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ADAM (PALÉONTOLOGIE) — ADAM DE SAINT-VICTOR

n’ait fait usage de haches en bronze à l’embouchure de la Loire six siècles avant J.-C. Les haches de même métal qu’on a trouvées récemment soit sur l’acropole d’Athènes, soit dans un tombeau punique de Carthage, ne remontent pas, suivant toute vraisemblance, à une époque beaucoup plus reculée.

Nous jugeons inutile de mentionner les autres chronomètres naturels auxquels on a successivement eu recours. Aussi bien n’ont-ils point, à beaucoup près, la valeur du dernier. Qu’ils le veuillent ou non, les adeptes de la préhistoire doivent reconnaître que les longues évaluations que quelques-uns nous proposent n’ont aucune base scientifique. L’un d’eux, M. Salomon Reinach, n’hésite pas à en faire l’aveu : « Lorsque M. de Mortillet, dit-il, attribue une durée de 222 000 ans, dont 100 000 pour le moustérien, aux quatre phases de la période paléolithique, il abandonne le terrain de la science pour celui de la fantaisie, où la critique doit renoncer à le suivre. » Description raisonnée du musée de Saint-Germain-en -Laye, t. i, p. 78.

En somme, de toutes les chronologies, celle dont la Bible nous fournit les éléments est encore la plus autorisée, et nous avons beau chercher, nous ne voyons rien, absolument rien dans les sciences naturelles qui aille manifestement à l’encontre. Pas plus sur ce point que sur les autres, les traditions enseignées dans le texte sacré n’ont reçu de démenti. L’écrivain au nom peu suspect que nous venons de citer n’est pas loin sans doute de partager notre avis, quand il dit de ces traditions qu’elles « devaient être l’œuvre réfléchie d’une caste sacerdotale qui avait étudié avec beaucoup de perspicacité la physique du globe ; d’où les concordances si frappantes qu’où a signalées entre le texte biblique et les enseignements de la science moderne. » Ibid., p. 77.

Bibliographie. — 1° Auteurs favorables aux idées orthodoxes : abbé Duilhé de Saint-Projet, Apologie scientifique de la foi chrétienne, in-12, 1890, chap. xvii et xx ; le marquis de Nadaillac, Les premiers hommes et les temps préhistoriques, gr. in-8°, 1881, t. ii, p. 306-451 ; l’abbé Lecomte, Le darwinisme, in-12, 1873 ; le R. P. Hâté, L’homme-singe et nos savants, in-12, 1881. Jean d’Estienne, Le transformisme et la discussion libre, dans la Revue des questions scientifiques, avril 1889, l’abbé Thomas, Les temps primitifs et les origines religieuses, 2 vol. in-8°, 1890 ; Mgr Meignan, Le monde et l’homme primitif, in-8°, 1869, chap. VI ; Dr Jousset, Évolution et transformisme, in-12, 1889, p. 135-182 ; d’Acy, Les crânes de Canstadt, de Néanderthal et de l’Olmo, dans le compte rendu du premier congrès scientifique international des catholiques (1888), t. H ; Pozzy, La terre et le récit biblique de la création, in-8°, 1871, p. 373-449 ; Southall, The récent origin of man, in-8°, 1875 ; de Quatrefages, L’espèce humaine, in-8°, 1878, ch. xi-xiii ; Hommes fossiles et hommes sauvages, in-8°, 1884, § i et ii ; Introduction à l’étude des races humaines, in-8°, 1889, ch. iii et iv ; Marin de Cartanrois, Études sur les origines, in-8°, 1876, p. 545 et suiv. ; F. Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 4e édit., t. iii, ch. iii, p. 266-436, et t. iv, sect. iv et vi, 1 et suiv. ; Hamard, L’âge de la pierre et l’homme primitif, in-12, 1883, 1. Il et m ; Études critiques d’archéologie préhistorique, in-8°, 1880, p. 141-259 ; L’archéologie préhistorique et l’antiquité de l’homme, dans La Controverse et le Contemporain, août, octobre et novembre 1886, juillet et août 1887 ; Dictionnaire apologétique, gr. in-8°, 1889, articles : Antiquité de l’homme et Tertiaire.

Auteurs hostiles ou indépendants : Darwin, La descendance de l’homme, trad. franc., 2 vol. in-8°, 1873 ; Wallace, La sélection naturelle, trad. franc., in-8°, 1872, p. 318-391 ; Hæckel, Anthropogénie ou histoire de l’évolution humaine, trad. franc., in-8° ; Lyell, L’ancienneté de l’homme prouvée par la géologie, trad. franc., in-8°, 1870 ; J Lubbock, L’homme préhistorique, trad. franc., in-8°, 1876 ; Les origines de la civilisation, trad. franc., in-8°, 1873 ; Edward Tylor, La civilisation primitive, trad. franc., 2 vol. in-8° ; Schmidt, Descendance et transformisme, in-8°, 1880, p. 251-277 ; Trémaux, Origine et transformation de l’homme, in-12, 1865, p. 287-487 ; Dreyfus, L’évolution des mondes et des sociétés, in-8°, 1888, p. 203-335 ; Starcke, La famille primitive, in-8°, 1890 ; de Mortillet, Le préhistorique, in-12, 1883 ; du Cleuziou, La création de l’homme et les premiers âges de l’humanité, 1887, gr. in-8°.

P. Hamard.

2. ADAM DE BARKING, bénédictin anglais, florissait vers 1217. Il fit ses études à Oxford, et devint célèbre comme prédicateur et interprète des Saintes Écritures. Il écrivit en vers De serie sex ætatum, et en prose Super quatuor Evangelia, ouvrages restés manuscrits, et célèbres dans leur temps à cause de l’érudition et du talent littéraire de l’auteur. Voir T. A. Archer, dans L. Stephens’ Dictionary ef national biography, 1. 1, p. 76.

3. ADAM DE COURLANDON, chanoine doyen de Laon, mort après 1223, a laissé en trois in-f° manuscrits : Solutions de diverses questions sur l’Écriture Sainte, dédiées à Michel, archevêque de Sens. Gallia christiana, t. ix, p. 561.

4. ADAM DE MARISCO ou DU MARAIS, franciscain anglais, mort vers 1257. Il entra en religion vers 1237, et fut le premier professeur de l’école ouverte par les franciscains à Oxford. Ce fut un des principaux personnages de son époque, non moins célèbre par sa réputation de sagesse que par sa science, qui lui valut le surnom de Doctor illustris. Il composa un commentaire du Cantique des cantiques et une explication des Saintes Écritures, mais ses œuvres n’ont pas été imprimées. Voir Matthieu Paris, à l’an 1253 ; Wood, Antiquitates Univ. Oxonii, 1. 1, p. 72.

5. ADAM DE PERSEIGNE, d’abord chanoine régulier, puis bénédictin, enfin religieux de l’ordre de Citeaux. Il devint abbé du monastère de Perseigne, au diocèse du Mans, vers 1180. Il mourut en 1204, en laissant une grande réputation de sagesse. J. Trithème, abbé de Spanheim, le dit très versé dans les Saintes Écritures ; il lui attribue des commentaires sur l’Écriture Sainte, en déclarant toutefois n’avoir pu les voir. En 1190, Adam, étant venu à Rome, réfuta de vive voix Joachim, abbé du couvent de Flore, de l’ordre de Cîteaux, en Calabre, qui avait composé sur l’Apocalypse un livre célèbre, d’où les Joachimites tirèrent leurs erreurs, condamnées en 1215 par le quatrième concile de Latran. Voir F. Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 4e édit., t. 1, p. 360-362.

6. ADAM DE SAINT-VICTOR, ainsi nommé parce qu’il était chanoine régulier de Saint -Victor de Paris, était Breton d’origine.La date de sa naissance n’est point connue ; il mourut vers 1192. Outre ses œuvres poétiques, justement célèbres, on lui attribue : 1° Summa Britonis, seu de difficilibus vocabulis in Biblia contentis ; 2° Expositio super omnes prologos Bibliæ. Le premier ouvrage est un dictionnaire de tous les mots difficiles de la Bible, qui devait servir de manuel aux novices et à ceux qui commencent l’étude de l’Écriture Sainte. Après avoir donné de chaque mot une étymologie digne de la science philologique de son temps, il en explique le sens littéral ou mystique, et en développe toutes les significations. En tête de ce dictionnaire se lit un prologue en vers, et à la fin l’auteur avoue modestement qu’il n’a guère fait que compiler les auteurs ecclésiastiques qui l’ont précédé. Mais c’est une bonne compilation de plus de cent manuscrits, d’où il avait extrait, comme il le dit, « flores auctorum. » L’Expositio super omnes prologos est une suite et un complément naturel du précédent ouvrage. C’est un commentaire historique des prologues de saint Jérôme, également pour