Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/1052

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
1975
1976
BUSARD — BUTIN

tour » ; la Vulgate rend le premier par « milan » et le second par « vautour ». Le busard était assez commun en certains endroits de la Palestine et assez facile à capturer, pour que Moïse ait songé à en défendre l’usage dans l’alimentation.


635. — Busard.

Il est vraisemblablement désigné par le mot râʾâh. Tristram, The natural History of the Bible, Londres, 1889, p. 186 ; Wood, Bible animals, Londres, 1884, p. 361.

BUTIN (hébreu : baz, et, dans les livres plus récents, bizzâh, béṣaʿ, ḥéléq, malqôaḥ, mešissâh, ʿad, šâlâl ; Septante : προνομή, σϰύλα ; Vulgate : præda, spolia). Le butin se compose des objets de valeur et des animaux dont on s’empare après la victoire. Les captifs forment une catégorie à part. Voir Captifs. Comme le butin est la conséquence de la victoire, et que la Sainte Écriture raconte un très grand nombre de combats, il n’est pas étonnant qu’il y soit fréquemment question de butin, et que les Hébreux aient possédé plusieurs mots pour désigner ce genre de capture. Il en a été du reste chez eux comme chez tous les autres peuples de l’antiquité, et rien n’est fréquent, dans les inscriptions et les monuments de l’Égypte et de l’Assyrie, comme les énumérations de dépouilles prises sur l’ennemi vaincu, et les représentations de convois chargés du butin conquis (fig. 636).

I. Principaux butins mentionnés dans les Livres Saints. — 1° Parfois ce sont les Hébreux qui remportent eux-mêmes le butin, sur les Égyptiens, Exod., xii, 35 ; Sap., x, 19 ; sur Séhon, roi d’Hésébon, Deut., ii, 94, 35 ; sur Og, roi de Basan, Deut., iii, 7 ; sur les Madianites, Num., xxxi, 11 ; après la prise de Jéricho, Jos., vi, 17, de Haï, Jos., viii, 2, 27, d’Asor et des villes voisines, Jos., xi, 14 ; sur les Philistins, I Reg., xiv, 32 ; xxx, 16 ; II Reg., xxiii, 10 ; sur les Amalécites, I Reg., xv, 12 ; xxvii, 8, 9 ; après la prise de Rabbath, ville des Ammonites, II Reg., xii, 30 ; après les victoire d’Asa sur les Éthiopiens, II Par., xiv, 13, 14 ; de Josaphat sur les Ammonites et les Moabites, II Par., xx, 25 ; après la levée du siège de Béthulie, sur les Assyriens, Judith, xv, 7 ; enfin après les victoires des Machabées sur Gorgias, I Mach., iv, 23 ; sur Lysias, I Mach., vi, 6 ; sur Nicanor, I Mach., vii, 47 ; sur différents ennemis, I Mach., XI, 51. — 2° D’autres fois, les Israélites sont vaincus, et ils enrichissent successivement de leurs dépouilles le roi chananéen Arad, Num., xxi, 1 ; les Philistins, I Reg., xxxi, 8, 9 ; I Par., x, 8 ; le roi de Syrie, II Par., xxviii, 5 ; les Iduméens, II Par., xxviii 17 ; les Chaldéens, au moment de la grande captivité, IV Reg., xxv, 13-17 ; II Par., xxxvi, 18, et, plus tard, les Romains, après la prise de Jérusalem par Titus. Josèphe, Bell. jud., VII, v, 5. — 3° Les prophètes annoncent aux Juifs le butin que les étrangers feront sur eux, en punition de leur infidélité à Dieu. IV Reg., xxi, 14 ; Is., v, 29 ; vin, 1, 3 ; x, 6 ; xxiv, 3 ; Jer., xv, 13 ; Ezech., vii, 21 ; xxxviii, 11-13. Mais ils prédisent aussi aux ennemis qu’à leur tour ils seront pillés, Jer., L, 10 ; Hab., ii, 8, et ils célèbrent à l’avance la grande revanche que, sous ce rapport, Jérusalem prendra un jour sur ses vainqueurs. Is., xi, 14 ; xxxiii, 14, 23 ; Ezech., xxxix, 9, 10 ; Mich., IV, 13. Il s’agit surtout, dans ces derniers textes, du butin spirituel que fera la ville sainte après la venue du Messie.

— 4° Dans la bénédiction qu’il donne à ses fils avant de mourir, Jacob représente deux d’entre eux, Juda et Benjamin, comme devant être habiles à conquérir le butin. Il dit de Juda et de Benjamin :

Juda est un lionceau :
Tu reviens de la proie, mon fils.

Gen., xlix, 9.

Benjamin est un loup ravisseur :
Le matin il dévore sa proie,
Et le soir il partage les dépouilles.

Gen., xlix, 27.

Ces prédictions font allusion aux destinées temporelles des deux tribus, et aussi au rôle spirituel de leurs principaux descendants. — 5° Il est parfois parlé d’un butin moins noble que les précédents, celui que font les brigands, les voleurs de grand chemin et les méchants en général. Jud., IX, 25 ; Job, 1, 15 ; xxiv, 5 ; Prov., 1, 13 ; xvi, 19.

II. Répartition du butin. — 1° Dans certains cas, pour inspirer aux Israélites l’horreur de l’idolâtrie, Dieu commandait que tout le butin pris sur les idolâtres fût détruit, à l’exception de ce qui pouvait être purifié par le feu, comme l’or, l’argent, l’airain et le fer. Jos., vi, 17-19. Après la prise de Jéricho, Achan contrevint à l’ordre du Seigneur, et garda pour lui « un manteau de Babylonie, deux cents sicles d’argent et une barre d’or ». Jos., vii, 21. Cette transgression attira une défaite à Israël, et fut ensuite punie avec la dernière rigueur. Voir Achan. — Plus tard, Saül ne sut pas se souvenir de cet exemple. Il avait reçu l’ordre de détruire absolument tout ce qu’il prendrait aux Amalécites, I Reg., xv, 3 ; mais il épargna soigneusement tout ce qui avait de la valeur. I Reg., xv, 9. Ce fut l’occasion de sa réprobation par le Seigneur. I Reg., xv, 11, 23. — 2° Il y avait toujours dans le butin une part prélevée pour le service divin. Moïse établit que cette part serait d’un cinq-centième des dépouilles attribuées aux combattants. Num., xxxi, 28. Après la victoire contre les Madianites, les officiers tinrent cependant à faire davantage, et ils consacrèrent à Dieu l’or et les parures précieuses dont ils s’étaient emparés. Num-, xxxi, 48-54- Cette part sacrée est mentionnée expressément à la suite du plusieurs victoires. II Reg., viii, 11 ; I Par., xxvi, 27 ; II Par., xv, 11. — 3° Voici comment Moïse fit diviser le butin pris sur les Madianites : on le partagea en deux portions égales, l’une pour les combattants, moins le cinq-centième réservé au Seigneur, l’autre pour le reste du peuple, moins un cinquantième attribué aux lévites. Num., xxxi, 28-47. Dans les lois qu’il porta plus tard au sujet de la guerre, Moïse dit : « Tu partageras à l’armée tout le butin, et tu te nourriras des dépouilles de tes ennemis. » Deut., xx, 14. Cette prescription générale ne déroge sans doute pas â celle qui a été formulée précédemment avec plus de détail ; d’ailleurs le législateur s’adresse au peuple tout entier, et l’autorise à se nourrir des dépouilles, par conséquent à en avoir sa part. — En renvoyant au delà du Jourdain les combattants de Ruben, de Gad et de la demi-tribu de Manassé, Josué leur rappelle qu’ils ont à partager avec leurs frères le butin conquis. Jos., xxil, 8. — À la suite