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BRIQUE


blanc. Il fallait de l’habileté et de la pratique pour représenter ainsi de grandes scènes avec des briques aux dimensions restreintes, ne pouvant contenir chacune qu’une faible partie du sujet ; pour composer un seul personnage, il entrait bon nombre de ces carreaux. Evidemment l’artiste devait faire une sorte de carton ; il le divisait en sections numérotées de la grandeur d’un carreau, et il répartissait exactement le travail entre les différentes briques, en les marquant d’un numéro d’ordre correspondant. Place, Ninive, t. ii, p. 253 ; Oppert, Expédition scientifique en Mésopotamie, 1. 1, p. 143-144. Les briques étaient ensuite assemblées avec soin et à joints très fins ; et pour les fixer solidement au mur dont elles formaient

des ambassadeurs. » Cf. Vigouroux, Bible et découvertes modernes, 5° édit., p. 401-403 ; £. Babelon, Manuel d’archéologie orientale, p. 125-131 ; Perrot, Histoire de l’art, t. ii, p. 295-311.

C’est aussi aux Babyloniens que les Perses empruntèrent, avec l’art d’émailler la brique, celui de l’estamper avec des sujets en relief, en le perfectionnant. Deux frises, celle des Lions et celle des Archers, trouvées à Suse, dans les ruines du palais d’Artaxerxès Mnémon, et reconstituées au musée du Louvre, nous otfrent de magnifiques spécimens de ce dernier procédé. J. Dieulafov, À Suse, journal des fouilles, 1884-1886, in-4°, Paris, 1888, p. 273. L’Egypte connaissait également la brique émaillée, et

618. — Archivolte en briques émalllées d’une des portes de Khorsabad. D’après Place, Ninive et l’Assyrie, t. iii, pi 15.

le revêtement, on se servait, à Babylone, de bitume. A Ninive, on se contentait souvent d’un ciment moins tenace. G. Perrot, Histoire de l’art, t. ii, p. 300. Ninive, qui avait emprunté l’art d’émailler aux Babyloniens, leur était restée inférieure : l’émail est moins solide ; à l’air il perd son brillant et l’argile s’effrite. À Khorsabad cependant, Place, Ninive, t. iii, pl. 24, 31, a trouvé au-dessus d’une des portes de la ville, fondée par Sargon, une archivolte émaillée bien conservée (ûg. 618).

Cette décoration des palais de Ninive et de Babylone avait vivement frappé les anciens. Ctésias, cité par Diodore, II, viii, 4, 6, en parle avec admiration. Bérose y fait allusion en signalant les peintures du temple de Bel. Le prophète Ezéehiel, xxiii, 14, 15, nous montre Ooliba, c’est-à-dire Jérusalem, « contemplant des hommes peints sur la muraille, des images de Chaldéens tracées au vermillon, portant une ceinture autour des reins, et sur la tête des tiares de diverses couleurs, tous semblables à des princes, des portraits de Babyloniens, de Chaldéens ; elle s’éprend d’amour pour eux et leur envoie

parait en avoir fait un très fréquent usage dès l’ancien empire, particulièrement dans le Delta. Cet usage du reste « est encore très répandu dans les pays de l’orient et du sud, depuis la maison la plus simple jusque dans les palais… L’espèce de fraîcheur qui semble résulter de ce poli brillant, et l’éclat durable des couleurs que présentent ces revêtements, plaisent aux habitants des pays chauds ». A. Brongniart, Traité des arts céramiques, 3e édit., 1877, t. ii, p."95.

Dans la grande pyramide de Saqqarah, la porte d’un des caveaux avait son chambranle entouré de ces briques émaillées en bleu verdâtre. Lepsius, Denkmâler, Abth. ii, Bl. 2. La plupart de ces plaques, acquises par le musée de Berlin, y ont servi à reconstituer cette porte. Leur face postérieure a une saillie qui servait à les engager dans le mortier ; et pour plus de solidité cette saillie avait été percée d’un trou dans lequel on devait passer une tige de bois ou de métal permettant de reiier ensemble les briques d’une même file horizontale. Un plus beau spécimen, conservé au musée de Boulaq, a été