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AGABUS — AGAPES

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    1. AGABUS##

AGABUS (*Ara60c) r prophète chrétien du 1° siècle. Ce nom propre est-il dérivé de hâgâb, « sauterelle » (Drusius), ou de’âgab, « il aima s (Grotius, suivi par Witsius et Wolf) ? La réponse est douteuse. Agabus était originaire de la Judée ; il en est question deux fois dans les Actes des Apôtres, xi, 28, et xxi, 10. On a cru, parce que saint Luc en parle la seconde fois comme s’il n’en avait encore rien dit, qu’il y avait eu deux prophètes de ce nom ; mais le nom, la fonction, le pays d’origine, l’époque, sont trop identiques pour qu’on ne conclue pas à un seul personnage.

Au temps où saint Paul et saint Barnabe évangélisaient Antioche, des prophètes vinrent de Jérusalem à Antioche. L’un d’eux, nommé Agabus, éclairé par l’Esprit-Saint, prédit par un acte symbolique qu’une grande famine allait désoler toute la terre. L’événement, disent les Actes, xi, 28, se réalisa sous le règne de Claude. Il y eut, en effet, à cette époque des famines en diverses contrées : une en Grèce, Eusèbe, Chron., i, 79, et deux à Rome, Suétone, Claudius, xviii ; Dion Cassius, LX, xi ; Tacite, Annales, XII, xun. Il est probable cependant que la famine prédite par Agabus est celle qui désola la Judée en 44-48. Le texte grec dit, il est vrai, que le iléau devait s’étendre à toute la terre, ècp’SXtjv tïiv oïxounÉvrjv ; mais on sait que cette expression est employée à diverses reprises par les Saints Livres dans un sens restreint, pour désigner la Judée ou la contrée dont il est question dans le récit. Le verset suivant des Actes indique assez clairement que la famine sévit en Judée seulement, puisque les disciples d’Antioche envoyèrent à cette occasion des secours aux frères de Judée. L’auraient-ils pu faire, s’ils avaient été eux-mêmes en proie au même fléau ? Josèphe raconte qu’une terrible famine sévit en Judée, Antiq.)ud., XX, ii, 6 ; v, 2, lorsque Cuspius Fadus et Tibère Alexandre étaient procurateurs, fin de 44 à 48 ; elle dura trois à quatre ans, et fit de nombreuses victimes. Pour venir en aide à la population, qui mourait de faim, Hélène, reine d’Adiabène, qui était alors à Jérusalem, fit venir du blé de Chypre et d’Egypte.

Agabus retourna en Judée, puisque seize ans après on le retrouve à Césarée, venant de ce pays. De Ptolémaïde, saint Paul était venu à Césarée, où il descendit chez Philippe l’évangéliste, l’un des sept : « Et, disent les Actes des Apôtres, xxi, 10, comme nous y demeurions quelques jours, il arriva de Judée un prophète nommé Agabus. Étant venu nous voir, il prit la ceinture de Paul, et, se liant les pieds et les mains, il dit : « Voici ce que dit l’Ksprit-Saint : Les Juifs lieront ainsi à Jérusalem l’homme à qui « appartient cette ceinture, et le livreront entre les mains « des Gentils. » L’événement justiûa la prophétie. On remarquera qu’ici encore, comme au chapitre XI, le prophète Agabus annonce l’avenir par une action symbolique, tout en l’accompagnant d’une explication. Cette conduite rappelle celle des prophètes de l’Ancien Testament, III Reg., xxii, 11 ; Is., xx, 1, etc. ; Jer., xiii, 1, etc. ; Ezech., iv, 1, etc. Les Grecs croyaient qu’Agabus était l’un des soixante-dix disciples, et qu’il avait été martyrisé à Antioche. Ils avaient fixé sa fête au 8 mars, tandis que les Latins la célébraient, depuis le IXe siècle, le 13 février : Tillemont, Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique des cinq premiers siècles, 1 1, p. 206. E. Jacquier.

1. AGAG (hébreu : ’Agâg, signification inconnue ; Septante : ’AyÔY), nom peut-être générique des rois d’Amalec, Num., xiiv, 7, et sous lequel est plus particulièrement connu celui de ces rois qui fut vaincu par Saül dans la guerre sainte entreprise par l’ordre de Samuel. I Reg., xv, 1-8. D’après la volonté formelle de Dieu, cette guerre avait pour objet l’extermination des Amalécites, ennemis jurés d’Israël. Dès lors Agag, vaincu et tait prisonnier, devait être mis à mort avec les autres captifs et tout ce qui avait vie, tandis que le butin devait être détruit. Saül désobéit à cet ordre divin : il passa les captifs au fil de l’épée, détruisit du butin et des troupeaux ce qu’il y avait de moins bon,

garda le reste, et laissa la vie à Agag. Le prophète Samuel, l’ayant appris, en fut très irrité, et, après avoir prononcé au nom de Dieu la réprobation de Saûl, il fit amener Agag en sa présence. Ceci se passait à Galgala. I Reg., xv, 26-28. Le captif vint tout tremblant, et il disait : « Faut-il qu’une mort amère me sépare ainsi de tout ! » ^. 32. C’est du moins la traduction de la Vulgate et des Septante, qui s’éloignent notablement du sens de l’hébreu, d’après lequel Agag, se confiant dans la décision prise par Saûl à son sujet, s’approchait joyeusement (hébreu : mtx’adannôt ) de Samuel, en disant : « Assurément l’amertume de la mort est passée. » Quoi qu’il en soit, le prophète, s’armant du glaive de la colère divine, prononça sur Agag la loi du talion, Exod., xxi, 23-25 : « Comme votre épée a ravi les enfants à tant de mères, ainsi, parmi les femmes, que votre mère soit sans enfants ! » I Reg., xv, 33 ; et il le frappa à mort « devant Jéhovah », c’est-à-dire en rendant par là hommage à l’ordre de Jéhovah. Cette expression a donné aux rationalistes l’occasion d’attaquer ce récit, sous prétexte qu’elle signifie un vrai sacrifice, d’où l’imputation faite aux Hébreux d’avoir offert à Dieu des sacrifices humains. Max Dunker, Geschichte des Alterthums, Berlin, 1863, t. i, p. 277-278. Il est facile de constater que cette accusation ne repose sur aucun fondement, car Agag subit la mort, comme tous les autres captifs, en vertu d’une mesure politique ordonnée par Dieu, savoir : l’extermination totale du peuple amalécite, toujours menaçant pour Israël, et d’ailleurs chargé de crimes abominables, qui méritaient ce châtiment. Il suffit d’étudier la législation rituelle des Hébreux sur les victimes à employer dans les sacrifices, pour se convaincre qu’il ne pouvait venir à la pensée de Samuel d’offrir à Dieu en sacrifice un Amalécite, un gôï ou païen, un homme souillé de tous les crimes, par conséquent une victime impure au premier chef. On peut penser avec quelques exégètes catholiques que, par les mots « devant Jéhovah », il faut entendre « devant l’autel élevé au Seigneur à Galgala », sans voir dans cette immolation un vrai sacrifice. Le sens d’un simple hommage rendu à Dieu paraît d’ailleurs plus fondé.

P. Renard.

2. AGAG. Nem d’une province de la Médie. Esth., iii, . 1, 10 ; ix, 24. Voir Agagite.

    1. AGAGITE##

AGAGITE (hébreu : ’Âgâgî), Esth., viii, 3 ; ix, 6 ; cf. m, 1, 10 ; rx, 24. Les Septante transcrivent : Bojyaïo ; et MaxeSûv. Qualification ethnique donnée à Aman, l’ennemi des Juifs. La plupart des commentateurs, à la suite de Josèphe, Ant. jud., XI, vi, 5 ; cf. Targum Esther, in loc, ont cru que le mot « Agagite » signifiait qu’Aman était de la race du roi Agag, et par conséquent Amalécite ; mais les inscriptions cunéiformes nous ont révélé l’existence d’un pays d’Agag, d’où Aman devait être originaire. « On a longtemps cru, dit M. Oppert, Commentaire philologique et historique du livre d’Esther, 1864, p. 13, qu’Aman, fils d’Amadathi, était Amalécite… Et puisque déjà dans l’antiquité les noms d’Esaû, d’Amalec, étaient pris comme les désignations des païens d’Europe, les Septante traduisent l’hébreu’Âgâgî par MaxeSûv, « le Macédonien. » Néanmoins le nom d’Aman, ainsi que celui de son père, trahit une origine médoperse. Nous savons maintenant, par les inscriptions de Khorsabad, que le pays d’Agag composait réellement une partie de la Médie. » Voir Aman, Bugée, Macédonien.

    1. AGAPES##

AGAPES (du grec àrâinj, c amour, charité » ) désigna les repas communs que faisaient les chrétiens : à l’origine, en union avec la célébration de l’Eucharistie ; plus tard, en certaines circonstances seulement, suivant des usages qui ont varié avec les temps et avec les pays. Ces repas servaient à la fois à exprimer et à entretenir la charité chrétienne ; de là leur nom. Qu’ils remontent à l’époque des Apôtres, et qu’ils aient alors accompagné la célébration de l’Eucharistie, c’est ce qui ressort des instructions que