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ACTES APOCRYPHES DES APOTRES — ADAD

D’autres Actes ou légendes apostoliques ont été en circulation dans l’ancienne Église, mais on n’en a recueilli que des traces fort effacées : des Acta SS. Simonis et Judæ, des Acta S. Jacobi Zebedæi, des Acta S. Jacobi Alphæi, des Acta S. Mathiæ, dont il ne reste de vestige que dans la littérature copte. Signalons enfin des Acta S. Timothei, publiés en grec et étudiés par M. Usener, Acta S. Timothei, Bonn, 1877. Ils sont d’un intérêt tout à fait secondaire.

En résumé, nous avons : du IIe siècle, les Acta des saints Pierre et Paul, de saint Jean, de saint André, de sainte Thècle ; du iiie, ceux de saint Thomas, de saint Matthieu, de saint Philippe, et ces Acta divers, à nous venus de milieux asiatiques ou phrygiens très pénétrés de gnosticisme et d’encratisme, nous sont un élément précieux pour l’histoire de la pensée chrétienne populaire à cette époque bien obscure de son développement. Cela soit dit de tout ce qu’il y a de dogmatique et d’éthique dans cette littérature. Quant à tout ce qu’il y a d’historique, d’archéologique, et en un mot de tradition locale ilans ces documents, on ne peut l’indiquer ici qu’in globo : l’analyse de ces éléments réels n’a pas été faite par M. Lipsius, et l’a été seulement pour une faible part par M. von Gutschmid, Die Königsnamen in den apokryphen Apostelgeschichten, dans le Rheinisches Museum, 1864, p. 161-183, 380-401. Le travail reste à faire, et il suffit de mentionner quelques faits, je ne dis pas comme la venue de saint Pierre à Rome (les preuves en sont multiples et indépendantes tant du pseudo-Linus que du pseudo-Marcellus), mais comme le Domine quo vadis, la tradition des missions de saint Thomas dans l’Inde, etc., pour marquer l’intérêt d’une telle recherche.

En outre des publications mentionnées ci-dessus de Thilo, Tischendorf, Wright, Lipsius, Zahn, Usener, Bonnet, Batiffol, on consultera S. C. Malan, The conflicts of the holy Apostles, an apocryphal book of the eastern Church, translated from an Ethiopic manuscript, Londres, 1871 ; J. Guidi, Gli atti apocrifi degli Apostoli nei testi copti, arabi ed eliopici, dans le Giornale della società asiatica italiana, t. ii (1888), p. 1-68 ; O. de Lemm, Koptische apokryphe Apostelacten, dans les Mélanges asiatiques, t. x (1890), de l’Académie des sciences de Saint-Pétersbourg ; un excellent exposé de vulgarisation dans G. Salmon, A historical introduction to the study of the books of the New Testament, 4e édit., 1889, ch. xix : Apocryphal Acts of the Apostles, p. 352-386.

ACTON Radulphe, prêtre anglais, qui écrivait vers l’an 1320, a laissé des commentaires sur les Épîtres de saint Paul. Voir J. Leland, De Scriptoribus illustribus britannicis, 2 in-8°, Oxford, 1709.

ADA, hébreu : ʿĂdâh, « ornement ; » Septante : Ἀδά.

1. ADA, la première des deux femmes de Lamech, mère de Jabel et de Jubal. Gen., iv, 19, 20, 23.

2. ADA, fille d’Élon, Héthéen, épouse d’Ésaù et mère d’Éliphaz. Gen., xxxvi, 2, 4, 10, 12, 16. Au chapitre xxvi, 34 de la Genèse, elle est appelée Basemath. Il ne faut pas confondre Ada ou Basemath, fille d’Élon, avec Basemath, fille d’Ismaël, autre femme d’Ésaü.

ADAD, hébreu : Hădad ; Septante : Ἀδάδ.

1. ADAD, fils de Badad et successeur de Husan dans le royaume d’Idumée. Il défit les Madianites sur les terres de Moab. Le nom de sa capitale est Avith (Septante : Γετθαίμ). Gen., xxxvi, 35-36 ; I Par., i, 46, 47.

2. ADAD, autre roi d’Idumée, successeur de Balanan. Il régna dans la ville de Phaü. I Par., i, 50, 51. Il est appelé Adar, Gen., xxxvi, 39. D vient le huitième sur la liste des rois d’Idumée, donnée par Moïse, Gen., xxxvi, 31-39, et est le seul dont la mort n’est pas mentionnée. L’auteur des Paralipomènes, qui reproduit cette liste, ajoute : « et il mourut. » I Par., i, 51. Il semble donc qu’Adad était encore sur le trône quand Moïse dressa cette liste. Ne serait-il pas ce roi d’Idumée, auquel il demanda en vain le passage par ses terres ? Num., xx, 14-21. Voir Idumée.

3. ADAD (hébreu : Hădad ; une foisʾĂdad par erreur, III Reg., xi, 17 ; Septante : Ἄδερ), issu de la race royale d’Édom, est peut-être un descendant du précédent. Lorsque Joab, à la tête des troupes de David, vint en Idumée pour exterminer toute la population mâle, ce prince, alors tout jeune, réussit à s’échapper avec quelques serviteurs de son père. Il s’enfuit dans le pays de Madian, et par le désert de Pharan vint chercher un asile en Égypte. À l’époque de la guerre d’Idumée, vers le milieu du règne de David, Osochor, cinquième roi de la vingt et unième dynastie, ou bien Psinachès, son successeur, régnait à Tanis. Combien de temps Adad séjourna-t-il dans le désert ou en Égypte avant de se présenter à la cour de Tanis ? On l’ignore. Le pharaon qui lui fit un bienveillant accueil fut probablement Psousennès II (Psioukhanou II), ou peut-être Psinachès, son prédécesseur. Il lui donna une maison et des terres pour son entretien, et le prit en telle affection, qu’il lui fit épouser la sœur de la reine Taphnès (voir ce nom), sa femme. Adad en eut un fils, nommé Genubath (voir ce nom), qui fut élevé à la cour de Tanis avec les enfants du roi. À la nouvelle de la mort de David et de Joab, Adad pria le pharaon de le laisser retourner dans son pays. Le récit, dans le texte hébreu et dans la Vulgate, est ici brusquement interrompu, et ne dit pas s’il obtint l’autorisation du souverain. III Reg., xi, 14-22. Le v. 14 cependant donne à entendre qu’il revint en Idumée. Les Septante l’affirment expressément : « Et Ader (Adad) s’en retourna dans son pays. » III Reg., xi, 22. Le texte hébreu a subi certainement quelque altération en cet endroit ; car, après avoir laissé inachevée l’histoire d’Adad, il raconte l’épisode de Razon, pour revenir ensuite à Adad et le faire régner en Syrie (v. 25). Pour mettre plus d’ordre et de suite dans la narration, on a proposé d’appliquer à Razon le v. 25 de cette façon : « Outre le mal que faisait Adad, il (Razon) abhorrait Israël, et il régna sur la Syrie. » Mais qu’ajoute cette remarque au v. 24, où l’on vient de dire qu’il fut établi roi à Damas ? Il est beaucoup plus logique et plus simple de rattacher, avec le Codex Vaticanus (voir Polyglotte de Walton), l’épisode de Razon (v 23, 24 et commencement du v. 25) au v. 14 ; la fin du v. 25 devient ainsi la suite naturelle des v. 21-22, en lisant, comme les Septante, « Édom, » אדם, au lieu de « Aram », ארם, du texte hébreu actuel, c’est-à-dire ד, daleth, au lieu de ר, resch : « Quand Adad eut appris en Egypte la mort de David », il quitta l’Égypte « et il régna en Idumée ».

Cet épisode d’Adad doit-il se placer au commencement ou à la fin du règne de Salomon ? D’après Ewald, Geschichte des Volkes Israël, t. iii, p. 274-281, ce fut dès le début de ce règne que des troubles éclatèrent en Idumée : le puissant roi les apaisa bientôt. Selon Lenormant, Histoire ancienne de l’Orient, 9e édit., t. VI, p. 253, Adad n’aurait conquis une partie de l’Idumée et constitué un royaume qu’à la fin du règne de Salomon. Que faut-il penser ? D’un côté, il semble bien, comme nous l’avons vu plus haut, qu’Adad revint dans son pays, dès qu’il apprit la nouvelle de la mort de David et de Joab, par conséquent dès le début de Salomon. III Reg. xi, 21. D’un autre côté la révolte d’Adad est donnée par l’écrivain sacré comme un châtiment des fautes de Salomon, v. 14 et contexte : elle doit donc être placée vers la fin de ce règne. On peut très bien tout concilier en disant avec M. Vigouroux, Bible et découvertes, 5e édit., t. iii, p. 423, note 1. « Hadad fut vraisemblablement l’ennemi de Salomon pendant tout son règne, à la manière des tribus bédouines, qui cherchent toujours à piller plutôt qu’à faire des con-