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1921
1922
BRENTIUS — BRETONNES (VERSIONS) DE LA BIBLE

bingue, 8 in-fo, 1576-1590. Voici la liste des sept premiers volumes, qui sont tous des commentaires :

  • T. i, Commentarii in Genesim, Exodum, Leviticum, Numeros, Deuteronomium, Tubingue, 1576 ; publiés précédemment, in-fo, Halle, 1544.
  • T. ii, In Josuam prior et posterior expositio, in librum Judicum, Ruth, I et II Samuelis, I et II Regum, Esaiam, Nehemiam, Esther, Tubingue, 1576, et, à part, in-fo, Francfort, 1550.
  • T. iii, Commentarii D. Brentii in Job. Lucubrationes ejusdem et cygnæa cantio in Psalmos centum et sex. In reliquos 44 Psalmorum explicationes Theodorici Snepffil, Tubingue, 1578.
  • T. iv, Commentarii in Ecclesiasten, Esaiam, Jeremiam, Oseam, Amos, Jonam, Michæam, Tubingue, 1580.
  • T. v, Commentarii in Matthæum et homiliæ in Marcum et Lucam. Homiliæ in passionem Christi e quatuor evangelistis. Homiliæ in resurrectionem Christi, Tubingue, 1582, et, à-part, 2 in-4o, Bâle, 1544.
  • T. vi, Homiliæ in Evangelistam Joannem. In eundem exegesis, Tubingue, 1584, et, auparavant, in-fo, Halle, 1545.
  • T. vii, Commentarii in Acta Apostolorum et in Epistolas Pauli ad Romanos, Galatas, Philippenses, Philemon, Tubingue, 1588 ; in-fo, Francfort, 1561.

La Vie de Brentius a été écrite par Joh. Justus von Einem, in-8o, Magdebourg, 1733, édition fort rare, et par Hartmann et Jäger, Joh. Brenz, Leben und Schriften, Elberfeld, 1862 ; 2 in-8o, Hambourg, 1840-1842.

G. Thomasson.

BRETONNES (VERSIONS) DE LA BIBLE. Sous ce titre, nous comprenons seulement les traductions bibliques qui ont été faites en breton armoricain, autrement dit en breton de France, et nous laissons de côté les versions qui ont été publiées en gallois et en cornique, autres familles du breton.

L’histoire du breton armoricain se divise en trois périodes : celle du vieil armoricain, qui va du viiie au xie siècle ; celle du moyen armoricain, qui s’étend du xie au xviie siècle, et celle de l’armoricain moderne.

I. Première période.

Nous ne la mentionnons que pour mémoire, car on n’y trouve aucune trace de version biblique. Bien plus, on ne connaît pas jusqu’ici de texte breton antérieur au xive siècle. Les documents du vieil armoricain se réduisent en somme à des mots isolés, cueillis çà et là dans les inscriptions, les chartes, les gloses et les Vies des saints. Il ne faut pas s’étonner dès lors si, dans cette période, on ne rencontre même pas une ébauche ou un commencement quelconque de traduction biblique.

II. Seconde période.

Elle est relativement plus riche. En effet, dès la fin du xve siècle ou au début du xvie, on voit la duchesse Anne de Bretagne demander une version bretonne du Nouveau Testament. Voici du moins ce que dit à ce sujet un écrivain du xviie siècle, le savant abbé Louis de Longuerue, dans son ouvrage Longueruana : « Anne de Bretagne fit traduire le Nouveau Testament en bas-breton. C’est un livre fort rare ; je l’ai vu rechercher avec grand soin par les Anglois. » (T. ii, p. 70, édit. de 1773.) Ce témoignage n’est pas sans valeur, bien qu’il soit un peu tardif et-ne puisse être corroboré par aucun autre. La traduction mentionnée par l’abbé de Longuerue existe-t-elle encore ? Tout porte à croire que non. Il est possible cependant qu’elle soit cachée dans la poussière de quelque bibliothèque d’Angleterre ; mais toutes les recherches que j’ai faites pour en découvrir les traces sont restées inutiles.

Vers la fin du xvie siècle, un auteur breton du Finistère, Gilles de Kerampuil, signale encore une version armoricaine du Nouveau Testament, mais évidemment distincte de la précédente. Il en parle dans la préface d’un catéchisme qu’il publia en 1576, ouvrage actuellement rarissime. [On ne connaît qu’un exemplaire de ce catéchisme ; il appartient à Mme la comtesse de Kergariou, qui me l’a obligeamment communiqué.] Énumérant les motifs qui l’ont porté à publier son catéchisme, Gilles de Kerampuil s’exprime ainsi : « Autre raison pour ce que estant adverty par un libraire de Paris, auquel on avoit faict de grandes instances pour imprimer le Nouveau Testament traduict en langue brette par un Breton fugitif en Angleterre. Et d’autant que je cognois, tant par la relation de plusieurs doctes personnages Anglois, que par le travail que je prins à la conférence de la langue angleche à la nostre (avecques laquelle elle a proche affinité), que la traduction qu’on a ja faicte en langue angleche estre en infinis lieux falsifiée et corrompue. Et que telles traductions et traducteurs, estans hors l’Église, n’ont et ne peuvent avoir aucune vérité, et que cependant cest apostat vondroit introduire son Nouveau Testament, autant ou plus suspect que celuy d’Angleterre, au grand désavantage des simples, et aussi des autres, pour ce que ceste nouveauté, qui est en nostre temps fort prisée, leur feroit recevoir ceste translation, laquelle, pour l’imperfection de la langue, ne se peult bonnement faire sans erreur ou corruption. J’ay dressé ce petit bastillon, pour, si le malheur advient, que ceste suspecte translation (pour le lieu d’où elle vient, et celuy qu’on dit l’avoir faicte) est mise en lumière, que le peuple estant auparavant tellement quellement adextré et preveu par ce petit catechisme, puisse de premier front cognoistre le pernicieux desir de ce nouveau monstre, le debeller et vaincre. » (Catechism hac instruction eguit an Catholicqued… troeit bretnan quentafu a latin en brezonec, gant Gilles Kerampuil, Persson en Cledguen Pochaer hac autrou a Bigodou. À Paris. Pour Jacques Keruer, demeurant rue Sainct-Jacques, à l’enseigne de la Licorne, 1576.) Cette version a dû subir le même sort que la précédente ; du moins on n’en trouve plus aucune trace dans l’histoire.

Y a-t-il eu, au xvie siècle, une traduction complète de la Bible en langue armoricaine ? Certains auteurs l’ont affirmé, sur la foi du P. Grégoire de Rostrenen (de l’ordre des Capucins), écrivain qui a composé plusieurs ouvrages sur le breton de France. Dans la préface de son Dictionnaire françois-celtique, Rennes, 1732, p. 9, il cite, parmi les sources qu’il a utilisées pour son travail, « une Bible bretonne complète, qui contenoit tous les livres canoniques, sans aucune altération, imprimée à Londres, au commencement du xvie siècle. » De prime abord cette affirmation paraît claire et indiscutable. Mais, en y regardant de près, on ne peut s’empêcher de concevoir des doutes sérieux sur la signification de ce témoignage et sur les conclusions que certains écrivains en ont tirées. L’hypothèse d’une Bible armoricaine complète, existant encore dans la première moitié du xviiie siècle et disparue depuis lors, ne paraît guère vraisemblable. On comprend à la rigueur la disparition du Nouveau Testament traduit par ordre d’Anne de Bretagne, puisque, dès le xviie siècle, l’abbé de Longuerue l’appelle déjà « un livre fort rare », et que, suivant toute apparence, lui-même ne l’avait jamais vu. Mais on s’explique beaucoup moins la perte d’une Bible complète, circulant en pleine Bretagne un siècle plus tard, et consultée à loisir par Grégoire de Rostrenen. Ne serait-il pas étrange qu’un ouvrage aussi important pour l’histoire religieuse et littéraire de la Bretagne eût disparu brusquement, à une époque si rapprochée de nous, sans qu’il fût possible de trouver au moins la trace du livre ? Nous avons cité, au reste, le témoignage d’un auteur breton du xvie siècle, Gilles de Kerampuil, qui insinue clairement que le clergé armoricain de cette époque était peu favorable à la traduction en langue vulgaire, même du Nouveau Testament. Dans ces conditions, il est difficile d’admettre qu’un Breton du pays se soit hasardé à traduire toute la Bible, avec la perspective de voir son œuvre mal accueillie. Aussi nous croyons que la version bretonne mentionnée par le P. Grégoire n’est pas autre chose qu’une traduction galloise. Il est certain, en effet, que, chez le P. Grégoire, le mot breton désigne indistinctement tout ce qui appartient