et les Septante) contre Jétur, et Naphis, et Nodab. Et ils furent victorieux contre eux, et les Agaréens et tous ceux qui étaient avec eux furent livrés entre leurs mains… Et ils prirent tout ce qu’ils possédaient, cinquante mille chameaux, et deux cent cinquante mille brebis, et deux mille ânes. » I Par., v, 18-21. Ce butin montre assez quelles étaient les richesses et l’importance de ces tribus pastorales. La conquête, du reste, fut complète, puisque les vainqueurs, ajoute le texte, « s’établirent à la place [des vaincus] jusqu’à la transmigration. » I Par., v, 22. À une époque incertaine, peut-être sous le roi Josaphat, II Par., xx, les Moabites et les Ammonites, encouragés par les Assyriens, furent l’âme d’un soulèvement général des peuples voisins contre Juda, et les Agaréniens entrèrent dans la coalition. Ps. lxxxii, 7.


AGATE, pierre précieuse, estimée dans l’antiquité comme de nos jours (fig. 41). Elle est nommée deux fois, dans la Vulgate, achates, Exod., xxviii, 19 ; xxxix, 12 (Septante : ἀχάτης), où elle est la traduction du mot hébreu שבא, šebô, qui désigne la seconde pierre de la troisième série des pierres précieuses placées sur le rational du grand prêtre. Voir Rational. L’étymologie du mot šebô est douteuse (cf. assyrien : šubû, « pierre précieuse » ), et ne nous donne aucune lumière sur la nature de l’objet qu’il sert à dénommer. Il est possible que šebô ait quelque rapport avec le pays de Saba, שבא, šebâ, d’où les caravanes apportaient sur les marchés de Phénicie, entre autres objets, des pierres précieuses. La traduction des versions anciennes par « agate » n’a d’ailleurs rien d’inacceptable, et elle est, en effet, généralement admise. Suivant Théophraste, De lapid., 58, et Pline, xxxvii, 54 (10), le nom grec et latin de l’agate vient d’un fleuve de Sicile appelé Ἀχάτης, aujourd’hui Drillo, dans le Val di Noto, sur les bords duquel auraient été trouvés les premiers minéraux de cette espèce. L’agate est une variété du quartz à structure concrétionnée. Elle se compose ordinairement de zones concentriques, constituées par une matière siliceuse, qui s’est déposée par couches successives dans une cavité naturelle (fig. 42). Elle est d’une texture très fine, à cassure conchoïde et susceptible d’un beau poli. Généralement translucide, elle offre une grande variété de couleurs et prend différents noms suivant sa nuance : quand les bandes sont peu nombreuses et de couleurs

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41. — Cylindre

assyrien en agate.

Bibliothèque nat.

42. — Agate.