Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/117

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
105
106
ACAN - ACCARON


ACAN (hébreu : ʿAqân ; Septante : ʾIoυϰάμ), fils d'Éser et petit-fils de Séir l’Horréen. Gen., xxxvi, 27. Il est appelé Iacan (hébreu : Ya’aqân), I Par., i, 42.

ACANTHE, Acanthus spinosus. Voir Chardon.


ACCAÏN (hébreu : Haqqaîn, c’est-à-dire Qaïn, avec l’article), ville de la tribu de Juda, mentionnée, Jos., XV, 57, entre Zanoé et Gabaa. Dans Palestine Exploration Fund, Quart. St., 1881, p. 37, on range parmi « les gains de l’archéologie biblique », dus aux explorateurs modernes, l’identification de cette localité avec le village actuel de Youkin ou Yakin, au sud-est d’Hébron. Le mot Qaïn lui-même rappellerait la famille des Cinéens, dont l’Écriture parle en plusieurs endroits, Gen., xv, 19 ; Jud., i, 16 ; I Reg., xv, 6, et qui habitaient le sud de la Palestine. La situation de Youkin répond aussi parfaitement à la prophétie de Balaam sur cette race. Du haut du Phogor, jetant les yeux vers l’ouest, « il vit le Cinéen, et, reprenant sa parabole, il dit : Tu demeures dans des lieux escarpés ; tu as établi ton nid (jeu de mots entre qên, nid, et Qêni, Cinéen) dans le roc, mais Qaïn sera ravagé. » Num., xxiv, 21, 22. Or le village actuel, perché sur le sommet d’un rocher escarpé, dominant le désert occidental de la mer Morte, est un des points les plus en vue, quand le regard plonge de l’est sur les montagnes de Juda. Dans ce même endroit s'élève une petite mosquée solitaire, consacrée à Neby Louth (Loth). C’est, en effet, dans une grotte attenante à ce sanctuaire, que, d’après une ancienne tradition musulmane, Loth, neveu d’Abraham, se serait arrêté quelque temps après sa fuite de Sodome. Voir Guérin, Description de la Palestine, Judée, t. iii, p. 158.


ACCARON (hébreu, ʾÉqrôn ; Septante, ἡ Ἀϰϰάρων), ville de la Séphéla, paraît avoir été la plus septentrionale des cinq satrapies philistines. Josué, xiii, 3 ; xv, 11, 47. Elle était peu éloignée de la mer. Josué, xv, 11. Dans l’Onomasticon, Eusèbe s’exprime ainsi : « Accaron, de la tribu de Dan, à la gauche des Chananéens, l’une des cinq satrapies des Philistins, qui fut assignée à la tribu de Juda ; mais celle-ci ne put s’en emparer et en exterminer les anciens habitants. C’est maintenant encore un grand village…, entre Azot et Jamnia, vers l’orient. » La véritable situation d’Accaron a été longtemps ignorée. Le D r Robinson a identifié à juste titre l’Aker actuel (entre EmmaûsNicopolis à l’est, et Jamnia ou Jabné à l’ouest) avec l’ancienne Accaron. Aker est un assez grand village de huit cents habitants. Les maisons sont petites, ordinairement composées d’une seule pièce, de deux au plus, et hautes de trois mètres. Pressées confusément les unes contre les autres, elles sont construites, comme celles de la plupart des villages de la plaine des Philistins, avec des briques non cuites et séehées seulement au soleil ; le toit est horizontal, mais légèrement bombé vers le centre, et est formé de branches d’arbres sur lesquelles repose une couche de terre mêlée de paille hachée. Autour du village, sur les pentes de la colline dont il occupe le sommet, on observe des plantations de tabac. Au sud est un jardin entouré d’une haie de cactus, et au milieu duquel s'élance un beau palmier. À l’ouest, un grand puits à noria est bien construit et profond ; il est ombragé par un vieil acacia mimosa. Deux autres puits sont aux trois quarts comblés. Si le village moderne qui, sous le même nom, sauf la désinence, a remplacé la ville antique, est construit en terre et ne renferme aucune ruine apparente de quelque importance, on peut en inférer ou que l’ancienne Accaron était elle-même construite en briques non cuites au feu, et par conséquent on ne doit pas s'étonner si elle a disparu complètement ; ou qu’elle avait été à la vérité bâtie en pierres, mais qu’ayant été renversée depuis longtemps, car à l'époque des croisades il n’en est plus question que comme d’un simple village, les matériaux de construction, si rares dans la plaine de la Séphéla, auront été transportés ailleurs pour servir à d’autres bâtisses.

À quelle époque remonte la fondation d’Accaron ? La Bible ne nous l’apprend pas. Nous savons seulement qu’elle existait déjà lors de l’invasion de la terre de Chanaan par les Israélites, et qu’elle appartenait aux Philistins. Devait-elle sa première origine à ce dernier peuple, ou bien aux Hévéens, qui primitivement habitaient le pays ? C’est ce qu’il serait difficile de décider. Comme ses ruines ont disparu, et que le village établi sur son emplacement ne renferme, à l’exception de deux colonnettes de marbre blanc, qui ont fort bien pu être apportées là d’ailleurs, aucun débris d'édifice qui atteste son ancienne splendeur, on en est réduit à de pures conjectures en ce qui regarde son étendue et son importance. Mais tout porte à croire que c'était la moins considérable des cinq satrapies philistines.

[[File: [Image à insérer]|300px]]
14. — Vue d’Accaron.

Accaron fut assignée d’abord par Josué, xv, 45, à la tribu de Juda ; bientôt après elle fut concédée à la tribu de Dan. Jos., xix, 43. En réalité, elle ne fut possédée longtemps ni par la tribu de Juda ni par celle de Dan ; car, conquise d’abord par les Hébreux, elle fut ensuite reprise par les Philistins. Josèphe, Ant. jud., V, iii, 1. Cf. I Reg. v, 10 ; xvii, 52 ; IV Reg., i, 2, 16 ; Jer., xxv, 20 ; Amos, i, 8. Sur la fin de la judicature d’Héli, l’arche d’alliance, étant tombée au pouvoir des Philistins, fut transportée par eux à Azot, à Geth et à Accaron, et comme elle causait partout d’effroyables maladies, on la renvoya à Bethsamès, la ville de Juda la plus voisine d’Accaron. I Reg. vi, 12, 16. On peut voir encore, entre deux collines pittoresques, le chemin qu’elle dut suivre pour se diriger à travers les hautes montagnes, vers la cité des Bethsamites, à 15 kilomètres vers le levant. Un passage du quatrième livre des Rois, I, 2, 3, 6, 16, nous apprend que Béelzébub (voir ce mot) avait un oracle à Accaron, et par conséquent un temple, qui attirait, même d’assez loin, soit des adorateurs, soit des visiteurs, qui venaient le consulter, puisque Ochozias, roi d’Israël, blessé d’une chute grave qu’il avait faite à Samarie, en tombant de l'étage supérieur de son palais, s’adressa à cette divinité pour savoir d’elle s’il guérirait.

Les destinées d’Accaron se confondirent nécessairement avec celles des autres cités philistines, et elle dut être plu-