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1859
1860
BOSPHORE — BOSRA


    1. BOSPHORE##

BOSPHORE, nom de lieu qu’on ne rencontre qu’une seule fois dans la Vulgate, Abd., y. 20, pour traduire l’hébreu bi-Sefârâd (Septante : ’EqppaOâ). L’identification de Sefarad avec le Bosphore n’est pas exacte, mais les opinions des savants sur la véritable situation de cette localité sont très diverses et incertaines. Voir Sépharad.

    1. BOSRA##

BOSRA, nom de tro’is villes situées à l’est de la mer Morte et du Jourdain, et diversement appelées dans le texte hébreu.

1. BOSRA (hébreu : Bosrâh ; Septante : Bo<r<5ppa, Gen., xxxvi, 33 ; I Par., i, 44 ; Bexrôp, Is., xxxiv, 6 ; lxiii, 1 ; èv pi™ otùrijç, Jer., xlix, 13 ; ôxup<i(x.ata aù-ri] ?, Jer., XLIX, 22 ;-reïxewv « iz^, Am., i, 12), ville de l’Idumée, patrie de Jobab, fils de Zara, un des premiers rois d’Édom. Gen., xxxvi, 33 ; I Par., i, 44. Gesenius, Thésaurus, p. 230, rattache Bosrâh à la racine bâsar, « retenir, rendre inaccessible ; » d’où la double signification de bercail, parc à troupeaux, et de forteresse. C’est ce qui explique la traduction des Septante, dans Jer., xlix, 22, ô^uprafia-ca aù-triç, « ses forteresses ; » dans Am., i, 12, Tefyewv aÙTrj ;  ; e ses murs. » Dans Mich., Il, 12, où le texte hébreu porte Bosrâh, dont la signification est controversée, la Vulgate a mis ovile, « bercail ; » les Septante, en traduisant par 6X(<|ii ; , « affliction, » ont dû lire Besârâh, de même que l’expression èv (j.éoû aOxîji ; , « au milieu d’elle, » Jer., xlix, 13, suppose la lecture na’wo, betôkâh, au lieu de mas, Bosrâh.

Isaïe, xxxiv, 6, cite Bosra avec « la terre d’Édom » comme une victime sacrifiée à Dieu. Dans un autre endroit, lxiii, 1, il nous montre le Messie revenant en triomphateur d’Édom et de Bosra, vêtu d’un habit éclatant, du manteau de pourpre des généraux, ou plutôt du manteau rougi par son propre sang ; l’Idumée représente ici les ennemis de Dieu et de son peuple, que le Christ a vaincus par sa mort. Jérémie, xlix, 13, annonce d’avance la destruction de Bosra, et plus loin, xlix, 22, il fait voir le vainqueur fondant sur elle avec la rapidité de l’aigle, pendant que les forts de l’Idumée sont dans les angoisses. L’accomplissement de cette prophétie fut commencé par les Chaidéens, Mal., i, 3 ; mais l’anéantissement complet d’Édom fut achevé par les Machabées et surtout par les Romains, au temps de la guerre des Juifs. Amos, i, 12, prédit que le feu dévorera les édifices de Bosra. Plusieurs modernes voient dans Michée, ii, 12, le nom de cette ville : « comme les brebis de Bosrâh, » ville abondante en troupeaux. Cf. Is., xxxiv, 6. Mais tous les plus anciens interprètes, Septante, Vulgate, syriaque, chaldéen, Aquila et Symmaque, ont reconnu ici un nom commun, ce qui est confirmé par le membre parallèle : « comme un troupeau au milieu des pâturages. » Il vaut donc mieux expliquer Bosrâh par l’étymologie septuni, « lieu gardé, fortifié. » Ct. J. Knabenbauer, Comment, in prophelas minores, 2 in-8°, Paris, 1886, t. i, p. 418.

Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 102, 232, mentionnent Bosra sous le nom de Bosor, Bofftip, « ville d’Ésaù, dans les montagnes d’Idumée, dont parle Isaïe ; » ils la distinguent avec raison de Bosor de la tribu de Ruben. On la reconnaît généralement dans El-Bouséiréh, S^-o^Jl (diminutif de Bosra), village situé dans le district montagneux qui s’étend au sud-est de la mer Morte, entre Toufiléh et Pétra. Cette localité, appelée Ipseyra et Bsaida par Irby et Mangles, a été visitée par Burckhardt, qui la nomme Beszeyra. Ce n’est plus aujourd’hui qu’une pauvre bourgade de cinquante maisons, avec un ancien château qui couronne une éminence et où les habitants cachent leurs provisions au temps des invasions hostiles. Cf. Burckhardt, Travels in Syria and the Holy Land, Londres, 1822, p. 407 ; Robinson, Biblical Besearchss in Palestine, Londres, 1856,

t. ii, p. 167. — Gesenius, Thésaurus, p. 231, l’identifie avec Bostra du Hauran, appelée par les Arabes c^oi j

Bosra. Cf. Aboulféda, Tabula Syrve, édit. Kœhler, Leipzig, 1766, p. 99. Cette opinion est justement contestée : 1° Rien ne prouve que les Iduméens aient étendu si loin leurs possessions, par delà les régions de Moab et d’Ammon. — 2° Il n’est pas certain que Bostra remonte à une si haute antiquité. — 3° Bostra est dans un pays de plaines, tandis que, d’après Jer., xlix, 13, 16, 22, Bosra appartenait à une région montagneuse. — 4° Bosra est presque toujours mentionnée avec le pays d’Édom ; ainsi Amos, i, 12, en parle conjointement avec la contrée de Théman ou du sud. — 5° Enfin Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica sacra, p. 102, 232, la distinguent nettement de Bostra. — Elle né saurait par là même être confondue avec la suivante, ville lévitique de la demi-tribu de Manassé

oriental.

A. Legendre.

2. BOSRA (hébreu : Be^éSferâh ; Septante : Bouopâ ; Codex Alexandrinus : Bee6apa, probablement mis pour BseoOapôt, comme dans Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 104, 235, ou pour BEeaSepà, comme dans certaines éditions de la version grecque), ville de refuge donnée aux Lévites, fils de Gerson, dans la demi-tribu de Manassé oriental. Jos., xxi, 27. Dans la liste parallèle de I Par., vi (hébreu, 56), 71, on lit Astharoth (hébreu : ’AMàrôf ; Septante : ’Au/ipwO ; Codex Alexandrinus : P « (i<&8). Elle paraît donc identique à Astâroth, et, de fait, le mot Be’esterâh est considéré par plusieurs auteurs comme une forme contracte de Bê(’Esferâh, « maison d’Astarté, » de même que Bebeten et Begabar d’Eusèbe et de saint Jérôme sont mis pour Beth Béten et Bethgabar. Cf. Gesenius, Thesawus, p. 175 ; Winer, Biblisches Realwôrterbuch, Leipzig, 1847, t. i, p. 147. Dans ce cas, il faudrait la placer, comme Astâroth, à Tell él-As’ari ou Tell’A’stara, suivant certains auteurs. Cf. G. Armstrong, Wilson et Conder, Naines and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 18, 26. Voir Astâroth 2, col. 1174.

Plusieurs savants néanmoins, à la suite de Reland, Palseslina, Utrecht, 1714, t. ii, p. 621, 662, veulent l’identifier avec Bosra du Hauran, la Bostra des Grecs et des Romains, ville dont les ruinés montrent l’importance à une certaine époque. J. G. Wetzstein, Reisébericht ûber Hauran und die Trachonen, Berlin, 1860, p. 108-111, a surtout cherché à établir cette identité. Sous Trajan, cette cité aurait été bâtie de nouveau et appelée Nova Bostra, c’est-à-dire « Nouvelle Be’esterâh ». Plus tard, dans la bouche des Arabes, le nom de Bostra serait devenu Bosra, contraction qui n’est pas rare et dont le savant voyageur cite plusieurs exemples : ainsi pour Bêt Bummâna, village du Liban, on prononce et on écrit Berummâna ; à l’est de Damas est une localité appelée Bêt Saouâ, dont les habitants se nomment Besaouî et Besouâni. On ajoute à cela d’autres raisons : 1° Tell’Astara ne semble guère un emplacement approprié à la capitale de Basan. — 2° Bien que la mention de Bostra ne remonte pas à une haute antiquité, il est cependant vraisemblable qu’il y a toujours eu là une ville importante : la richesse du sol et l’abondance des sources ont dû y attirer de bonne heure des habitants, et il serait étrange que cette place, si elle n’avait pas déjà existé, fût devenue tout d’un coup la métropole d’une province étendue, immédiatement après la conquête romaine ; il est plus naturel de croire que les conquérants n’ont fait que l’agrandir et l’embellir. — 3° Le nom de Bostra s’explique bien mieux par Be’estera que par Bosrâh. — 4° Bostra, dont l’importance est attestée par le site et par les ruines, n’est ni Bosor de Ruben, ni Bosra d’Idumée ; elle ne peut donc correspondre qu’à Be’éSferâh. Cf. Mûhlau, dans Riehm’s Handivôrterbuch des biblischen Altertums, Leipzig, 1884, t. i, p. 115, au mot Astharoth Karnaim ;