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BREBIS


Sur différents autres soins rendus aux brebis, voir Berger, col. 1616. — La tonte des brebis était chez les Hébreux une occasion de réjouissances champêtres. Gen., xxxi, 19 ; xxxviii, 12, 13 ; 1 Reg., xxv, 2, 4, 7 ; Il Reg., xm, 23-27. On ne tondait pas les premiers-nés. Deut., xv, 19. Une partie de la laine revenait de droit aux lévites. Deut., xviii, 4.

V. Les brebis et les agneaux dans les sacrifices. — La race ovine jouait un grand rôle dans les sacrifices prescrits aux Hébreux. Exod., xx, 24 ; Lev., i, 2. On devait offrir le premier-né de la brebis le huitième jour après sa naissance, Exod., xxii, 30 ; xxxiv, 19 ; Lev., xxii, 27 ; mais, pour inculquer à son peuple l’horreur de toute cruauté, le Seigneur défendait d’immoler en même temps la brebis et ses agneaux. Lev., xxii, 28. Si l’on voulait conserver le premier-né de l'âne, on devait sacrifier à sa place une brebis. Exod., xiii, 13. Les brebis servaient à l’holocauste, Lev., i, 10 ; I Reg., vii, 9, au sacrifice pacifique, Lev., in, 6, 7, et au sacrifice pour le péché. Lev., iv, 32 ; v, 6. On immolait deux agneaux et une brebis d’un an dans le sacrifice pour les lépreux, Lev., xiv, 10-25, un agneau et une brebis d’un an dans le sacrifice offert par le nazaréen (nâzîr). Num., vi, 12, 14. Le sacrifice quotidien se composait de deux agneaux, un pour le matin et un pour le soir. Exod., xxix, 38, 39. C’est encore un agneau d’un an que chaque groupe d’au moins dix personnes avait à offrir, pour le.manger ensuite dans le festin pascal. Exod., xii, 3, 5. Voir Paque. On immolait sept agneaux d’un an aux néoménies, Num., xxviii, 11, au premier jour de la Pâque, Num., xxviii, 19, à la Pentecôte, Lev., xxiii, 18 ; Num., xxviii, 27, au premier jour du septième mois, fête des Trompettes, Num., xxix, 2, et à la fête de l’Expiation, Num., xxix, 8 ; quatorze agneaux à la fête des Tabernacles et pendant l’octave, mais sept seulement le huitième jour de cette solennité. Num., xxix, 15, 36. Le jour de la Pentecôte, on ajoutait à l’holocauste un sacrifice pacifique de deux agneaux. Lev., xxiii, 19. Dans tous les sacrifices, il était spécialement prescrit de brûler la graisse et la queue de la victime. Lev., iii, 9. Parmi les sacrifices mémorables, la Sainte Écriture mentionne les cinq agneaux offerts comme victimes pacifiques, et l’agneau présenté à l’holocauste par chacun des princes des douze tribus d’Israël, à l’occasion de la dédicace du tabernacle, Num., vil, 15-83 ; les mille agneaux pour le sacre de Salomon, I Par., xxix, 21 ; les cent vingt mille brebis pour la dédicace du temple, III Reg., viii, 5, 63 ; les trois mille brebis offertes par Êzéchias, II Par., xxix, 33 ; les quatre cents agneaux pour la dédicace du second temple, I Esdr., VI, 17, et les soixante-dix-sept agneaux immolés en holocauste par les Juifs revenus de Babylone. I Esdr., viii, 35. Du temps de NotreSeigneur, on vendait jusque dans les parvis du temple les brebis destinées aux sacrifices. Joa., H. 14, 15.

VI. Emploi de la peau et de la chair des brebis. — La toison et la peau des brebis servaient à fabriquer des vêtements. Job, xxxi, 20 ; Prov., xxvii, 26 ; Matth., vii, 15. Voir Laine. On se nourrissait du lait, et l’on pouvait manger la chair des brebis. Deut., xiv, 4 ; II Reg., xiii, 23, 24. Dans le désert, il fallait offrir à la porte du tabernacle tout animal qu’on tuait pour l’alimentation. Lev., xvii, 4. A l’occasion d’une Pâque solennelle, le peuple reçut d'Ézéchias sept mille brebis, et des princes dix mille brebis pour sa nourriture. II Par., xxx, 24. Holopherne traînait des troupeaux de brebis à la suite de son armée, pour l’alimentation de ses soldats. Judith, ii, 8. La viande d’agneau et de brebis était également servie sur les tables les plus recherchées. Am., vi, 4 ; Dan., xiv, 2, 31. En général, tout animal de race ovine était destiné à l’autel du sacrifice ou était égorgé, lorsqu’il avait rendu les services qu’on attendait de lui. C’est pourquoi le peuple coupable est comparé à la brebis qui doit être tuée. Ps. xliii, 12, 22 ; Jer., li, 40.

VIL Les brebis de Jacob. — Dans le dessein d’obtenir

des brebis tachetées de différentes nuances, Jacob se servit du moyen suivant. Il prenait des branches vertes, et en ôtait en partie I'écorce, de manière à produire des rayures blanches et foncées ; puis il plaçait les branches ainsi préparées dans les abreuvoirs des brebis, à l'époque de leur fécondation. La bigarrure qui frappait les yeux des mères se reproduisait ensuite sur la toison de leurs petits. Gen., xxx, 37-43. — On est loin d'être d’accord sur le caractère de cet épisode de l’histoire de Jacob. On cite un certain nombre de faits tendant à prouver que la multiplication des agneaux tachetés se produisit d’une manière exclusivement naturelle. Oppien, Cynegetica, édit. Didot, 1846, p. 7, dit qu’on obtenait des poulains zébrés de différentes couleurs en présentant aux juments des chevaux peints de ces couleurs. On usait d’un artifice analogue à l'égard des pigeons. Pline, H. N., vii, 10, donne d’autres exemples. Cf. Élien, Hist. anim., viii, 21. Les Pères latins admettent que l’effet obtenu par Jacob a été purement naturel. S. Jérôme, Quxst. hebr. in Gen., t. xxiii, col. 984 ; S. Augustin, In Heptat., ix, t. xxxiv, col. 572 ; De Civit. Dei, xviii, 5, t. xli, col. 564, etc. Leur manière de voir est adoptée par Bochart, Hierozoicon, édit. de 1793, 1. 1, p. 618 ; Calmet, Commentaire littéral, la Genèse, Paris, 1724, p. 243, etc. Les Pères grecs, au contraire, pensent que le fait est purement miraculeux. S. Jean Chrysostome, Rom. lvii in Gen., 2, t. lui, col. 496 ; Théodoret, Qussst. lxxxix in Gen., t. lxxx, col. 198. Leur avis est partagé par Tristram, , ! vaÉuraZ.Histori/, p.l44 ; W.Houghton, dans le Dictionary of the Bible de Smith, Londres, 1863, t. iii, p. 1243, etc. De fait, il n’est pas démontré que la cause mise en action par Jacob puisse produire autre chose que des effets accidentels et exceptionnels. Les taches que certains enfants apportent en naissant (nievi materni) sont loin d’avoir habituellement pour cause les vifs désirs de la mère. Quant aux animaux, il n’y a pas de rapport nécessaire entre la couleur des objets perçus par les yeux de la mère et la disposition du pigment qui colore le pelage de ses petits. Néanmoins les deux sentiments opposés des exégètes peuvent, semble-t- ii, être conciliés. Aux dispositions que prend Jacob, il paraît bien que le gardien des troupeaux de Laban entend poser une cause naturelle, dont il a dû lui-même constater l’efficacité en certaines occasions. Mais il n’ignore pas que cette efficacité est très restreinte, et que l’intervention divine est nécessaire pour la rendre certaine, générale et constante. Aussi a-t-il bien soin ensuite de reconnaître que « Dieu a été avec lui », que « Dieu a empêché Laban de lui causer préjudice », que « Dieu a pris les richesses de Laban pour les lui donner ». Gen., xxxi, 5-13. Dans cette multiplication des brebis à toison tachetée, une cause naturelle d’efficacité très faible et assez souvent douteuse a donc pu se combiner avec la puissance divine exerçant elle-même son action à l’abri de cette cause naturelle. Voir Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 4e édit., t. iv, p. 347-355.

VIII. Les brebis dans le langage symbolique. — L’agneau, dont la douceur est proverbiale, Is., lui, 7 ; Jer., xi, 19, représente le Sauveur, voir Agneau de Died, et aussi le fidèle serviteur de Dieu. Au temps messianique, l’agneau habitera avec les animaux féroces qui l'épouvantent d’ordinaire, Eccli., xiii, 21, ce qui marque l’union de tous les peuples sous la loi évangélique. Is., XI, 6 ; lxv, 25. Dès l'époque de Moïse, le peuple de Dieu est comparé à des brebis. Num., xxvii, 17. Saül fait le recensement du peuple comme on fait celui des agneaux. I Reg., xv, 4. David, l’ancien berger de Bethléhem, se sert avec prédilection de la même métaphore. II Reg., xxiv, 17 ; Ps. lxxiii, 1 ; lxxviii, 13. Les « brebis sans pasteur », abandonnées sans soin, sans direction et sans défense, sont l’image du peuple qui s’est éloigné de Dieu, et qui par ses fautes s’est soustrait autant qu’il l’a pu à l’action de la divine Providence. Cette expression revient du commencement à la fin de la Sainte Ecriture. Num, ,