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REN

Quoi toujours renifler,
Moucher, tousser, cracher, & toujours me parler.

Scarron.

On dit d’un cheval, qu’il renifle sur l’avoine, pour dire, qu’il répugne à en manger. On dit aussi familièrement & dans le même sens, renifler, en parlant des honinies qui marquent de la répugnance pour quelque choie. Acad. Fr. Populairement, renâcler.

Renifler, se dit aussi pour exprimer l’action du cheval qui fait du bruit avec les naseaux, lorsque quelque chose lui fait peur.

RENIFLERIE. s. f Action d’une personne qui renifle. Narium pituite resorbuio. Il ne se peut dire que dans le style comique & burlesque.

N’étoit-ce pas assez pour me faire enrager.
De son hem, de sa toux, de sa reniflerie ?

Scarron.

RENIFLEUR, EUSE. f. m. & f. Qui renifle, qui est accoutumé à renifler. Sorbitor pituita narium. Scarron a donné à un personnage bouffon de ses Comédies la qualité de renifleur. C’est un renifleur de petun. Scarron.

☞ RÉNITENCE. s. f. Renixus, du latin reniti ; niti, faire effort contre quelque chose, reniti, faire un contre effort. En Physique ce mot est synonyme à résistance, réaction. Voyez ce dernier mot qui est plus d’usage.

RÉNITENCE, en Chirurgie, signifie la même chose que dureté. On le dit des tumeurs qui résistent tact. Le Chirurgien juge par les différens degrés de rénitence, des médicamens qu’il doit employer pour procurer la résolution de la tumeur. La rénitence des tumeurs skirrheuses.

☞ RENITENT, ENTE. adj. En Chirurgie, c’est la même chose que dur, qui résiste au tact. Tumeur rénitente. Le froid contribue beaucoup à rendre les tumeurs rénitentes. Le gonflement inflammatoire des amigdales devient souvent une tumeur dure & rénitente par l’action du froid qui rend la lymphe plus susceptible d’épaississement; & par conséquent moins propre à circuler dans les glandes.

Voltaire a employé ce mot dans un sens moral, pour exprimer celui qui est d’un parti contraire, qui oppose de la résistance aux sentimens de quelqu’un, qui ne veut pas s’y rendre. Mahomet, dans ces premiers combats en Arabie contre les ennemis de son imposture, faisoit tuer sans miséricorde ses compatriotes renitens. Repugnax. Addit. à l’Hist. Génér.

RENIVELER, v. a. & rédupl. Examiner si un niveau qu’on a pris est juste. Iterum libra explorare, libella indagare. Quand on entreprend une conduite d’eau de long cours, il faut plusieurs fois reniveler le terrain.

☞ RENNE, RHENNE, RANNE, RANGIER, RANGER, & RANCHIER. Le premier de ces noms est le plus ordinaire, excepté dans le blason où l’on dit Ranger ou Rangier. Animal fort commun en Laponie. On n’en trouve plus que dans les pays froids. Les Romains ne l’ont point connu : les Latins modernes l’appellent rancifer ou rangifer. Le genre du mot renne n’est pas trop déterminé : plusieurs Écrivains le font indifféremment masculin & féminin, plus communément féminin.

La renne a beaucoup de ressemblance avec le cerf ; mais elle est plus grande, son poil plus noir ou plus foncé, son bois différent. Les cerfs n’ont que deux bois d’où sortent plusieurs dagues ; mais les rennes en ont un autre sur le front, & deux autres qui s’étendant sur leurs yeux, leur tombent sur la bouche. Quoique les rennes n’aient pas les jambes si menues que le cerf, elles le surpassent en légèreté. Leur pied est extrêmement fendu, & presque rond, & ce qu’il y a de remarquable, tous les os de cet animal, particulièrement l’article des pieds, craquent, & font un cliquetis si fort, qu’on l’entend presque d’aussi loin qu’on le voir.

C’est un animal sauvage, mais qu’on apprivoise aisément. Les Lapons en ont des troupeaux qui leur font d’une très-grande utilité. La peau leur sert pour leurs habillemens. En hiver ils s’en servent avec son poil, & en été sans poil. Ils se nourrissent de leur chair qui est pleine de suc, grasse & extrêmement nourrissante. Les os leur font d’une utilité merveilleuse pour faire des arbalètes, des arcs & des flèches, des cuillières, & pour orner les ouvrages qu’ils veulent faire. Ils en boivent souvent le sang, mais ils le conservent plus ordinairement dans la vessie de cet animal qu’ils exposent au froid pour le condenser. En cet état, quand ils veulent faire du potage, ils en coupent un morceau, qu’ils font bouillir avec du poisson. Ils n’ont point d’autre fil que celui qu’ils tirent des nerfs. Ils se servent du plus fin pour coudre leurs habits, & du plus gros pour coudre ensemble les planches de leurs barques. Le lait de la renne est leur breuvage ordinaire, & parce qu’il est très-gras, ils y mêlent presque la moitié d’eau. Ils en font aussi des fromages qui fervent de nourriture aux pauvres qui n’ont pas le moyen de tuer leurs rennes.

Les rennes sont encore d’une très grande utilité pour voyager & pour porter des fardeaux. On les attelle à des traineaux qu’elles tirent fur la glace avec une très-grande vitesse. Une renne vigoureuse ainsi attelée, peut faire par heures six lieues de France ; mais il faut qu’elle se repose après sept a huit heures de travail. On ne peut aller ainsi en traînau que pendant l’hiver, lorsque la neige a rendu les chemins unis.

La défense de la renne est dans son bois & dans ses deux pieds de devant dont elle frappe rudement. M. Pluche donne la figure de cet animal dans son Spect. de la Nat. t. 5.

Le fléau des rennes est une forte d’insectes ou de mouches qui se creufent un logement dans leur dos où ils déposent leurs œufs, & vivent avec toute la famille aux dépens du malheureux animal. Pluche. Voyez M. Regnard dans la relation de son voyage en Laponie.

On a dit que ce qu’on admire le plus dans les rennes, c’est qu’elles vont par des chemins qui ne sont point tracés, & qu’elles ne manquent jamais d’arriver au lieu où leur maître a dessein d’aller, s’arrêtant justement à la porte des maisons qu’il cherche. En partant, on leur souffle, dit-on, dans l’oreille quelques paroles qu’on n’entend point. Il est inutile d’avertir que c’est un conte qui n’est digne que de risée.

RENNES. Nom d’une ville de France, capitale de la Bretagne, & située à vingt lieues de Nantes, vers le nord sur le confluent de l’Île & de la Vilaine, ☞ dans les terres. Rhedones, Condate Rhedonum. Long, 15 d. 46′, 30″. Lat. 48 d. 5′, 10″.

C’est le siège d’un Parlement, d’une Cour des Aides, d’une Cour des Monnoies, d’un Présidial, d’une Intendance, d’une Table de marbre & d’une Juridiction consulaire. La Faculté de droit qui étoit à Nantes y a été transférée.

En 1720, une partie de cette ville fut consumée par un incendie qui dura six à sept jours. Les huit cens maisons qui furent brûlées ont été rebâties depuis, & font le plus beau quartier de la ville. Son Évêché est suffragant de Tours.

RENNOIS. (le) Le territoire de Rennes. Pagus Redonicus. Territorium Redonicum. Grégoire de Tours, Hist. L. V, c. 30, L. IX, c. 24. Valois, Not. Gall. pag. 468.

RENO. Nom d’une rivière de la Lombardie. Renus. Elle prend sa source dans le Florentin, vers la ville de Pistoie, passe dans le Boulenois, où elle baigne Vergato & Boulogne, & va se décharger dans le Pô, vis-à-vis de Ferrare. Maty.

RENOBERT, Voyez Raimbert.

RENOIRCIR, v. a. & redupl. Noircir de nouveau. Iterum denigrare, nigritie inficere. On renoircit les tripots de temps en temps. On renoircit les souliers en les nettoyant.

RENOIS. f m. Vieux mot. Trompeur, criminel, venant de reus. Villehardouin. Borel.

RENOM, f. m. Réputation, opinion publique, bonne ou mauvaise. ☞ On le dit également des personnes