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ACHIMËLEGH — ACHIS

d’après la suite du récit, est celle-ci : les noms ont été transposés par les copistes ; Achimélech a été mis par erreur pour Abiathar, et réciproquement. Voir Abiathar.

4. ACHIMÉLECH. Voir Abimélech 5 et Achis.

ACHIMOTH (hébreu : Ăḥimôṭ ; Septante : Ἀχιμώθ), fils d’Elcana, lévite de la famille de Coré. I Par., vi, 25.


ACHINOAM, hébreu : Ăḥinôʿam, « mon frère est gracieux ; » Septante : Ἀχινόομ, I Reg., xiv, 50 ; Ἀχινάαμ, I Reg., xxv, 43.

1. ACHINOAM, fille d’Achimaas et épouse de Saül. I Reg., xiv, 50.

2. ACHINOAM, première femme de David. Elle était de Jezraël, ville de la tribu de Juda. I Reg., xxv, 43. Voir Jezraël 4. David, obligé de fuir la colère de Saül, l'épousa pendant qu’il menait une vie errante dans le désert de Juda, dans le voisinage de la ville de Carmel. Achinoam raccompagna avec Abigaïl à la cour du roi philistin Achis, I Reg., xxvii, 3 ; l’une et l’autre furent emmenées captives par les Amalécites, lorsqu’ils pillèrent Siceleg, pendant que leur mari suivait les Philistins qui allaient combattre Saül dans la plaine d’Esdrelon, et l’une et l’autre furent délivrées par David à son retour. I Reg., xxx, 5, 18. Elles participèrent aussi toutes les deux aux honneurs royaux. Après la mort de Saül, « David monta, dit le texte sacré, avec ses deux femmes Achinoam de Jezraël et Abigaïl, … et ils demeurèrent à Hébron, » II Reg., ii, 2-3, où le nouveau roi passa les sept premières années de son règne. L'Écriture ne nous apprend plus rien sur Achinoam, si ce n’est qu’elle fut la mère d’Amnon, le fils aîné de David. II Reg., iii, 2 ; I Par., iii, 1.


ACHIOR, « mon frère est la lumière. »

1. ACHIOR, ami et parent de Tobie, de la tribu de Nephthali, fut emmené captif à Ninive par Salmanasar. Il vint féliciter Tobie et se réjouir avec lui de la bonté de Dieu à son égard. Job, xi, 20. Les Septante l’appellent Ἀχιάχαρος, et en font un neveu de Tobie, le fils de son frère Anaël. Il aurait été grand échanson à la cour de Sennachérib et d’Assarhaddon. Septante, Tob., i, 21, 22 ; II, 10 ; xiv, 10. Voir Achiacharus et Nabath.

2. ACHIOR, chef des Ammonites. Lorsque le général assyrien Holopherne eut envahi l’Asie Mineure, les provinces et les villes de Syrie se soumirent à l’envi au conquérant, pour essayer de fléchir sa fureur. Judith, iii, 1. Seuls les Israélites se préparèrent à la résistance. Judith, iv, 1-17. À cette nouvelle, la colère d’Holopherne redoubla, et il fit appeler auprès de lui les chefs de Moab et d’Ammon, pour apprendre d’eux à quel peuple il allait avoir affaire. Judith, v, 1-4. Achior était à cette époque le chef suprême des Ammonites. Judith, v, 5. Au lieu d’exciter davantage Holopherne contre les Hébreux, comme on aurait pu s’y attendre de la part d’un fils d’Ammon, il prit à tâche d’inspirer au général assyrien une crainte salutaire, qui le détournerait de faire la guerre à Israël. Dans un discours que la Bible nous a conservé, Judith, v, 5-25, il démontre la grandeur surnaturelle de ce peuple, qui était, aux yeux de ces barbares étrangers, une simple tribu, n’occupant qu’une place imperceptible dans le monde connu. Achior apprend successivement à Holopherne l’origine chaldéenne des Hébreux, la vocation d’Abraham, le séjour en Égypte, le passage de la mer Rouge, le séjour au désert du Sinaï et la conquête de la Palestine ; pendant son récit, il s’attache à démontrer ce fait, que Dieu donnait la victoire aux Israélites lorsqu’ils lui étaient fidèles, et qu’il ne permettait leur défaite que pour les châtier et les convertir. « Si donc, conclut- ii, ce peuple est actuellement coupable devant Dieu, Dieu vous le livrera ; sinon vous ne pourrez, lui résister, et nous deviendrons la risée de toute la terre. » Ces paroles ne firent qu’exciter davantage la colère d’Holopherne et de ses officiers ; Achior, pour avoir dit la vérité, fut regardé comme un traître et châtié comme tel. « Puisque tu as une telle confiance en ce peuple, va le retrouver, » lui dit en substance le général assyrien. Judith, vi, 5-6. Et il le fit saisir et mener vers Béthulie, qu’il se disposait à assiéger. Là les serviteurs d’Holopherne attachent Achior à un arbre, et ils se retirent, le laissant pieds et mains liés à la merci des Hébreux, pour qui les Ammonites étaient des ennemis héréditaires. Bientôt trouvé par les Israélites, Achior est mené à Béthulie, comparaît devant Ozias et Charmi, chefs de la ville, et leur rapporte ce qu’il avait dit à Holopherne et le châtiment qui avait suivi ses courageuses paroles. Judith, vi, 11-13. Dès ce moment, Achior reçoit la récompense de sa bonne action : il est admis au droit de cité, bien que ce privilège ne fût généralement accordé aux descendants d’Ammon qu'à la dixième génération, cf. Deut., xxiii, 3, et un grand festin est donné en son honneur dans la maison du prince de la ville. Judith, vi, 19-20. Quelque temps après, lorsque Judith est revenue du camp d’Holopherne, on appelle Achior pour lui montrer la tête du général ennemi : « Voici, lui dit l’héroïne, voici la tête de celui qui t’a menacé de mort en disant : « Lorsque le peuple d’Israël sera vaincu, j’ordonnerai que tes flancs soient traversés par le glaive. » Judith, xiii, 27-28. À cette vue, Achior est tellement saisi, qu’il tombe la face contre terre ; mais il se relève bientôt pour bénir Judith, pour adorer son Dieu, Judith, xiii, 29-31, et pour renoncer au culte des idoles. Judith, xiv, 6. Une exception à la loi fut faite en sa faveur, cf. Deut. xxiii, 3 : il fut admis à se faire circoncire et se trouva ainsi incorporé au peuple de Dieu. Judith, xiv, 6.

E. Duplessy.


ACHIS (hébreu : ʾAkiš, appelé aussi Abimélech, Ps. xxxiv, 1, hébreu, et Achimélech, Ps. xxxiii, 1, Vulgate), contemporain de David, roi de Geth, ville royale des Philistins. Il avait succédé sur le trône à son père Maoch. I Reg., xxvii, 2. Le nom d’Achis est peut-être un titre commun à tous les seranîm ou rois de cette région. C’est vers ce prince que David se réfugia après avoir reçu à Nob l’hospitalité du grand prêtre Achimélech. I Reg., xxi, 10. Achis ne fit que l’entrevoir ; car, ayant été reconnu par les courtisans comme le vainqueur de leur fameux guerrier Goliath, le fugitif feignit la folie pour échapper à leur vengeance, ce qui amena le roi à le congédier avec mépris. I Reg., xxi, 12-15. Quelques années plus tard, Achis eut l’occasion de revoir David. C'était après les événements du désert de Ziph. Saül, un instant touché de la grandeur d'âme de son rival, l’avait béni ; puis, sa passion reprenant le dessus, il avait recommencé ses poursuites, et David, à bout d’expédients, s'était décidé à passer avec ses six cents hommes chez les Philistins, et à demander un refuge au roi de Geth. I Reg., xxvi. Il n’y a aucune raison de douter que cet Achis ne soit le même que celui du chapitre xxi. La manière différente dont il se conduit à l'égard de David est conforme à la différence d'état du proscrit. Naguère celui-ci venait seul, maintenant il est à la tête d’une petite année ; autrefois sa réputation était surtout celle d’un ennemi des Philistins, aujourd’hui il est surtout célèbre par ses différends avec Saül. À ce dernier titre, Achis l’accepte comme un auxiliaire, et lui permet d’habiter Siceleg, au sud de Juda ; peut-être même lui donne-t-il cette ville et son territoire en toute propriété. I Reg., xxvii, 6. De là David faisait, dans les régions voisines et confinant à Israël, des expéditions et des razzias qu’Achis croyait dirigées contre les sujets de Saül. Les réponses ambiguës de David l’entretenaient dans cette pensée, et de plus en plus il croyait posséder en lui un puissant allié contre Saül. Il arriva cependant que, les Philistins entreprenant eux-mêmes une campagne contre Israël, Achis voulut que David et les siens y prissent part.