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AGHSAPH — ACRABATHANE

la place qu’occupe Achsaph dans rénumération des villes frontières de la tribu d’Aser, Jos., xix, 25-26 ; celles qui la précèdent et la suivent immédiatement appartiennent à la région sud-ouest des montagnes de Galilée : Halcath (Yerka), Chali (Alia), Béten (El-Banéh), Amaad (Khirbet el-Amoud), Messal (Mouslih). Voir la carte de la tribu d’Aser. Nous trouvons ensuite que le v. 2 du chapitre XI distingue formellement les rois de Madon, de Sémerori et d’Achsaph des « rois du nord, qui habitaient dans les montagnes ». Enfin Josèphe nous dit que la tribu d’Aser occupait la plaine ou partie basse, τὴν κοιλάδα, qui, partant du Carmel, se dirige vers Sidon, Ant.jud., V, i, 22, en sorte que Khirbet-Ksâf semble bien plutôt appartenir par sa position à la tribu de Nephthali. Ajoutons que l’ordre d’après lequel Achsaph est mentionnée dans la liste des noms géographiques de Thoutmès III suffit, aux yeux de M. Maspero, pour exclure le site proposé par Robinson, site qui « nous porterait trop au nord ». G. Maspero, Sur les noms géographiques de la liste de Thoutmès III qu’on peut rapporter à la Galilée, extrait des Transactions of the Victoria Institute, or philosophical Society of Great Britain, 1886, p. 9.

Il faut donc, croyons-nous, placer la ville dont nous parlons au sud-ouest de la tribu d’Aser. Nous ne saurions cependant y voir, avec quelques auteurs, Accho ou Saint-Jean-d’Acre, dont nous aurions ici un autre nom. J. Kitto, Cyclopædia of Biblical Literature, 1862, t. i, p. 48. — Grove, dans Smith’s Diciionary of the Bible, t. i, p. 17, a supposé que c'était Khaïfa, qui semble se retrouver dans le Kεάφ des Septante. Nous aimons mieux cependant, à la suite des explorateurs anglais, identifier Achsaph avec Kefr-Yasif, dont le nom correspond assez exactement à la transcription des traducteurs grecs, Ἀζίφ. Palestine Exploration Fund, Quart. St., 1876, p. 76.

Situé à quelque distance au nord-est de Saint-Jean-d’Acre, ce village est assis sur une colline dont les pentes inférieures vers l’ouest sont soutenues par un puissant mur d’appui, aux blocs réguliers, la plupart de grand appareil et antiques. Les habitants, au nombre de six cents, appartiennent presque tous à la religion grecque schismatique. On y remarque surtout une sorte de petite tour carrée, bâtie avec des pierres très régulières, et renfermant une chambre voûtée qu'éclaire un œil-de-bœuf au-dessus duquel une croix a été sculptée au dehors. Elle faisait partie autrefois d’un bâtiment plus considérable, qui a été démoli et remplacé par des maisons toutes modernes. On voit aussi au bas de la colline, vers l’est, un beau puits, très profond et d’apparence antique. Il est construit en pierres de taille. Le réservoir et les auges qui l’environnent sont aussi bâtis avec des pierres de même appareil. V. Guérin, Description de la Palestine, Galilée, t. ii, p. 4.

A. Legendre.

ACHZIB, ville de Juda. Jos., XV, 44. Voir Achazib 2.


ACHZIBA, ville d’Aser. Jos., xix, 29. Elle est appelée Achazib, Jud., i, 31. Voir Achazib 1.


ACKERMANN Léopold, exégète catholique autrichien, né à Vienne le 17 novembre 1771, mort dans la même ville le 9 septembre 1831. Il entra en 1790 dans l’ordre des chanoines réguliers de Saint-Augustin, et prit en religion le nom de Pierre Fourrier. Il enseigna dans son couvent les langues orientales et l’archéologie, et il devint en 1806 professeur d’exégèse de l’Ancien Testament à l’université de Vienne, où il succéda à Jahn et occupa sa chaire avec succès pendant vingt-cinq ans. On a de lui : Introductio in libros Veteris Fœderis usibus academicis accommodata, in-8°, Vienne, 1825 ; c’est la troisième édition corrigée et rectifiée de l’Introductio de Jahn (voir Jahn) ; Archæologia biblica, in-8°, Vienne, 1826, nouvelle édition également corrigée de Jahn (elle a été réimprimée par Migne, dans son Cursus Scripturæ Sacræ, t. ii, 1840, col. 823-1068) ; Prophetæ minores perpetua annotatione illustrati, in-8°, Vienne, 1830, commentaire qui ne renferme pas des choses nouvelles, mais réunit ce qu’il y a de meilleur dans les ouvrages plus anciens, en y joignant des observations philologiques ; l’auteur commente le texte hébreu original, qu’il reproduit ; son travail est court, mais bon. — Voir V. Seback, P. F. Ackermann, biographische Skizze, in-8°, Vienne, 1832.

F. Vigouroux.

ACORE AROMATIQUE. Voir Jonc odorant.

1. ACOSTA Gabriel, chanoine portugais, né à Torrevadras, mort en 1616, fut professeur à Coïmbre. Il composa sur le chapitre xlix « de la Genèse, sur Ruth, les Lamentations de Jérémie, Jonas et Malachie, des commentaires qui furent publiés après sa mort, in-f », Lyon, 1641. Voir Nicolas Antonio, Bibliotheca hispana nova, 2 in-f°, Rome, 1672.

2. ACOSTA Uriel, Portugais, né à Oporto vers la fin du xvi « siècle, mort à Amsterdam en 1647. Il était d’origine juive et reçut une éducation très soignée. Entraîné par ses passions, après avoir été d’abord chrétien, il devint matérialiste et athée ; puis il se fit circoncire, professa la religion de ses ancêtres et alla en Hollande, où les Juifs d’Amsterdam lui firent bon accueil, mais le chassèrent bientôt de la synagogue, parce qu’il n’observait pas la loi mosaïque ; ils le déférèrent même ensuite aux tribunaux comme athée. Pour se défendre, Acosta publia, en 1624, son Examen dos tradiçoens Phariseas conferidas con a ley escripta, dans lequel, renouvelant les erreurs des Sadducéens, il nie l’immortalité de l'âme et l’existence d’une autre vie. Il se réconcilia néanmoins avec ses coreligionnaires, mais pour se faire excommunier de nouveau plus tard. Il termina cette vie agitée par le suicide. Voir H. Jellinek, Uriel Acosta’s Leben und Lehre, Zerbst, 1847 ; Uriel Acostas Selbstbiographie. Lateinisch und Deutsch, Leipzig, 1847 ; J. da Costa, Israël en de volke, Haarb., 1849.

F. Vigouroux.


ACRABATHANE (Ἀκραϐαττίνη), contrée où Judas Machabée remporta une grande victoire sur les Iduméens. I Mach., v, 3. La Vulgate distingue ici « les fils d'Ésaü qui habitaient l’Idumée, et ceux qui étaient dans l’Acrabathane » ; mais le texte grec, suivi par la version syriaque, fait de cette dernière région une partie de la première : ἐπολέμες Ἰούδας πρὸς τοὺς ὑιὸς Ἡσαῦ ἐν τῆ Ἰδουμαία τὴν Ἀκραϐαττίνην, « Judas combattait contre les enfants d'Ésaü, dans l’Idumée, l’Acrabattine. » On sait, en effet, que le pays des Iduméens à ce moment s'étendait, dans la Judée méridionale, au moins jusqu'à Hébron. I Mach., v, 65. Pendant la captivité de Babylone, une émigration considérable de la population édomite s'était abattue sur ces fertiles campagnes, restées sans maîtres. Cf. F. Lenormant et E. Babelon, Histoire ancienne de l’Orient, Paris, 1888, t. vi, p. 465.

L’Acrabathane devait sans doute son nom à la montée d’Acrabim, dont il est question dans l’article suivant, et se trouvait ainsi au sud-ouest de la mer Morte. Les Iduméens, retranchés dans ces défilés comme dans une forteresse, étaient pour les Juifs des ennemis dangereux qui ne leur laissaient aucun repos. Judas Machabée les y attaqua et leur porta des coups terribles.

Il ne faut pas confondre l’Acrabathane dont nous parlons avec l’Acrabatène, que les historiens anciens mentionnent parmi les toparchies de la Judée, et qui était la cinquième, d’après Pline, v, 14 ; la troisième, selon Josèphe, Bell. jud., III, iii, 5 ; cf. Reland, Palæstina ex monumentis veteribus illustrata, Utrecht, 1714, t. i, p. 176, 191-192. Le texte grec cité plus haut place dans l’Idumée le lieu de la victoire du héros juif. Or, d’après nos deux historiens, l’Idumée était une toparchie distincte de l’Acrabatène, la huitième suivant l’un, la neuvième selon l’autre : — on croit, en effet, que l’Orine de Pline indique le pays montagneux où se trouvaient Hébron et les villes