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ACHITOPHEL — AGHSAPH

conseiller vit dans la révolte d’Absalom l’occasion la plus favorable pour tirer de ce double crime une vengeance éclatante : il voulut arracher au roi la couronne et même la vie, en travaillant au triomphe de son fils. Plusieurs même, rapprochant ces antécédents des circonstances de son intervention dans le complot, ont pensé qu’il en avait été le promoteur.

Il débuta dans son entreprise par un coup d’abominable mais très habile politique : à peine Absalom était-il rentré à Jérusalem, qu’il lui conseilla de déshonorer son père publiquement, dans la personne des épouses du second rang, restées dans la capitale. Il voulait par là rendre impossible toute réconciliation entre David et Absalom, en même temps qu’il assouvissait sa haine ; mais c’était en réalité les desseins de Dieu qu’il exécutait, il accomplissait sans s’en douter la prophétie de Nathan à David après sa chute. II Reg., xii, 11-12.

À ce conseil, que le jeune prince osa suivre, en succéda un autre qui aurait ruiné la cause de David et aurait perdu le roi lui-même, si on avait voulu l’écouter. Achitophel soutenait qu’il fallait se mettre à la poursuite du roi sur-le-champ et sans lui laisser le moindre répit ; il offrait de conduire en personne l’expédition, se faisant fort de battre et de disperser l’escorte de David, et de le frapper dans cet abandon. Il aurait certainement réussi ; mais Dieu, qui avait résolu la défaite et la mort d’Absalom et le rétablissement de la fortune de David, ne permit pas qu’on prit ce parti, le seul auquel on pût raisonnablement s’arrêter. II Reg., xvii, 14. Absalom en reconnut la sagesse ; il ne voulut toutefois rien faire sans consulter Chusaï. C’était un ami de David, II Reg., xv, 37, qui avait feint, par son ordre, de le trahir pour s’attacher à Absalom. Il avait pour mission de contre - balancer l’influence d’Achitophel et de faire échouer ses plans. Il persuada, en effet, à Absalom et à tous les siens qu’il n’avait point encore assez d’hommes avec lui et qu’il valait mieux attendre l’arrivée de nouvelles troupes, et ce délai sauva David, en lui donnant le temps de s’éloigner et d’aller au delà du Jourdain pour former une armée et préparer sa victoire.

Achitophel fut humilié et irrité du peu de cas que, pour la première fois, on faisait de ses conseils. Il vit en même temps quelles conséquences allait avoir pour lui-même la mine de la cause d’Absalom, inévitablement perdue par ce retard : la fin de son crédit, le déshonneur attaché à son nom, le châtiment que pouvait lui attirer l’infamie de sa trahison et de ses conseils. Le désespoir s’empara de lui. Il sella son âne et s’en retourna à Gilo. Arrivé dans sa maison, il eut soin, par un dernier trait de cette prudence humaine que saint Paul appelle une prudence de mort, Rom., viii, 6, de mettre ordre à ses affaires, et, oubliant la seule nécessaire, celle de son salut, il se pendit. II Reg., xvii, 23.

E. Palis.

ACHOBOR, hébreu : ʿAkbôr, « mulot ou souris ; » Septante : Ἀχοϐώρ.

1. ACHOBOR, père de Balanan, roi d’Idumée. Gen., xxxvi, 38 ; I Par., i, 49.

2. ACHOBOR, fils de Micha et père d’Elnathan. Il fut un des premiers officiers du roi Josias, qui l’envoya consulter la prophétesse Holda, au sujet du livre de la Loi, trouvé par le grand prêtre Helcias : IV Reg., xxii, 12, 14 ; Jer., xxvi, 22 ; xxxvi, 12. Il est nommé Abdon, II Par., xxxiv, 20.


ACHOR (Vallée d’) (en hébreu : ʿÊmeq ʿAkôr ; en grec : Ἐμεκαχώρ), vallée de la Palestine où Achan lut, par ordre de Josué, lapidé avec toute sa famille, pour s’être réservé, contrairement aux prescriptions du Seigneur, une part de butin dans le sac de Jéricho. Jos., vu. C’est même à cet événement que le lieu doit son nom : racine ʿâkar, « troubler. » Josué dit au coupable : « Parce que tu nous as troublés (ʿâkarṭânû), que le Seigneur te trouble (yaʿekorkâ) » ou t’extermine « en ce jour… ; et ce lieu fut appelé et s’appelle encore aujourd’hui la vallée d’Achor, » Jos., vil, 25-26, c’est-à-dire « vallée du tumulte ou des troubles », suivant l’interprétation de saint Jérôme. Liber de situ et nominibus loc. heb., t. xxiii, col. 868.

Cette vallée est indiquée, Jos., xv, 7, comme formant, vers l’est, l’une des limites septentrionales de la tribu de Juda. Or, de ce verset, traduit littéralement de l’hébreu, il semble résulter que l’endroit qui nous occupe doit être cherché au sud de Galgala. « La frontière (de Juda) monte vers Debéra, depuis la vallée d’Achor, vers le septentrion regardant Galgala, qui est vis-à-vis de la montée d’Adommim, laquelle est au midi du torrent. » On est donc, d’après cela, tout naturellement amené à identifier la vallée d’Achor avec l’Oued el-Kelt (Carith), qui serpente précisément au sud de Galgala (Tell-Djeldjoul). Cf. V. Guérin, Descript. de la Pal., Samarie, 1. 1, p. 125-126. Nous préférons, à la suite de beaucoup d’auteurs, cette opinion à celle d’Eusèbe, Onomasticon, et de saint Jérôme, loc. cit., qui placent la vallée d’Achor au nord de Jéricho. Il faudrait alors la reconnaître dans VOued en-Nou’aimeh, et ce serait mettre beaucoup trop haut la limite septentrionale de Juda. Avec l’identification proposée, au contraire, au sud - ouest de Jéricho, le chapitre xv s’explique très facilement. Voir la carte de la tribu de Benjamin. Cette dernière ville et Galgala devaient être moins élevées que la vallée ; car, au v. 24 du chapitre vii, au lieu de : « ils les conduisirent vers… », on lit en hébreu : vayya’âlû, « ils les firent monter. » C. F. Keil, Biblischer Commentar über das Alte Testament, Josua, Leipzig, 1874, p. 60.

La vallée d’Achor était restée dans l’esprit des Hébreux comme un lieu de malédiction ; aussi, pour donner une idée du changement que la rédemption devait apporter au monde, les prophètes disaient qu’elle serait convertie « en parc de troupeaux », Is., lxv, 10, la vie pastorale étant le symbole de la paix et de la tranquillité, et « en porte d’espérance », Osée, ii, 15, après avoir été, pour le peuple qui entrait dans la Terre Promise, une porte d’affliction. Voir Carith.

A. Legendre.


ACHSA (hébreu : ʿAksâh ; Septante : Ἀσκά), fille de Caleb, fils d’Hesron. I Par., ii, 49. Il ne faut pas la confondre avec la fille du célèbre Caleb, nommée Axa dans la Vulgate (hébreu : ’Aksâh). Jos., xv, 16, 17 ; Jud., i, 12, 13. Le Caleb, père d’Achsa, I Par., ii, 49, était fils d’Hesron, et vivait avant Moïse ; le Caleb du livre des Juges et de Josué était fils de Jéphoné et contemporain de Josué.


ACHSAPH (hébreu : ʿAkšâf ; Septante : Ἀζίφ, Jos., xi, 1 ; xii, 20 ; Kεάφ, Jos., xix, 25 ; Vulgate : Achsaph, Jos., xi, 1 ; xii, 20 ; Axaph, Jos., xix, 25), ancienne cité royale chananéenne, qui fit plus tard partie de la tribu d’Aser. Jos., xix, 25. Un de ses rois fut appelé par Jabin, roi d’Asor, à entrer dans la ligue formée contre Josué, et fut vaincu comme les autres princes du nord. Jos., xi, 1 ; xii, 20.

Robinson a cru retrouver cette ville dans les ruines connues sous le nom de Khirbet-Ksâf ou Iksâf, et situées au sud de l’angle formé par le Léontès, quand, descendant du Liban au nord-est, il prend tout à coup la direction de l’ouest. Biblical Researches in Palestine, 2e édit., Londres, 1856, t. iii, p. 55. « Ces ruines, dit M. V. Guérin, consistent en de nombreux amas de matériaux plus ou moins considérables, restes de maisons ou d’édifices renversés, épars ou accumulés au milieu d’un épais fourré de broussailles. De tous côtés, on rencontre des citernes antiques creusées dans le roc. » Description de la Palestine, Galilée, t. ii, p. 269. L’identification proposée paraît également probable au savant explorateur français, et il y a, en effet, une ressemblance assez frappante entre les deux noms ; mais plusieurs resons nous empêchent de l’admettre. C’est d’abord