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tura. Il comprenoit toute la partie de Haute-Hongrie, qui est entre la Téisse & la Transilvanie, depuis le Danube jusqu’au grand Waradin inclusivement. Les Impériaux en avoient la plus grande partie. Ils ont achevé de la conquérir pendant la guerre qui a fini par la paix de Pallarowitz.

TEMGID. s. m. Nom d’une prière que les Turcs doivent faire à minuit. Oratio mediæ noctis apud Turcas. Outre les cinq heures d’oraison que les Turcs ont pendant le jour, il leur est encore ordonné d’en faire une à minuit, mais parce que l’heure est fort incommode, les Mosquées ne sont ouvertes que pendant trois lunes de l’année, celle de Redbeg, de Chahban & de Ramazan, & encore ne sont-elles fréquentées que par les dévots qu’ils appellent Sophis, qui en tout temps ne manquent point à l’heure s’ils manquent au lieu ; les autres qui s’en dispensent, la font le soir ou de grand matin, & elle s’appelle Temgid. DU LOIR, p. 145. Quand on porte un Turc en terre, les Prêtres qui l’accompagnent chantent toujours quelques prières, & particulièrement celle qu’ils font à minuit, appelée Temgid, parce qu’elle leur est aussi ordonnée pour ce sujet. ID. p. 163.

TEMIAN. Ville capitale d’un Royaume de même nom. Temianum.

☞ Il est borné au nord par le Niger, au midi par le Royaume de Gabon, au levant par le Royaume de Dauma, & au couchant par celui de Bisto. C’est un pays désert.

TEMIN. s. m. Nom que l’on donne en Orient à une monnoie de France. Les témins sont les pièces de quatre sous de France ; cette jolie monnoie pour laquelle les Turcs eurent tant de passion.

TEMIR, &TEMISERA. Voyez LIRIO.

TEMIR CAPI. Voyez DERBENT.

TEMISTITAN. Grande contrée de l’Amétique septentrionale. Temisticiana. Elle comprend la province du Mexique, & la partie méridionale decelledeTiafcala, jusqu’à la ville de los Angelos incluiîvement. Maty.

TEMMELET. Petite ville d’Afrique au royaume de Maroc, bâtie par les Africains de la Tribu de Muçamoda.

☞ TEMOIGNAGE, s. m. C’est le rapport d’un ou de plusieurs témoins sur un fait, soit verbalement, soit par écrit. Testimonium, certificatio. C’est la déclaration qu’on fait d’une chose dont on a connoissance. On m’a rendu de bons témoignages de vous, de votre capacité, de votre conduite. Il faut s’en rapporter au témoignage des Historiens, qui s’accordent sur un fait dont ils ont été témoins. On dit, être appelé en témoignage, être interpellé de déclarer ce qu’on fait, quand on est assigné pour déposer dans une conquête ou dans une information. Faux témoignage ne diras; c’est un commandement du Décalogue. On est obligé en conscience de déposer, de rendre témoignage à la vérité. S. Jean dit que Dieu est venu au monde pour rendre témoignage à la vérité. On s’empresse peu à rendre un témoignage intrépide aux vérités qui choquent l’autorité suprême.

☞ Quand on dit qu’il faut toujours rendre hommage à la vérité, on entend qu’aucune considération ne doit nous empêcher de dire vrai.

☞ On appelle témoignage de la conscience, le sentiment & la connoissance que chacun a en soi-même de la vérité ou de la fausseté d’une chose, de la bonté ou de la méchanceté d’une action. Voyez CONSCIENCE.

TÉMOIGNAGE, se dit aussi d’un passage d’un Auteur, ou autre personne notable, qui dit ou affirme avoir vu ou cru quelque chose. Teflificatio, aucîoritas.Le Prédicateur a rapporté plusieurs témoignages des Pères pour prouver son texte. Les témoignages de Pline, d’Hérodote, de Solin, font fufpefts à beaucoup de gens.

☞ TÉMOIGNAGE, se dit aussi pour preuve, démonstration extérieure. Cet homme a donné de grands témoignages de sa fidésité, de son attachement, de son amour. Les cicatrices dont il est couvert sont des témoignages de sa valeur.

On le dit aussi de l’assurance que nous avons par le moyen des sens, que les choses sont de telle ou telle manière. Sensatio. On ne doit point récuser le témoignage des sens quand ils déposent dans l’étendue de leur ressort. CI.

TÉMOIGNER, v. a. Déposer, servir de témoin. Testari, testificari, testimonium dicere. Il ne s’emploie guère qu’absolument. Il y a quatre témoins qui ont témoigné contre lui. Un Avocat n’est pas obligé de témoigner contre sa partie.

☞ TÉMOIGNER, signifie plus ordinairement déclarer, faire connoître ce qu’on sait, ce qu’on sent, ce qu’on a dans l’ame ; donner des preuves. Je témoignerai partout ce que je lui ai vu faire. Je vous ai témoigné ma pensée là-dessus. Je vous ai témoigné que je n’étois pas content. Témoigner du chagrin, de l’impatience, de l’inquiétude, de la joie, de la bienveillance, de l’amour, du mépris, &c.

Voir cajoler sa femme, & n’en témoigner rien, Se pratique aujourd’hui par force gens de bien.

MOL.

☞ TEMOIGNE, ÉE. part.

TEMOIGNERIE. s. f. Ce mot se trouve employé dans Rabelais. Comment ouir-dire tenoit école de témoignerie. Testatio.

TEMOIN, s. m. & f. Qui atteste, ou peut attester ou certifier la vérité d’un fait qu’il a vu ou entendu. Testis. Les procès criminels s’instruisent par audition, recollement & confrontation des témoins. On ne reçoit des témoins singuliers sur divers faits, qu’en cas d’usure & de concussion. Pour faire preuve dans les informations par turbe, dix témoins n’en valent qu’un. La manière la plus ancienne, & plus simple & la plus naturelle de décider les questions de fait, qu’on voit tous les jours dans les Tribunaux, est d’avoir recours à la preuve par témoins. Aussi cette espèce de preuve a-telle été reçue en France indifféremment pour toutes sortes d’affaires, jusqu’au milieu du seizième siècle. Dans l’assembIée des Etats tenus à Moulins l’an 1566, les Députés du Parlement deToulouse représentèrent que la corruption des mœurs, & la facilité de séduire les témoins, rendoit cette espèce de preuve incertaine, & qu’elle faisoit souvent succomber celui qui avoit affaire à un adversaire adroit & de mauvaise foi. Pour prévenir cet inconvénient, on résolut de ne plus admettte la preuve par témoins en matière de conventions, que dans celles de peu de conséquences ou seulement dans les cas où elle sert à favoriser la preuve par écrit. Voyez l’article 54 de l’Ordonnance de Moulins, qui ne veut point qu’on admette cette preuve dans les conventions au-dessus de cent livres.

GILLET. M. Danti, Avocat au Parlement de Paris, a fait un Traité de la preuve par témoins en matière civile, & après les Etats de Moulins, Jean Boiceau, Avocat à Poitiers, en fit un latin très-ample. Deux témoins oculaires, ou de visu non suspects, ni reprochés, font une preuve concluante. On punit de mort les faux témoins, ceux qui subornent les témoins & les témoins à gages. Les Apôtres, les Martyrs ont été les témoins des vérités Evangéliques. L’Ordonnance a défendu la preuve par témoins des promesses de mariage, & pour prêt au-dessus de cent livres. Les exploits de criées doivent être attestés de recors & de témoins signandaires. On peut fournir de reproches, de salvations de témoins. Il faut assigner les témoins pour déposer. Par la dernière Ordonnance on gage les témoins défaillans, on ordonne qu’ils viendront sur peine de payer une certaine somme. Par un Synode tenu à Rome sous Constantin en l’an 320, il faisoit entendre 72 témoins pour condamner un Evêque : ce qu’on appeloit libra testium. On entendit 71 témoins contre le Pape Marcellin, qui vivoit en 301, qui erant electi libra occidua, dit l’Histoire.

☞ TÉMOIN OCULAIRE, qui dépose d’une chose qu’il a vue de ses propres yeux. Testis oculatus. Plaute appelle testis auritus, témoin auriculaire, celui qui dépose d’un fait pour avoir oui dire, Pluris est testis oculatus unus quam auriti decem.