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ne un bon goût aux viandes; & quand on en met dans les sauces, elle leur communique la couleur & l’odeur du safran. Les Caraïbes ont de ces arbres dans tous leurs jardins; ils les entretiennent soigneusement & les prisent beaucoup, a cause qu’ils en tirent ce beau vermillon dont ils se rougissent le corps. Ils s’en servent aussi à peindre & à donner du lustre à la plus belle vaisselle de leur petit ménage. Les habitans du Brésil appellent cette plante urucu. On la nomme aussi achiotL

ROUCOULER. v. n. Pomey & Danet disent roucouler. Furetiere & Richelet disent rocouler. On dit aujourd’hui roucouler. Ce mot exprime le son que les pigeons font avec le gosier. Un pigeon qui roucoule.

ROUCY. Ville de France dans la Champagne , sur la rivière d’Aisne, élection de Laon, avec titre de Comté.

ROUDON. Voyez Redon.

ROUE. s. f. Pièce de bois ou de métal tournée en rond, qui se meut sur un essleu. Rota. Elle est composée d’un moyeu, sur lequel sont attachés des rais en rayons par un bout, &c de l’autre ils font contenus par les jantes. C’est l’aide la plus considérable des forces mouvantes, & le fondement des Méchaniques. Les moulins ne se meuvent qu’avec des roues. Les chariots & carrosses ont quatre roues. Les charrettes & charrues n’ont que deux roues. Les horloges ont plusieurs roues, la grande roue, la roue moyenne, la petite roue, la roue, la roue de rencontre. Plus on multiplie les roues, plus on retarde le mouvement , & plus on multiplie la force. Les moufles consistent en plusieurs roues attachées ensemble. Il y a des roues immobiles & des roues mobiles. Les premières qui tournent sur leur axe , ne changent point de lieu. Telles iont les roues des mouUns à eau. Les fécondes ont deux mou- vemens, l’un de leur centre qui s’avance en ligne droite , & l’autre de leurs parties qui tournent autour du centre : telles font les roues des voitures ordinai- res. Les roues immobiles font des leviers de la pre- mièie efpèce, & les roues mobiles font des leviers de la féconde efpèce. Foyei Levier. Roue, en termes de Blafon, quand elle eft repréfentée avec des rafoirs & fers tranchans, s’appelle roue de fainte Catherine. RotuJ’ancld Catharintt. §3" Roue d’Ariftote. C’eft ainfi qu’on appelle un pro- blême de Méchanique, fur le mouvement d’une roue âu tour de fon eflicu. On appelle ainfi ce problème , parce qu’on croit qu’Ariftote eft le premier qui aie fenti & propofé cette difticulté. La voici. Un cercle qui tourne fur fon centre , & qui fe meut en même temps en ligne droite fur un plan j décrit fur ce plan une ligne droite égale à fa circonférence , pendant le temps d’une révolution : telle eft par exemple la roue d’un carrolTe. Si ce cercle , que l’on peut appeler dé- férent, emporte avec lui un autre cercle plus petit , qui lui foit concentrique, tk qui n’ait de mouvement que celui qu’il reçoit du déférent , comme le moyeu de zrùue du carroftéi ce petit cercle ou moyeu dé- crira pendant le temps d’une révolution, une ligne droite égale, non à la ciiconférence, mais à celle de la roue : car le centre du moyeu fait autant de che- min que le centre de la roue , puifque ces deux autres ne font qu’un même point. Comment ic peut-il faire que ce moyeu décrive une ligne droite plus grande que fa circonférence , &C égale à celle que décrit la roue ? Le P. Faquet , M. Dortons de Maiian, ont donné différentes explications de ce problème. Foy. les Mémoires préfentés à l’Acad. ann. ji^ ,p. ’^o ta fuiv. §C? On le dit aufti des roues des machines. Roue d’u- ne horloge , d’une poulie, d’une grue, d’un moulin. Roue dentelée. §Cr Dans les manufatlures de glaces on fe feit d’une roue pour adoucit les glaces du plus grand volume. Cette roue tourne autour d’un ellîeu , mais elle eft poféehorifontalement, & attachée fur ce qu’on nom- me la table. Elle eft de bois, à rayons, forte &c lé- gère.


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 Les Potiers de terre se servent d’une roue pour fabriquer & tourner les vases, pots & autres ouvrages de terre qui doivent avoir la figure ronde. 

§CT Les Vitriers appellent roue de tireplomb, deux pe- tits cylindres d’acier, polés l’un fur l’autre qui fervent à refendre les plombs des panneaux & vitrages. ■33° On appelle encore roue , un grand aftemblage de bois de charpente de figure cylindrique , qui eft at- tachée au bout du treuil des grues 6c de quelques au- tres machines propres à élever des fardeaux. ifT II y a en de limplcs , qui n’ont que de fortes che- villes, qui ttaveiient leur bord extérieur en forme d’échelher, fur lefquelles des ouvriers placés l’un vis- à-vis de l’autre, des deux côtés de l’échellier , mon- tent pour faite tourner la roue. 1 elles Iont les roues des Carriers, ^cf* D’autres font doubles , au dedans defquelles les ouvriers peuvent marcher , pour les faire tourner. Telles font les roues des grues. §Cr Les Tourneurs & les Potiers d’étain fe fervent de roues pour tourner fur le tour les ouvrages de grand volume. fCJ" La roue des Couteliers fert à donner le mouvemeht aux meules & aux pohlToirs fur lefquels ils aiguilent tk polillent les ouvrages de coutellerie. §3" Pour nettoyer les coquilles, on le lert quelquefois d’une roue horilontale , qui ell de plomb ou d ctain. On les ule avec de 1 éméri tort, de même que les pierreries. On emploie une roue de bois pourpohr les agathes. Roue , fe dit figurément en Morale. On peint la Fortune lur une roaêj pour montrer Ion inconftance ; les vi- cillîtudcs dans les événcmens humains. Fortune rota. Tel le voir au haut de la roue j qui s’en voit précipité un moment après. S. EvR. u à fon gré déformais la Fortune me joue , ’/2 me verra dormir au branle de fa roue. BoiL. Alors je vous verrai fur la mouvante roue , Tantôt au firmament , & tantôt dans la boue. ViLL. On dit , attacher un clou à la roue de Fottune, pour dire, trouver moyen de fixer l’inftabilité de la Fortu- ne. Fortunam flabdire 3 conjiabdire. On fait aulli de certains jeux en tournant une roue de Fortune. Les déchitfrcurs ont une roue marquée de plufieurs let- tres , pour en faire la combinailon, & découvrir le lecrec caché fous un chiffre à double clef. Cette roue eft décrite dans le livre des chiffres de Jean- Baptiftc Porta. Pafcal aauflî compolé uninftrument pour faire ailément toutes les règles d’Arithmétique par le moyen ■ de plufieurs roues. ’ Roue, le dit aufti de l’extenfion de la queue d’un paon, ou d’un poulet d’Inde, quand ils dépluieni leur queue, parce que leurs plumes Iont dilpolées en rond comme unt roue. Pavontnus caudx circumaclus.Ce paon fait la roue. Caudam cxplicat. En Chymie on appelle feu de roue , un feu qu’on dilpofe en rond autour d’un vaiffeau , & qu’on en approche peu à peu. Igms in orbem compofitus , cir- cularis. §cr En termes de Marine, on appelle roue de cable, un cercle qu’on lait faire à un cable pour le plier. On dit aulli pli du cable. Roue, le dit aufti d’un fupplice qu’on fait fouffrir à de grands criminels, auxquels on brife les os avec une barre de fer fur un écbafaut. puis on les expcfe, & on les lailfe expirer fur une roue. Pota capitalis ,p(Z- naria , noxralis. On condamne à la roue les parrici- des, les alFalTins , les voleurs de grand chemin. Ce fupplice étoit inconnu aux Anciens, comme l’a ob- fervé Cujas. On ne fait point qui a été l’inventeur de ce cruel fupplice. Il a été inventé en Allemagne, & on l’a appelé le lupplice de la roue, ou parce qu’on cxpofe les fupphciés fui la roue , ou parce qu’en Allemagne