Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, VII.djvu/279

Cette page n’a pas encore été corrigée

REM

aussi JOVET, Hist. des Religions du Monde, T. I, p. 108 & suivantes.

☞ REMONTRER. v. a. Faire des remontrances ; représenter les inconvéniens d’une chose qu’il a faite, ou qu’il est sur le point de faire Exponere. Permettez-moi de vous remontrer que les ordres que vous avez donnés peuvent avoir des suites très fâcheuses. Remontrer à quelqu’un les choses où il se trompe. Remontrer le droit qu’on a, le tort qu’on souffre, l’injustice qu’on nous fait. Le Procureur Général & le Procureur du Roi commencent ainsi leurs requisitoires ou requêtes : Vous remontre le Procureur-Général; vous remontre le Procureur du Roi : au Iieu que celles des parties commencent par ces mots: Supplie humblement, &c.

REMONTRER, se dit aussi d’un supérieur à un inférieur , quand il l’avertit doucement de son devoir. Admonere, commonere. Un Général prêt de combattre remontre à ses troupes qu’il s’agit de l’honneur de l’Empire, &c.

REMONTRER, se dit aussi simplement, pour, représenter, faire considérer. Exhibere , exponere. Il remontra que personne ne pouvoit prétendre cet honneur. Ablanc.

REMONTRER, dans la Coutume de Valenciennes, art. i8i, iSi, c’efl; repréfenter en Juftice une perfonne que l’on a blcllce , en lui faifant par ire ou par cour- roux, une plaie ouverte. De Lauriere. Saucium ex- hibere Judici. EMONTRER, en termes de Vénerie, c’eft donner con- noilliincc des voies de la bête, qui elt pallée. Salnove. Fer.i viam ind:care. Un bon piqueur doit favoir re- montrer les voies d’une bête qu’on chaffe , quand on les a perdues. lEMONTRÉ, ÉE. part. EMORA. f. m. Inftrument de Chirurgie. Foye-[ Arrêt. ■^ REMORA, f. m. ou REMORE. f. f. petit poilTon, de la grandeur du hareng, ainfi nommé du latin ré- mora j retardement , parce que tous les Anciens , après Pline , ont cru qu’en s’attachant aux vaifTeaux en pleine met , il avoir la force de les arrêter dans leur courfe. On regarde aujourd’hui comme des tables les chofes merveilleufes qu’on a débitées du rémora ou de lare- more. Les Grecs nommoient ce poiffon écheneis. Le nom latin eft rémora. On l’appelle aulli en françois piexe , fucet , & arrête-nef. f3’ Ce mot s’emploie métaphoriquement pourfigaifier, retardement, ce qui arrête quelqu’entreprife. Un ré- mora, comme on parle familièrement en notre lan- gue. Il éroit fut le point de terminer une affaire, mais il eft furvenu un rémora. L’or ejl comme une femme, onn’y fauroit toucher , Que le cœur par amour ne s’y laijfe attacher; L’un & l’autre en ce temps ,fitôt qu’on les manie , Sont deux grandzcmotas pour laphilofophie. Le Joueur. Aél. 4, Se. 10. REMORDRE, v. a. &:rédupL Mordre une féconde fois. Iterum mordcre. Cette poire eft lï âpre , que quand on y a mordu une fois , on n’y veut plus remordre. ^Zr Remordre j fe dit encore quelquefois abfolument, pour attaquer de nouveau. On dit j fuivant le Ditft. de l’Acad. Fr. particulièreiTient en parlant des chiens qu’on fait combattre : ce dogue a été fi maltraité , qu’il n’a pas voulu remordre. Et figurémenc on le dit des troupes qui ont été re- pouflées en quelque attaque , & qui ne veulentplus retourner à la charge. Ce régiment a été fi maltraité à l’attaque de la contrefcarpe, qu’on n’a pu l’obliger à" rem ordre. Remordre, fe dit aulîî figurément des emplois dont on eft dégoûté. Refumere. Ce jeune homme a tâté de la guerre , on ne le fera plus remordre à l’hameçon. Tout cela n’eft que du ftyle familier. Cr Ondit aulfi, que la confciencere/72or^ à quelqu’un, quand elle lui reproche quelque méchante aAion. Sa confcience lui remord. Ablanc. Remordet animus cor.fcius. RRM 271 Ç3* Rkmordre, pris dans cette acception, pour re- piochcrun crime, ne fc dit ciu’cn parlant de la conf- cience , & ne s’emploie qu’à la troifième perfonne du prélcnt de l’indicatif Sa confcience lui remord fans celle. La confcience des méchans les remord. Il cil vieux &c furanné. i^T REMORDS, f. m. Reproche que fait la confcience. Confcientiit Jlimulus , angor , inorfus. Il ne faut pas contondre les remords avec le repentir. Remords dit fimplement le trouble de l’ame a la vue d’un crime qu’elle fe reproche; re/’enr/r dit le chagrin de l’avoir commis. Le remords peut incliner au repentir, mais ce n’eft pas le repentir. Ce n’eft pas non plus le re- gret , qui paroît relatif à un bien perdu. Les méchans lont toujours prellés de remords , ils ont l’clprit com- battu de mille cruels remords , qu’ils ne lautoient étouf- fer, parce qu’on ne peut pas étouffer la lumière de la raifon, ni la voix de la confcience. Le remords, infé- parable du crime, eft un efter du lentimcnt que Dieu a imprimé en nous, & qui en eft le premiet vengeur, S. EvR. Un bien dont on ne peut jouir (ans remords ^ eft un mal. Id. Les remords dont Orefte éroit cruelle- ment déchiré après fon incefte, éroient des reflenti- mens de la nature offenlée. Celui qui commet le cri- me lans remords, eft un homme endurci , incorrigi- ble. L’abfence des remords ejl , dans un cœur coupable j D’un Tyran achevé la marque indubitable. QuiN. REMORE. f. f. Foyei Rémora. REMORANTiN,’ROMORANTIN. Nom d’une petite ville de France. Remorentinum , Remorantinum. Elle eft dans le Blaifois , fur la Saudre , à huit lieues de Blois, vers le midi. Mat y. Les draps de Rcmorantin. IJCr REMORQUE, f. f Terme de Marine. Aûion par laquelle un bâtiment à rames tire un navire, un grand vailTeau , ou quelque autre bâtiment. Remulcus. La remorque eft d’un grand fecours en plufieurs aélions. On dit , prendre la remorque , quitter la remorque , c’eft fe faire tirer , ceffer d’ être tiré, ou de fe faire tirer par une galère, ou par un autre vaiffeau à rames. REMORQUER, v. a. Terme de Marine. C’eft tirer , faire voguer un vaiffeau à voiles par le moyen d’un vaiffeau à r.ames. Aubin. Remulcare , remulco navem abducere. On remorque les vaiffeaux à voiles avec des galères. On les fair aulTI remorquer çzï les chaloupes, galiores & aurres vailfeaux à rames. Remorquer un navire. Ablanc. §3° Le vaiffeau étoit engage dans le fable; trois galères le remorquèrent , il fe fitremorquer par des chaloupes. Touer , marque la même aétion : mais l’on toue à l’aide du cabeftan ou par la haufièrc , 3c l’on remorque, par un vailleau à rames. AuBtN. Notre Amiral voyant le vent tombé , fe fit remorquer par deux galères, 6c ordonna aux autres galères de remorquer les vaiffeaux de la dernière divifion. Aubin. Remorquer fe dit aulîî pour tirer en ouaiche. Voye^ Ouaiche. Ce mot vient du latin remulcare. fCr REMORQUÉ, ÉE. part. (p" REMORS , OH MORS du Diable. Efpèce de fca- bieufe, ainfi nommée, parce que fa racine eft comme mordue & rongée tout autour, Foye^ Alors du Dia- ble. RÉMOTIS. A remotis. Expreflîon latine , en ufage de- puis long-temps parmi nous, pour dire, éloigné, à l’é- cart. Les Pariliens regardoient Pantagruel en grand éba- hiffement , & non fans grande peur qu’il n’emportât le Palais ailleurs , en quelque pays à rémotis , comme fon père avoir emporté les campanes de Notre-Dame pour attacher au cou de fa jument. Rabelais, L. II , ch. 7. Tout le monde fait que cette jument eft fvla- dame d’Etampes , Maîtreffe du Roi (_ François I, ) la même qui .abattit les forêts de Bcaufle , à laquelle le Roi vouloit donner un collier de perles* & faire quel- ques levées fur les Parificns qui ne vouloient poinr payei : enfotte que le Roi &c Madame d’Etampes aulîi les menaça de vendre les cloches de Notre-Dame ^