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ACHAZIB — ACHIA

sur les confins d'Éleuthéropolis. » Lib. de situ et nom. loc. heb., t. xxiii, p. 889.

Ce témoignage nous permet aussi de croire que l’Achzib de Juda est identique à Chezib (Χασϐί, Chazbi) dont parle le texte hébreu dans la Genèse, xxxviii, 5. Là, en effet, où la Vulgate traduit : « Lorsqu’il fut né (Sela, son troisième fils), elle (la fille de Sué, épouse de Juda) cessa d’enfanter ; » l’original porte : « Et il (Juda) était à Kezib lorsqu’elle l’enfanta (Sela) ; » remarque faite par l’historien afin que la famille issue de Sela connût son origine. Comme les autres endroits mentionnés dans ce chapitre sont tous dans la plaine de Juda, nous pouvons à bon droit, avec les interprètes anciens et modernes, identifier Chezib avec Achazib 2.

Enfin, quelques auteurs assimilent Achazib 2 avec Cozêba, dont fait mention le texte hébreu dans I Par., iv, 22. Ceux, en effet, que la Vulgate appelle « les hommes de mensonge » sont les « hommes de Cozêba », rangés parmi les descendants de Sela, fils de Juda, par allusion sans doute à leur lieu d’origine. Cependant Conder distingue Achzib de Chozêba, qu’il place plus à l’est, à Koueiziba, dans Palestine Exploration Fund, Quart. St., 1875, p. 13, et Handbook to the Bible, Londres, 1887, p. 408.

ACHIA, ACHIAS, hébreu : ʾǍḥîyâh, « mon frère, c’est-à-dire ami est Jéhovah ; » Septante : Ἀχιά Vulgate, dans plusieurs endroits, a traduit la forme hébraïque ʾǍḥîyâh par Ahia. Voir Ahia.

1. ACHIAS, fils d’Achitob, portait l'éphod à l'époque de Saül, I Reg., xiv, 3, c’est-à-dire qu’il était grand prêtre des Israélites. Il était l’arrière-petit-fils d’Héli par son père Achitob et son aïeul Phinées. Il ne paraît en scène qu’une seule fois dans l’histoire de Saül. C'était pendant une expédition contre les Philistins ; le roi d’Israël, avec six cents hommes, campait à Gabaa de Benjamin, lorsque son fils Jonatbas eut l’idée, inspirée peut-être par Dieu, d’attaquer les Philistins en compagnie de son seul écuyer : l'événement donna raison à son audace, et les Philistins s’enfuirent, frappés d’une terreur surnaturelle. I Reg., xiv, 15. À cette nouvelle, Saül appelle Achias et lui dit : « Consultez l’arche du Seigneur ; » car, ajoute la Vulgate, « l’arche de Dieu était ce jour-là avec les enfants d’Israël, » v. 18. L’arche résidait alors à Cariathiarim, I Reg., vii, 1 ; mais on sait qu’elle accompagnait parfois les Hébreux dans leurs expéditions militaires.

[Image à insérer] 21. — Vue d’Achazib d’Aser. D’après une photographie.


Toutefois ce n'était généralement pas à l’aide de l’arche d’alliance que le grand prêtre consultait le Seigneur ; il le faisait au moyen de l’'éphod, et c’est sans doute la raison qui a porté les Septante à traduire ainsi le passage qui nous occupe : « Apporte l’éphod (car il portait l’éphod en ce jour en présence d’Israël). » Quoi qu’il en soit, Saül voulait consulter l’oracle divin, pour savoir ce qu’il devait faire dans cette circonstance imprévue, où Dieu se manifestait visiblement en faveur de l’armée israélite. Mais, comme il parlait encore au prêtre, un tumulte plus fort et toujours croissant se fit entendre dans le camp des Philistins. « Abaisse ta main, » dit Saül à Achias, qui se mettait en devoir de consulter l’oracle. La conduite à tenir devenait, en effet, évidente : il fallait profiter du désordre extrême où se trouvaient les ennemis pour fondre sur eux et changer leur déroute en désastre. C’est ce que firent Saül et les siens. I Reg., xiv, 19-23. Achias n’est plus nommé après cet épisode ; d’ailleurs il dut mourir peu après, puisque, quelques années plus tard, c’est Achimélech, autre fils d’Achitob, et par conséquent frère d' Achias, I Reg., xxil, 9, qui est revêtu du souverain pontificat et donne à manger à David les pains de proposition. I Reg., xxi, 1-6. Quelques interprètes pensent cependant qu’Achimélech n’est pas différent d' Achias, et que ces deux noms, qui ont peut-être la même signification ( Achias = frère ou ami est Jéhovah ; Achimélech = frère ou ami est le roi [d’Israël, Jéhovah]), désignent un seul et même fils d’Achitob. Voir Achimélech 1.

E. Duplessy.