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ADLER —ADOMMIM

Copenhague, 1139. Cf. Schmidt, Predigt zum Andenken des Herrn Probst Adler in Altona, in-8°, 1805.

E. Levesque.

ADLI (hébreu : ʿAdlâï, abréviation pour ʿAdalyâh, « Jéhovah est juste (?) » ; Septante : Ἀδλί), père de Saphat, qui fut chargé des troupeaux de bœufs du roi David, qui paissaient dans la plaine. I Par., xxvii, 29.

ADMATHA (hébreu : ʾAdmâṭâʾ, « terrestre ? » ), un des sept principaux officiers de la cour d’Assuérus. Esth., 1, 14.

ADMINISTRATION. La manière dont la Palestine a été administrée et gouvernée a été différente aux diverses époques de son histoire. Voir Moïse, Juges, Rois, Machabées, Hérode.

ADOM (hébreu : ʾÂdâm), ville auprès de laquelle les eaux du Jourdain s’arrêtèrent, « se dressant comme une montagne, » quand les Hébreux passèrent miraculeusement le fleuve. Jos., iii, 16. Elle n’est citée qu’en ce seul endroit de l’Écriture. Ce mot, dont la Vulgate nous a probablement conservé la vraie prononciation (comparez Adommim), signifie « rouge », suivant certains auteurs (racine âdam, « être rouge ; » cf. Gesenius, Thesaurus linguæ heb., p. 24), ou bien emprunte son étymologie à la « terre argileuse », ʾădâmâh, qui se trouvait dans ces parages, entre Soccoth et Sarthan. III Reg., vii, 46. Il est à remarquer du reste que les localités de ce nom sont toutes dans la vallée du Jourdain, depuisla Pentapole jusqu’au lac de Tibériade : Adama, Adom, Èdéma, Adami.

L’emplacement d’Adom est d’autant plus difficile à déterminer, que la situation des endroits qui, comme Sarthan et Soccoth, pourraient servir de point de repère, est elle-même problématique, et que la traduction du passage où ces villes sont nommées offre dans les différentes versions, comparées avec le texte original, un sens un peu différent. L’hébreu doit, en effet, se traduire ainsi : « Et les eaux qui descendaient s’arrêtèrent en un monceau, très loin, auprès d’Adam, ville qui est à côté de Ṣarṭan. » Plusieurs auteurs, à la suite de Van de Velde et de Knobel, identifient ce dernier point avec le Djebel Ṣarṭabéh, montagne située à une certaine distance au nord de Jéricho, et qui, dominant de 608 mètres la vallée du Jourdain, la rétrécit en projetant ses contreforts du côté du fleuve. Si la supposition est juste, on peut très bien placer Adom à Tell Damiéh, à peu près en face, de l’autre côté du Jourdain, et un peu au-dessous du torrent de Jaboc (Ouadi Zerka). Outre la correspondance assez exacte entre les deux noms, la distance qui sépare ce point de la mer Morte est suffisante pour expliquer le récit biblique. Cependant, il faut l’avouer, la ressemblance onomastique entre Ṣarṭan et Sartabéh est peut-être plus apparente que réelle : cf. Clermont-Ganneau, Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, 1874, p. 173 ; et puis la position de Sarthan au Djebel Sartabéh n’est pas conforme à celle que lui donnent d’autres passages de l’Écriture, qui la placent près de Bethsan, au-dessous de Jezraël. III Reg., iv, 12. Voir Sarthan.

La paraphrase chaldaïque et la version syriaque suivent l’hébreu, et placent les deux villes dont nous venons de parler l’une auprès de l’autre. Les Septante, omettant le nom d’Adom, offrent une curieuse variante : « Et les eaux s’arrêtèrent., très, très loin, jusqu’à la région de Cariathiarim, » μακρὰν σφοδρα σφοδρῶς, ἕῶς μέρους Καριαθιαρίμ. Ils ont dû lire alors : meʾôd, meʾôd, « beaucoup, beaucoup, » au lieu de mêʾâdâm, « à partir d’Adom. » Stanley, Sinai and Palestine, Londres, 1866, Appendix, p. 524, note 2, retrouve Adom dans αριμ de Καριαθιαρίμ, avec la permutation si fréquente entre le daleth, ד, et le resch, ר. Nous aimons mieux y voir la défiguration du mot Ṣarṭan. Cette hypothèse, qui peut s’expliquer avec les caractères phéniciens, semble confirmée par le manuscrit alexandrin, qui porte ici Σιαράμ. C’est pour cela que M. Tyrwhitt Drake, Palestine Expl. Fund, Quart. Statement, 1875, p. 31, et les auteurs de la carte anglaise Old and New Testament Map of Palestine, Londres, 1890, feuille 10, placent Sarthan à Tell es-Sârem, un peu au-dessous de Beisan, l’ancienne Bethsan. Cet emplacement, plus conforme aux données de la Bible sur la même ville, correspond mieux aussi à la pensée exprimée par les versions grecque et latine, qui supposent nécessairement une certaine distance entre les deux endroits mentionnés dans Josué, iii, 16. La Vulgate, en effet, suivant le qeri, plus de vingt-cinq manuscrits signalés par Kennicott et de Rossi, et les plus importantes versions, traduit : « Depuis la ville qui est appelée Adom jusqu’au lieu nommé Sarthan. » Nos deux versions ont ainsi luʿad, « jusqu’à, » au lieu de ʿir, « ville. »

En somme, nous pouvons, jusqu’à meilleure découverte, retenir Tell Dâmiéh comme emplacement d’Adom. À une assez faible distance de cette colline, au sommet de laquelle on distingue quelques débris de constructions antiques, se trouvent les restes d’un pont, dont une partie a été emportée par le courant, et dont il ne subsiste plus que cinq arches dégradées, sur la rive gauche. À ce point, le Jourdain, qui n’a guère plus de quarante mètres de large, peut, à certaines époques, être traversé à gué.

ADOMMIM (Montée d’) (hébreu : maʿâlêh ʾAdummîm ; Septante : πρόσϐασις Ἀδαμμίν ; Vulgate : ascensio Adommim, Jos., xv, 1 ; ἀνάϐασις Αἰθαμίν, ascensus Adommim, Jos., xviii, 18), endroit mentionné deux fois seulement dans l’Écriture, comme limite entre la tribu de Juda au sud, et celle de Benjamin au nord. Jos., xv, 7 ; xviii, 18. Il se trouvait sur la route qui montait de Galgala ou de la vallée du Jourdain vers Jérusalem, et était situé au sud d’un torrent. Ibid. Ces détails nous permettent de le reconnaître facilement dans le Ṭalʿat ed-Dumm, sur le chemin de la ville sainte à Jéricho. Cette montée, que les Arabes appellent aujourd’hui ʿaqabet er-Riha, « montée de Jéricho, » suivait jusqu’à ces dernières années une voie antique, aux pavés disjoints, et qui par intervalle s’élevait en escalier. Elle vient d’être modifiée et remplacée par une route carrossable, qui va de Jérusalem à Jéricho. Elle longe précisément, dans les contours qu’elle décrit de Jéricho à Adommim, les bords méridionaux de l’Oued el-Kelt, qui, à mesure qu’on s’élève, s’enfonce de plus en plus profondément entre deux murailles presque verticales de rochers gigantesques. Voir la carte de la tribu de Benjamin.

Cet endroit s’appelait encore, au temps d’Eusèbe et de saint Jérôme, Μαληδομνεί, Maledomim, abréviation évidente des mots hébreux maʿâlêh ʾAdummîm. Onomasticon, Goettingue, 1870, p. 219, au mot Ἀδωμμείμ. Saint Jérôme, développant le passage d’Eusèbe, nous donne les détails suivants : « Adommim, … lieu appelé jusqu’à présent Maledomim ; en grec, ἀνάϐασις Πύῤῥων ; en latin, Ascensus Ruforum sive Rubentium, « montée des « Rouges, » à cause du sang qui y est fréquemment versé par les voleurs… Il y a là un poste militaire destiné à protéger les voyageurs. Ce lieu sanglant est mentionné par le Seigneur dans la parabole de l’homme qui descendait de Jérusalem à Jéricho. » Liber de situ et nominibus locorum heb., t. xxiii, col. 870. L’étymologie proposée par le saint docteur semble, suivant M. V. Guérin, confirmée par le nom de Qala’at ed-Demm, « château du sang, » donné à un petit fort dont on voit les restes sur une colline, à moitié route. Ce fortin, décrit par le savant explorateur, Description de la Palestine, Samarie, t. i, p. 156, occupe très probablement l’emplacement du poste militaire, le σφούριον d’Eusèbe, le castellum militum de saint Jérôme, qui s’élevait dans le village d’Adommim. Cependant plusieurs auteurs expliquent ce nom avec plus de vraisemblance par une raison purement géologique : il viendrait, d’après eux, de quelques roches d’un rouge