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ACHIS — ACHITOPHEL

I Reg., xxix, 2. Mais les autres princes philistins ne furent pasde cet avis, et sur leurs représentations Achis dut congédier l’Hébreu et ses soldats. La bataille fut engagée sans eux, et Dieu, qui n’avait pas permis que le patriotisme de David fût démenti par sa conduite, voulut que les Philistins missent en déroute l’armée de Saûl. Ce fut la fameuse bataille du mont Gelboë, où périrent Saül et ses fils. Il n’est plus question d’Achis dans la Bible, sinon III Reg., ii, 39, pour nous apprendre que des serviteurs fugitifs de Séméi s’étaient réfugiés auprès de lui.

Dans ce dernier passage, Achis est mentionné comme fils de Maacha, tandis que, I Reg., xxvii, 2, son père est nommé Maoch. Mais il ne répugne pas que ces deux noms soient des formes différentes du même mot. Il ne répugne pas davantage que le règne du même personnage occupe l’intervalle de cinquante ans écoulés entre la première fuite de David à Geth et celle des serviteurs de Séméi. Quelques interprètes ont voulu voir dans les deux récits du séjour de David près d’Achis un seul et même fait raconté diversement. Les notables différences entre l’un et l’autre rendent cette interprétation inadmissible. C’est aussi ce qui ressort du titre du Psaume xxxiii, qui rappelle explicitement le trait distinctif du premier séjour : Quand David changea son visage devant Achirnélech. I Reg., xxi, 13.

Dans les passages où il est question de lui, Achis apparaît comme un homme indécis et facile à se laisser influencer. Un autre que lui aurait pu sans doute deviner, sous la folie simulée de David, le fin stratagème d’un homme très sensé, et, plus tard, saisir la vraie disposition de son hôte à travers ses réponses indécises. I Reg., xxvii, 10 ; xxviii, 2. Les autres princes philistins furent plus clairvoyants. Sa simplicité partait d’ailleurs d’un bon naturel, et ses excès de confiance manifestent la loyauté de son cœur.

P. Renard.

ACHISAMECH (hébreu : ʾĂḥisâmâk, « mon frère est un appui ; » Septante : Ἀχισαμάκ), père d’Ooliab, de la tribu de Dan, Exod., xxxi, 6 ; xxxv, 34 ; xxxviii, 23.


ACHITOB, hébreu : ʾĂḥitûb, « mon frère est bon ; » Septante : Ἀχιτώϐ.

1. ACHITOB, fils de Phinées, le fils d’Héli, et père d’Achias et d’Achimélech, lesquels furent grands prêtres sous Saül. I Reg., xiv, 3 ; xxii, 9, 11, 12, 20.

2. ACHITOB, fils d’Amarias et grand-père de Sadoc, souverain pontife du temps de David. II Reg., viii, 17 ; I Par., VI, 7-8. Il était de la maison d’Éléazar et fut grand prêtre lui-même. La Vulgate le qualifie expressément de « pontife de la maison de Dieu », I Par., ix, II ; ἡγουμένον οἴκου τοῦ Θεοῦ, traduisent les Septante, dans le même sens que saint Jérôme. On objecte contre cette interprétation que le texte original ne dit point qu’il fut kôhen ou « prêtre de la maison de Dieu », mais nâgîd, « chef, » mot qui n’a pas un sens aussi précis. De là vient que la Vulgate elle-même rend ce même passage des Paralipomènes, reproduit dans II Esd., xi, 11, par princeps domus Dei. — Il est certain que le terme de nâgîd est plus général que celui de kôhen ou « prêtre » ; mais le sens qu’y attache l’auteur des Paralipomènes ne peut guère être mis en doute, car, II Par., xxxi, 13, il se sert de cette expression de nâgîd pour faire connaître la qualité d’Azarias, qui était certainement souverain pontife des Juifs, sous le règne d’Ézéchias. — Dans le second livre des Rois, vin, 17 ; dans le premier livre des Paralipomènes, vi, 8, 53 ; xviii, 16, et dans le premier livre d’Esdras, vii, 2, Achitob est nommé comme père de Sadoc ; mais en hébreu « père » a souvent le sens de grand-père, et « fils » le sens de petit-fils. Le premier livre des Paralipomènes, ix, 11, et le second livre d’Esdras, XI, 11, qui nous donnent une généalogie plus complète de la lignée sacerdotale de Sadoc, nous apprennent que ce dernier pontife était fils de Meraioth et seulement petit-fils de Sadoc. Les critiques de l’école rationaliste prétendent, il est vrai, que c’est par suite d’une erreur que le nom de Méraioth a été introduit dans ces passages, et ils soutiennent qu’Achitob était véritablement le père de Sadoc ; mais leur opinion ne s’appuie sur aucune raison sérieuse. Les tables généalogiques des familles sacerdotales existaient certainement à l’époque d’Esdras et de Néhémie, et l’auteur des Paralipomènes et du second livre d’Esdras ne les ont pas altérées volontairement en les reproduisant. Il a pu arriver sans doute que dans les nombreuses transcriptions des listes de noms propres, faites par les copistes de la Bible, quelque nom ait été inséré çà et là par erreur, comme un nom a pu être omis dans d’autres cas ; cependant rien ne montre qu’il en soit ainsi dans la généalogie de Sadoc : son père Méraioth n’a pas été nommé partout, parce qu’il était moins connu, cf. un exemple semblable dans I Esd., v, 1, et Zach., i, 1, 7 ; mais il n’en a pas moins existé et il est le fils d’Achitob. Quant à celui-ci, il vécut avant le règne de David ; on ne peut déterminer exactement à quelle époque, à cause de l’incertitude de la chronologie hébraïque dans ces temps reculés. Pour l’Achitob mentionné I Par., vi, 11-12, voir Achitob 3.

F. Vigouroux.

3. ACHITOB, fils d’un autre Amarias, prêtre sous Josaphat et père d’un autre Sadoc. I Par., vi, 11-12 ; cf. II Par., xix, 11.

4. ACHITOB, un des ancêtres de Judith, fils de Melchia, de la tribu de Siméon. Judith, viii, 1.


ACHITOPHEL (hébreu : ʾǍḥîṭôfel, « mon frère est folie (?) » Septante : Ἀχιτόφελ), conseiller de David. Il était de Gilo, probablement la Djala actuelle, dans les montagnes de Juda. L’Écriture dit que c’était « sa ville », II Reg., xv, 12, et c’était sans doute aussi celle de sa famille, puisqu’on y voyait le tombeau de son père, dans lequel il fut lui-même enseveli. Il Reg., xvii, 23. Il avait là une maison, et il devait y faire sa résidence habituelle, autant que le lui permettaient ses fonctions ; du moins il s’y trouvait au moment de la révolte d’Absalom. C’est ce qui explique comment il put se rendre si promptement et sans que David en fût informé auprès du rebelle, lorsque celui-ci l’appela à Hébron. Il Reg., xv, 12, 31. Gilo, en effet, était dans le voisinage d’Hébron.

Telle était l’opinion qu’on avait de la prudence et de la sagesse d’Achitophel, que ses avis étaient accueillis à la cour comme des oracles divins. II Reg., xvi, 23. Aussi la nouvelle qu’il était entré dans la conjuration causa-t-elle à David, parmi tant de sujets d’inquiétude, plus de crainte que tout le reste ; il comprit quel redoutable secours allaient apporter à son fils l’habileté et le crédit d’un tel homme, et il adressa aussitôt à Dieu cette prière : « Rendez insensés, Seigneur, les conseils d’Achitophel ! » II Reg., xv, 31. La trahison de celui dont il avait fait son conseiller et son confident, qu’il admettait à sa table comme son plus intime ami, blessa en même temps profondément le cœur de David, comme nous le voyons dans les psaumes qu’il composa à cette occasion, Ps. XL, 10, et surtout Ps. liv, 13-15 : « Si mon ennemi m’avait outragé… ; mais toi, que je regardais comme un autre moi-même ! » etc.

On s’est demandé à quels motifs il fallait attribuer une trahison dans laquelle on a justement vu le type de celle de Judas, et l’acharnement qu’Achitophel fit paraître dans sa lutte contre son roi, II Reg., xvi, 21 ; xvii, 1-3 ; on a cru les trouver dans la parenté d’Achitophel avec Bethsabée, femme d’Urie. Elle était sa petite-fille, la fille de son fils Éliam, II Reg., xxiii, 34, le même qui est appelé ailleurs Ammiel, par le renversement des syllabes de son nom. I Par., iii, 5. Par son adultère avec Bethsabée et par le meurtre d’Urie, II Reg., xi, David avait porté dans la famille d’Achitophel le deuil et le déshonneur ; le vieux