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ABREK — ABSALOM

tête » ne se dit pas abreh ou aprek, mais rekdjô. Cf. Novum Testamentum copticum, édit. Wilkins, Oxford, 1716, Joa., viii, 8 ; xrx, 30 ; Peyron, Lexicon linguæ copticæ, et Peyron, Grammatica linguæ copticæ, ch. xii, p. 74.

4° On a pensé être plus heureux en expliquant abrek directement par l’égyptien, et en le considérant comme un composé de ap, « premier, » et de reh, « savant. » Aprek signifierait donc « premier savant », titre analogue pour la forme à celui de « premier prophète ». Ap pourrait encore se traduire par « chef », d’où « chef des savants ». Les savants du pharaon, suten reḥu, n’ont pu interpréter son songe ; Joseph y réussit. N’est-il pas naturel qu’on lui donne le titre de « premier savant », ou « chef des savants » ? La transcription ne souffre pas de difficulté ; le b hébraïque est souvent mis pour le p égyptien, et le k pour le h (heth égyptien, équivalent au khi grec, χ). Voir Harkavy, Les mots égyptiens de la Bible, dans le Journal asiatique, mars-avril 1870, p. 177. Malheureusement l’adjectif, en égyptien, se place après le nom ; « premier savant » se disait donc reḥape ; de plus ap, dans le sens de « chef », n’est pas connu dans les titres, et encore faudrait-il reḥu au pluriel.

5° L’explication la plus satisfaisante donnée jusqu’ici est encore celle de M. H. Brugsch. Abrek est, d’après lui, un mot d’origine sémitique égyptianisé. Il est certain que, à l’époque des rois pasteurs, des mots sémitiques ont pénétré en Égypte. À Thèbes ou à Memphis sans doute, ces mots n’entraient pas dans le langage populaire ; mais à Tanis, lieu de l’épisode raconté par la Genèse, xli, il y avait une population mêlée, où les Sémites étaient nombreux, surtout à l’époque des rois pasteurs. Il n’est pas étonnant que dans cette ville des racines sémitiques aient revêtu des formes égyptiennes, et soient passées dans le langage courant. Bark signifie « être agenouillé » (Chabas) ; de là est venu « adorer » (Brugsch). L’a initial est la marque de l’impératif égyptien. La simple racine du verbe avec a, sans aucun suffixe personnel, ni pour le singulier ni pour le pluriel, est un impératif très usité. Abrek a donc le sens de « agenouillez-vous, prosternez-vous ». N’est-ce pas ce mot, avec une simple modification de voyelle, qu’emploient les Arabes d’Égypte, pour inviter un chameau à se coucher, lorsqu’il doit recevoir sa charge : Abrok ? Chabas, Études sur l’antiquité historique, 2e édit., p. 418-419.

ABRICOTIER, arbre de la famille des Rosacées, qui atteint de trois à six mètres de hauteur. Ses fleurs sont précoces et se développent avant les feuilles ; leurs pétales sont blancs à l’intérieur et rosés à l’extérieur. Les feuilles sont glabres, luisantes, largement ovales et dentelées sur les bords (fig. 9). Le fruit, l’abricot, se compose d’un noyau ovale, autour duquel est la chair ou pulpe, d’une saveur sucrée aromatique, recouverte d’une peau jaune ou rougeâtre, finement veloutée.

Vois l’abricot naissant, sous les yeux d’un beau ciel,
Arrondir son fruit doux et blond comme le miel.

Il n’est pas certain qu’il soit mentionné dans la Bible. Quelques savants croient cependant le reconnaître dans le tappûaḥ du Cantique, ii, 3, 5 ; vii, 8 ; viii, 5 ; des Proverbes, xxv, 11, et de Joël, i, 12. « L’abricot, dit M. Tristram, est commun dans toute la Palestine. C’est peut-être, si l’on en excepte seulement la figue, le fruit le plus abondant du pays. Sur les montagnes et dans les vallées, sur les rives de la Méditerranée et sur les bords du Jourdain, dans le nord de la Judée, sur les hauteurs du Liban, dans les gorges de la Galilée et dans les vallons de Galaad, l’abricotier est florissant et donne des fruits en abondance. L’arbre et les fruits répondent parfaitement à tout ce que l’Écriture nous dit du tappûaḥ, a Je « me suis assis avec délices à son ombre, et son fruit était « doux à ma bouche, » Cant. ii, 3. Près de Damas et sur les rives du Barada, nous avons dressé nos tentes et étendu nos tapis à son ombre, et nous y avons été complètement à l’abri des rayons du soleil. « L’odeur de ton haleine est comme le tappûaḥ. » Cant., vil, 8. Il n’y a guère de fruit plus délicieusement parfumé que l’abricot. Et à quel fruit peut mieux convenir l’épithète de Salomon : « des pommes d’or dans des vases d’argent, » Prov., xxv, 11, qu’à ce fruit doré, lorsqu’il fait fléchir sous son poids, dans son cadre de feuillage brillant mais pâle, les branches qui le portent. » H. B. Tristram, The Land of Israël, in-8°, Londres, 1865, p. 605. Voir Id., Fauna and Flora of Palestina, in-4°, . Londres, 1884, p. 294. Aujourd’hui, en Chypre, on appelle encore l’abricot « la pomme d’or », τὸ χρυσόμελο(ν). W. A. Groser, The Trees and Plants in the Bible, in-12, Londres, 1888, p. 92. [Image à insérer]

Abricotier, feuilles et fruits.

On ne saurait nier que les caractères que l’Écriture attribue au tappûaḥ ne puissent convenir à l’abricotier et à son fruit. Cet arbre, originaire d’Arménie, a dû être introduit de bonne heure en Palestine, comme la vigne, qui vient aussi des mêmes régions. Il serait donc tout naturel que nous trouvions des allusions à son fruit dans l’Écriture. Malheureusement les passages où les auteurs sacrés parlent du tappûaḥ sont trop vagues pour qu’ils permettent de déterminer rigoureusement l’arbre dont ils ont voulu parler. Aussi les avis sont-ils très partagés sur sa nature. L’abricotier a assez peu de partisans ; le citronnier et le cognassier en ont davantage. Voir W. Houghton, The Tree and Fruit represented by the Tapûakh of the Hebrew Scriptures, dans les Proceedings of the Society of Biblical Archæology, novembre 1889, t. xii, p. 42-48 ; voir aussi Citron, Cognassier, Pomme, Tappûah.

F. Vigouroux.


ABRONAS (grec : Ἀϐρωνάς), forme grecque altérée du nom de la rivière Chaboras, affluent de l’Euphrate, en Mésopotamie. Judith, ii, 24. Dans le passage correspondant de la Vulgate, ii, 14, nous lisons « le torrent de Mambré » au lieu d’Abronas. Voir Mambré 3.


ABSALOM, hébreu : ʾAbšalôm, « le père est paix ; » Septante : Ἀϐεσσαλώμ.

1. ABSALOM, le troisième des fils de David. Il était petit-fils de Tholmaï, roi de Gessur, par sa mère Maacha, II Reg., iii, 3 ; I Par., iii, 2. Celle-ci avait encore donné à David une fille, Thamar, dont la grande beauté fournit la première occasion des événements qui se rapportent à l’histoire d’Âbsalom. II Reg., xiii-xviii.

Amnon, fils de David et d’Achinoam la Jesraélite, ayant conçu pour Thamar une passion criminelle, tendit un piège à son innocence et se porta envers elle aux derniers outrages ; puis il la chassa d’une manière ignominieuse,