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1943
1944
BRODERIE — BRONZE

xxxviii, 18. La ceinture du grand prêtre était de fin lin brodé. Exod., xxviii, 39 ; xxxix, 28. Béséléel et Ooliab excellaient dans l’art de broder. Exod., xxxv, 35 ; xxxviii, 23. Les chefs d’Israël portaient des vêtements ou écharpes brodées. Jud., v, 30.

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622. — Voile de barque égyptienne brodée. Tombeau de Ramsès III, à Biban el-Molouk. D’après Champollion, Monuments de l’Egypte, t. iv, pl. cclv.

Le vêtement de l’épouse, dans le Ps. xliv (hébreu, xlv), 15, est couvert de riches broderies en couleur. Dieu a paré ainsi Israël, qu’il compare à une épouse, Ezech., xvi, 10 ; mais il s’est dépouillé de cette superbe broderie pour en revêtir ses idoles. Ezech., xvi, 18. N. G. Schrœder, Comment. philolog. criticus de vestitu mulierum hebræarum, in-8° Utrecht, 1776, p. 219-225, montre que les maḥǎlâṣôṭ portés par les femmes d’Israël, auxquelles Isaïe, iii, 22, reproche leur luxe, étaient des manteaux brodés d’or. Le plumage nuancé de l’aigle, Ezech., xvii, 3, les pierres précieuses aux couleurs et dessins variés, I Par., xxix, 2, sont comparés à de la broderie. — Cf. E. Lefébure, Broderie et dentelles, in-8°, Paris, 1887, p. 1-34.

E. Levesque.

BRONZE (hébreu : nehoséṭ, et quatre fois, dans Daniel, neḥàš, cf. assyrien, nuḥšu ; Septante : χαλκός ; Vulgate : æs). Alliage de cuivre et d’étain dans des proportions variables. Le mot nehoséṭ, qui se trouve plus de cent trente fois dans le texte sacré, désigne à la fois le cuivre et le bronze. Les anciens, aussi bien les Romains et les Grecs que les Orientaux, n’avaient pas pour le suivre et le bronze de nom distinct et spécifique. Tout métal et alliage rouge ou jaune, altérable au feu, s’appelait χαλκός ou æs, c’est-à-dire airain (dans un sens général tout à fait distinct du composé spécial appelé plus tard de ce nom, voir col. 323). Tout métal et alliage blanc, fusible et altérable au feu, s’appelait à l’origine plomb. Plus tard on distingua deux variétés, le plomb noir, qui n’est autre que notre plomb ^et le plomb blanc, κασσίτερος, stannum, étain ou plomb argentifère. Pline, H. N., xxxiv, 47 ; M. Berthelot, Introduction à l’étude de la chimie des anciens, in-8°, Paris, 1889, p. 230. Les variétés de l’airain se distinguaient d’après le lieu de provenance : airain de Chypre, airain de Corinthe, etc. Pline, H. N., iii, 20 ; ix, 65, 1 ; xxxiv, 20, 1, 3. C’est même une de ces épithètes appliquées à l’airain qui a donné son nom au cuivre, ses cyprium ; le mot cuprum, comme nom distinct du cuivre, apparaît au m » siècle de notre ère. M. Berthelot, Introduction, p. 278. Le mot « bronze » a, selon toute apparence, une semblable origine. C’était un alliage, fabriqué à Brindisi pour l’industrie des miroirs, ses Brundisium. Pline, H. N., xxxiii, 45 ; xxxiv, 48. Un manuscrit du yme siècle d’un traité intitulé Compositiones ad tingenda, « Formules de teintures » ( cf. Muratori, Antiq. ital., Diss. xxiv, t. ii, p. 364-387), nous offre pour la première fois le substantif Brundisium, « bronze, » comme nom spécifique de cet alliage.

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623. — Miroir égyptien en bronze. Musée de Ghizéh.

M. Berthelot, Introduction à l’étude de la chimie des anciens, p. 275, et La chimie au moyen âge, 1. 1 ; Essai sur la transmission de la science antique, in-8°, Paris, 1893, p. 356. Il résulte de cette confusion des anciens dans la nomenclature des métaux et de leurs alliages, qu’on ne saurait, à la seule inspection du nom, dire si le mot nehoséṭ signifie bronze ou cuivre dans tel ou tel passage du texte sacré.

Le contexte peut quelquefois, mais rarement, indiquer s’il s’agit du métal pur ou de son alliage. Ainsi dans Deut., viii, 9 ; xxxiii, 25 ; Job, xxviii, 2 ; Ezech., xxii, 18, etc., il paraît bien être question de minerai de cuivre. Au contraire, les miroirs de nehoséṭ, Job, xxxvii ; 18, seraient plutôt des miroirs de bronze semblables à ceux qui ont été trouvés en Égypte (fig. 623), et qui rappellent