Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, VII.djvu/813

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
805
SOU

quentia. Il faut avoir de la souplesse dans les affaires, dans le commerce du monde. Il y a en cela peu d’exactitude.

☞ La souplesse, dit M. l’Abbé Girard, est une disposition à s’accommoder aux conjonctures & aux evenemens imprévus. Elle évite les obstacles & veut de la docilité. Ingenium versatile. Il est impossible de se maintenir long temps dans la faveur sans être doué d’une grande souplesse. La vie d’un courtisan est une étude continuelle de souplesse. La Chet. Pour amener les autres à votre sentiment, il faut ménager leur esprit avec une souplesse étudiée dont on ne sente point l’artifice. Bell. Les gens adroits se tournent à toutes sortes de caractères avec tant de souplesse qu’on diroit que leur humeur est celle de tous les autres. S. Evr.

☞ On voit par-là que la souplesse d’esprit n’est ni la docilité, ni la complaisance, ni la soumission aux volontés d’autrui. Elle tiendroit plutôt de l’adresse, de la finesse, de la ruse & de l’artifice. Mais elle se prend plus souvent en bonne part que ces deux derniers. Voyez aux articles particuliers les nuances qui distinguent ces mots.

☞ On appelle figurément tours de souplesse, des moyens adroits, cachés qu’on emploie pour arriver à ses fins, & pour écarter tous les obstacles qui barrent nos démarches. Artes. Il n’y a point de tours de souplesse qu’il ne fasse pour réussir, pour supplanter son concurrent.

SOUPRÉSURE. s. f. Vieux mot. Surprise, tromperie. Fraus, dolus, fallacia. Ce mot est employé par Beaumanoir, c. 6 g. Telle souprésure ne les excuse pas.

SOUPROSE. Ville de France dans la Gascogne, au Diocèse d’Acqs, Election de Lannes.

SOUQUENILLE. s. f Sorte de surtout fort long fait de grosse toile, que les Cochers & les Palfreniers portent pour conserver leurs habits, quand ils pansent leurs chevaux. Molière dit soquenille.

On le dit d’un méchant habit, tels que les paysans en portent. Pour prévenir la mauvaise opinion que ma souquenille pouvoit donner de moi, je dis à l’hôte que tel qu’il me voyoit, j’étois en état de bien payer mon gîte. Histoire de Gïl Blas de Santillane.

SOUQUET. s. f. Vieux mot. A Montauban, c’est l’équivalant du vin. C’est un droit sur le vin. Vectigal vinarium. Voyez Soquet.

SOUR. Voyez Tyr.

SOUR. Nom d’une rivière des Pays-Bas. Sura. Elle coule dans le Duché de Luxembourg, où elle baigne Bastogne, & Echtarnach, & se joint à la Moselle, à deux lieues au-dessus de Trêves. Maty.

SOURAVIS, s. m. & pl. Vieux mot. Habits à mettre par dessus les autres. Joinville, p. 358, comme qui diroit surhabits. Borel.

SOURBASTIS, ou SOURBASSIS. Les soies qu’on appelle sourbastis sont des soies de Perse, les plus fines & de la meilleure qualité de toutes celles qu’on tire du Levant.

SOURBOURG. s. m. Bourg de France dans la Basse Allemagne, au Bailliage de Haguenau, & dans la forêt de ce nom.

SOURCE, f. f. On appelle ainsi l’eau qui commence à sortir de terre pour continuer son cours, ou l’endroit d’où l’eau sort. Fons, scaturigo. On dit qu’une rivière est navigable dès sa source, qu’elle prend sa source en tel endroit. Il n’y a pas long-temps qu’on a découvert les sources du Nil. Le Loiret est une rivière navigable dès sa source. Il y a bien des sources dans cette prairie, au pied de cette montagne. La source du fleuve Marsias est au sommet d’une montagne. Vaug. Dans les îles de l’Archipel il y a des sources d’huile de pétrole, de bitume, &c. Les eaux minérales sont des sources alumineuses, vitriolées, &c.

Source, se dit figurément en choses morales, & signifie, origine, cause , principe. Causa, origo , principium. La bonté de Dieu est une source qu’on ne peut tarir, ni épuiser. Le péché est la source de tous nos maux. Les hérésies sont la source des séditions, des guerres civiles. La chicane est la source de tous les pro-


ces. Le mien & le tien ont été la source de toutes les dissentions des hommes. La dévotion qui se déploye si fort en démonstrations, & en actes extérieurs est une fausse vertu qui a sa source dans les passions humaines. De Vill. Il faur remonter à la source d’une action de vertu, pour examiner si elle est fausse ou véritable. M. Scud. L’ignorance de soi-même est la source de tous les vices. Nic. La doctrine des opinions probables est la source & la base de leurs déréglemens. Pasc. Ma mort sera la source de votre gloire. Racine.

Cette image cruelle,
Sera pour moi de pleurs une source éternelle.

Idem.

Quand ce que quelqu’un dit ou écrit est facile, naturel & conforme à son génie, au caractère de son esprit, & aux sentimens de son cœur, on dit que cela coule de source.

Aminthe n’en veut qu’a ta bourse,
Erafte, & ses beaux sentimens,
Qui te semblent couler de source.
D’un cœur intéressé sont les purs mouvemens.

Senecé.

Cet Auteur a bien du génie, ses vers font faciles, & coulent de source.

☞ En matière de sciences on dit puiser dans les sources, consulter les originaux, ceux qui ont écrit les premiers. Il ne s’arrête ni aux versions ni aux commentaires, il va droit aux sources.

☞ En parlant d’un pays qui produit abondamment certaines choses qu’il communique aux autres pays, on dit figurément qu’il en est la source. La Bourgogne est la source des bons vins. Le Pérou est une source inépuisable de richesses.

On dit que deux choses viennent d’une même source, lorsqu’elles viennent de même endroit, que c’est un même homme qui les a faites ou inventées.

Source. En Architecture hydraulique, on appelle sources, plusieurs rigoles de plomb, de rocaille, ou de marbre, bordées de mousse, ou de gazon, qui, par leurs sinuosités & détours, forment une espèce de labyrinthe d’eau, & ont quelques jets aux endroits où elles se croisent : comme les sources de Trianon. Scaturigo artificialis,

Source du vent. En termes de Marine, c’est le point d’où part le vent. Voy. Rumb.

SOURCIL, s. m. (Prononcez Sourci.) Le poil qui est au-dessus des yeux, en manière de demi-cercle. Supercilium. Le Maréchal de Turenne avoit les sourcils gros & assemblés ; ce qui lui faisoit une physionomie malheureuse. B. Rab. J’ai encore les sourcils joints, qui est la marque d’un fort méchant homme. Voit. Froncer le sourcil. ☞ Au figuré, c’est se fâcher, témoigner que l’on n’est point content. Quand on lui parle de cela, il fronce le sourcil ; Suétone dit supercilia conjuncta, pour dire, une mine refrognée.

Les Anatomistes appellent la partie qui est la plus proche du nez, la tête des sourcils, & celle qui tire vers les tempes, la queue, ou le bout ; & l’espace qui est sans poil entre les deux sourcils, faute de mot François, est appelé par eux intercilium gabellum, ou après Hippocrate, metopion. Les Anatomistes appellent aussi sourcils, certaines apophyses de cartilages, qui sont aux emboëtures de quelques os, comme celle de l’os ischion, qui comprend la tête de l’os de la cuisse.

Sourcil, se dit aussi du poil qui est au-dessus des yeux du cheval. Supercilia.

En Architecture on appelle sourcil, le haut de la porte qui pose sur les piédroits. Superliminare.

SOURCILLER, v. n. Remuer les sourcils. Supercilia movere, vibrare supercilia. Cet écolier n’ose pas sourciller devant son maître ; pour dire, le regarder en face. Il n’a pas seulement sourcillé, quand on lui a annoncé la mort de son père.

☞ SOURCILLEUX, EUSE. adj Superciliosus. Il n’est employé qu’au figuré, en Poësie, joint aux mots