Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/140

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
151
152
ACRABATHANE — ACTES DES APOTRES

méridionales de la Judée, occupées, nous l’avons vii, par les descendants d'Ésaü. — Située plus haut, l’Acrabatène, au rapport d’Eusèbe, Onomasticon, et de saint Jérôme, comprenait la région qui s'étendait entre Néapolis (Naplouse) et Jéricho, ayant pour ville capitale Akrabbim, aujourd’hui ʿAqrabéh, et pour villes principales Édouma (Daouméh), Ianô (Khirbet-Yanoun) et Silo (Khirbet-Siloun). Si l’on doit se garder de confondre deux contrées distinctes, il n’est pas plus juste de dire, avec Boettger, Topographisch-Historisches Lexicon zu den Schriften des Flavius Josephus, Leipzig, 1879, p. 8, que l’Acrabatène « est vraisemblablement ainsi appelée de la montée de ʿAqrabbim, Num., xxxiv, 4, et ailleurs ». Il serait difficile de comprendre que la passe Eṣ-Ṣafah (voir Acrabim) eût donné son nom à une contrée située sur les confins de la Samarie.

ACRABIM (Montée d'), hébreu : Maʿâlêh ʿaqrabbim ; Septante : Ἀνάϐασις Ἀκραϐίν, Num., xxxiv, 4 ; Jud., I, 36 ; προσανάϐασις Ἀκραϐίν, Jos., XV, 3 ; Vulgate : ascensus Scorpionis, la montée du Scorpion » ou « des Scorpions », suivant le texte original. Défilé ou passage indiqué comme frontière méridionale de la Terre Sainte, Num., xxxiv, 4, et de la tribu de Juda, Jos., xv, 3, et comme limite du pays des Amorrhéens, Jud., i, 36. Cet endroit, d’après les mêmes témoignages scripturaires, devait se trouver entre le sud de la mer Morte et le désert de Sin. C’est pour cela que nous ne saurions, comme l’a fait M. de Saulcy, l’identifier avec la longue et raide montée de l’ouadi Ez-Zououeira, au-dessus de Djebel-Ousdoum. Voyage autour de la mer Morte, Paris, 1853, t. ii, p. 77. Le savant explorateur a pu y trouver des scorpions en assez grande quantité ; mais il place trop haut, la limite méridionale de Juda, et s'écarte ainsi de la ligne qui, partant du Ghôr, au sud du lac Asphaltite, passait par Sin et Cadèsbarné, dont l’emplacement, quel qu’il soit, était certainement plus au midi.

Disons tout de suite que les scorpions sont assez nombreux dans ces parages. Armés de palpes-pinces, dont ils se servent pour saisir leur proie, ces animaux venimeux font, à l’aide du crochet terminal de leur queue, des blessures graves. Cependant, l’espèce la plus commune en Syrie ne dépassant guère cinq ou six centimètres, leur piqûre, quoique très douloureuse, est rarement mortelle pour l’homme. Voir Scorpion.

Robinson place, « à défaut de meilleure indication, » la montée d’Acrabim dans cette ligne de collines qui, au sud de la Sebkhah, forment une courbe irrégulière, croisant le Ghôr à peu près comme un segment de cercle dont la corde aurait environ six ou sept milles de longueur, et s'étendant obliquement du nord-ouest au sud-est. Biblical Researches in Palestine, 1856, t. ii, p. 120. La plaine marécageuse du Ghôr est, en effet, fermée de ce côté par une chaîne de collines calcaires, de couleur blanchâtre, composées de craie tendre ou de marne durcie, hautes de vingt à vingt-cinq mètres en moyenne, mais par endroits de quarante à cinquante mètres. Les bords de l’ouadi El-Djeib sont presque à pic, et le fond de la vallée monte insensiblement.

Cependant avec Riehm, Handwörterbuch des Biblischen Altertums, au mot Akrabbim, et Grove, Smith’s Dictionary of the Bible, t. i, p. 42, nous croyons que les textes cités plus haut, aussi bien que la topographie et le sens ordinaire attaché au mot maʿâlêh, favorisent davantage l’identification d’Acrabim avec le défilé d’Eṣ-Ṣafah, au nord de l’ouadi Fiqréh. De ce dernier point, en suivant la route de Pétra à Hébron, on arrive en trente-cinq minutes, par un chemin raboteux, mais en quelques endroits poli et glissant, au pied d’un massif montagneux qu’on peut franchir par trois passes, distantes l’une de l’autre d’une heure environ. La plus orientale est appelée par les Arabes Eṣ-Ṣoufei, et celle de l’ouest El-Yèmen, « la droite, » la plus fréquentée, parce qu’il y a de l’eau à la partie supérieure. Cependant la plus directe et la moins difficile est celle du milieu, nommée Eṣ-Ṣafah. On voit encore, à l’entrée, les restes d’un fortin, destiné autrefois à en garder l’approche. La montée prend environ deux heures, et M. Schubert a trouvé, au sommet, l’altitude de 466 mètres. De ce point, l’on aperçoit le désert, qui s'étend à perte de vue, des deux côtés de l’Arabah, jusqu'à la mer Morte. La contrée est affreusement désolée. Le chemin suit constamment la direction nord-nord-ouest. Cf. Bædeker, Palestine et Syrie, Leipzig, 1882, p. 316 ; Chauvet et Isambert, Orient, Syrie et Palestine, Paris, 1887, p. 59.

Il faut distinguer la montée d’Acrabim de la ville du même nom, capitale de l’Acrabatène (voir Acrabathane), et, suivant Eusèbe, Onomasticon, au mot Ἀκραϐείμ, et saint Jérôme, Liber de situ et nominibus locorum heb., t. xxiii, col. 866, située « à neuf milles à l’est de Naplouse, en descendant vers le Jourdain comme pour aller à Jéricho ». Ce bourg, qui n’est mentionné nulle part dans la Bible, mais est plusieurs fois cité par Josèphe comme cheflieu de la toparchie de ce nom, Bell, jud., Il, xx, 4 ; III, iii, 5 ; IV, ix, 3, se retrouve aujourd’hui dans le village de 'Aqrabéh, à quelque distance au sud-est de Naplouse : on peut en voir la description dans V. Guérin, Description de la Palestine, Samarie, t. ii, p. 3-5.

ACRE, Saint-Jeand’Acre. Voir Accho.


ACRON, forme exceptionnelle du nom de la ville d’Accaron dans la Vulgate, Jos., xix, 43. Voir Accaron.

ACROSTICHE. Voir Alphabétique (poème).


ACTES DES APÔTRES (Πράξεις Ἀποστόλων, Actus Apostolorum).

I. Nom. — Dans les anciens manuscrits, le cinquième livre historique du Nouveau Testament porte le nom de Πράξεις Ἀποστόλων ou de Πράξεις τῶνἈποστόλων. Rarement avec l’article, αἱ Πράξεις. En latin, Actus ou Acta Apostolorum. Ce titre répond très bien au contenu du livre, où se trouve relaté un choix d’actes, par lesquels les Apôtres opérèrent la fondation de l'Église. Les Allemands ont adopté le nom de Apostelgeschichte (Histoire des Apôtres). Cette appellation n’a pas toute l’exactitude désirable, car le livre est loin de donner l’histoire de tous les Apôtres ; même l’histoire de l’apostolat de saint Pierre et de saint Paul y est très incomplète.

II. Authenticité. — Toute l’antiquité ecclésiastique n’a qu’une voix pour attribuer à saint Luc la composition du livre des Actes. Mais, cette persuasion étant inconciliable avec les idées de l'école rationaliste de Tubingue, les adeptes de cette école furent amenés à nier l’authenticité de ce livre, et à en reculer la rédaction au IIe siècle, époque à laquelle, d’après leur système, se fit dans l'Église la fusion entre les pétnniens et les pauliniens. Selon ces docteurs, le livre des Actes est une sorte de roman historique, ayant pour but de faire apparaître Pierre et Paul travaillant de concert et en conformité de vues à la propagation de l'Évangile. C’est contre ces adversaires que nous devons démontrer que les Actes sont vraiment l'œuvre de saint Luc. « Une chose hors de doute, dit M. Renan lui-même, Les Apôtres, introd., p. x, c’est que les Actes ont eu le même auteur que le troisième Évangile, et sont une continuation de cet Évangile. On ne s’arrêtera pas à prouver cette proposition, laquelle n’a jamais été sérieusement contestée. Les préfaces qui sont en tête des deux écrits, la dédicace de l’un et de l’autre à Théophile, la parfaite ressemblance du style et des idées, fournissent à cet égard d’abondantes démonstrations. » Si l’on regarde ce point comme acquis à la critique, et que l’on suppose établie sur des preuves solides l’authenticité de l'Évangile de saint Luc, il faudra du même coup attribuer les Actes à cet écrivain apostolique, disciple et compagnon de saint