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POI


POISER. v. n. Vieux mot, peser, être à charge. Gloss. sur Marot. On a dit, il me poit que… por dire, il me fache que, &c.

POISEUX. Village de France dans le Nivernois, Election de Nevers : il a titre de Baronie.

POISON. s. m. Du tems de Malherbe, poison étoit plus ordinairement féminin. Venenum, toxicum, virus malum. Desportes a dit, je sentois la poison dans mes os écoulée ; & Ronsard, mon ame en vos yeux but la poison amoureuse. Aujourd’hui on ne balance plus : poison est toujours masculin, & signifie, ce qui a une si mauvaise qualité, qu’elle nuit au corps. ☞ Ce qui peut occasionner dans le corps un dérangement considérable, en détruire même l’économie, en corrodant les solides, ou en arrêtant le cours des fluides.

Le poison est opposé à l’aliment, parce que l’un sert à conserver la vie, & l’autre à la détruire. Le poison entre dans le corps par la respiration, ou transpiration de l’air pestilent, ou par une plaie ou morsure, & enfin par la bouche, en buvant ou mangeant des choses nuisibles. Le venin se dit des mauvaises qualités des animaux ; le poison de celles des végétaux & des minéraux. Les poisons agissent de différentes manières : les uns arrêtent le mouvement des esprits animaux, les autres leur en donnent un violent & déréglé ; d’autres dissolvent le sang, d’autres le coagulent ; d’autres corrodent & détruisent les parties solides. Il y en a qui attaquent toutes les parties, & d’autres qui en attaquent une particulière : par exemple, le lièvre marin est ennemi du poumon, les cantharides le sont de la vessie. Il y a des choses qui font un poison à l’homme, & qui servent de nourriture à de certains animaux ; telles sont la mandragore & la jusquiame dont les pourceaux se nourrissent, & qui donnent la mort à l’homme. Il en est de même de la ciguë, qui sert d’aliment aux étourneaux. On distingue trois sortes de poisons. Les uns sont tirés des animaux, comme la vipère, l’aspic, le scorpion, le lièvre marin, &c. Les autres sont tirés des plantes, comme l’aconit, la ciguë, le napellus, l’ellébore. Les autres viennent des minéraux, comme l’arsenic, le sublimé corrosif, la céruse, l’orpiment, le réalgal. Tous les corps qui ont des qualités trop chaudes ou trop froides, ou trop corrosives, sont des poisons.

Ce mot vient du Latin potio, comme empoisonner, vient de impotionare. Il a été autrefois pris en bonne part. Ménage.

Poison, se dit figurément en choses spirituelles & morales, de ce qui corrompt, ou séduit le cœur, ou l’esprit. Venenum. L’hérésie, les mauvaises doctrines sont des poisons de l’ame. On avale un subtil poison dans la compagnie des méchans. Ne souffrez point que ce poison gagne les entrailles de la France. Pat. Vous faire un poison mortel de ce que J. C. a établi pour être la nourriture spirituelle de votre ame. Bourdal. Exh. II, p. 45. J’avale avec plaisir un si charmant poison. S. Évr. D’un éloge flateur crains le fatal poison. Viel.

Il est d’autres erreurs, dont l’aimable poison
D’un charme bien plus doux enivre la raison. Boil.

POISSARDE. s. f. Terme injurieux que se disent les Harengères les unes aux autres pour se reprocher leur malpropreté Squallida.

POISSE. s. f. Fascine ou petit fagot enduit & trempé de poix, dont on se sert dans la défense des places de guerre.

POISSER. v. a. Enduire de poix. Picare, voi pice illinire. On poisse les navires, les bateaux, les cables, pour empêcher qu’ils ne se pourrissent dans l’eau. On poisse, ou soufre les vins, quand on les veut transporter par mer.

Poisser, signifie aussi salir avec quelque chose de gluant, quoique ce ne soit pas de la poix. Les confitures poissent les mains. On le dit de tous les corps qui laissent aux mains une viscosité qui les attache.

POISSÉ, ÉE. part. pass. & adj. Picatus, impicatus.

POISSI. Nom d’une petite ville de l’île de France. Pisciacum, ou plutôt Pinciacum. Elle est sur la Seine, à cinq lieues au-dessous de Paris. Ce lieu est célèbre par la conférence qui s’y fit l’an 1560, en présence du Roi Charles IX, de la Reine sa mère, & de toute la Cour, entre les Protestants & les Catholiques, & qu’on nomme le Colloque de Poissi.

POISSON. s. m. Animal qui vit dans les eaux. Piscis. Il y a des poissons de mer, piscis marinus, & des poissons de rivière, piscis fluvialis ; d’autres qui vont dans toutes les eaux, comme les saumons, les aloses, &c.

Les castors, les loutres, les crocodiles, sont amphibies, ils vivent dans l’eau & sur terre. Piscis amphibius. On appelle poisons cétacées, les gros poissons, comme les baleines & les tiburons. Piscis cetaceus. Des poissons testacées, ceux qui ont des coquilles & de grosses écailles, comme les tortues & les huitres. Testaceus, ostreaceus. On dit, le mufle, les ouïes ou bronches des poissons ; les nageoires des poissons ; de la colle de poisson ; des boutiques, des réservoirs de poisson. Piscinales cellæ. Les Poëtes appellent les poissons, les peuples écaillés. On appelle les jours maigres, jours de poisson. Sur la mer on appelle poisson vert, celui qui vient d’être salé, & est encore tout moite ; & poisson sec, celui qui est salé & séché. C’est dans ce sens que Dom Duplessis a dit, qu’on fait à Dieppe le commerce de Guinée pour la Traite des Noirs, & celui de la pêche des Morues vertes. Descr. Géog. & Hist. de la Haute Norm. T. I, p. 197.

Ce mot vient de piscione, formé de piscis. Mén. François Willughby de la Société Royale d’Angleterre, a publié en 1676, un excellent livre de l’histoire des poissons, qu’il appelle Ichtyographie. Rondelet avoit fait auparavant l’histoire des poissons. Aldrovand Docteur en Médecine de Padoue, en a écrit aussi fort au long.

On appelle en termes de Marine poissons royaux, les dauphins, éturgeons, saumons & truitres, lesquels appartiennent au Roi seul ; quand ils sont trouvés échoués sur le bord de la mer, à la différence des baleines, marsouins, veaux de mer, thons, souffleurs, & autres poissons à lard, qui sont partagés comme simples épaves. Pisces regii. Cela est réglé par le titre 7 du livre 5, de l’Ordonnance de la Marine. La Coutume de Normandie, art. 603, dit que tout poison royal qui de lui vient à terre sans aide d’homme, appartient au Roi. Sur la mer Atlantique il y a une infinité de poissons volans qui sont la proie des dauphins, des bonites & des albicores, quand ils sont dans la mer ; & dès qu’ils s’élèvent en l’air, ils y rencontrent des oiseaux semblables à nos hirondelles de mer qui les prennent.

Poisson d’Avril, Voyez Maquereau.

☞ On dit proverbialement donner un poisson d’Avril à quelqu’un, faire accroire à quelqu’un le premier jour d’Avril, une fausse nouvelle, ou l’obliger à faire quelque démarche inutile, pour avoir lieu de se mocquer de lui.

Poisson-coq, ou comme disent les Espagnols, Peje-Gallo. C’est un poisson qui se pêche sur les côtes du Chili, & qui est ainsi nommé, parce qu’il a une espèce de crête sur le devant de la tête.

Poisson de Rois, en Espagnol Peje-Reyes, en Latin Piscis Regius. C’est une espèce de Gradeau qui se trouve dans les mers du Chili, & qu’on appelle ainsi dans toute la côte, à cause de sa délicatesse. Fézier, p. 75.

Poissons, au plurier, est une constellation qui fait le douzième Signe du Zodiaque, où le soleil entre au mois de Février. Pisces. Elle est dans la partie Australe. Elle a 34 étoiles, selon Ptolomée, & 39, selon Kepler, qui sont de la quatrième grandeur, à la réserve d’une qui est de la troisième. C’est une des maisons de Jupiter, & l’exaltation de Vénus.

☞ Les Astronomes appellent encore poisson méridional, une constellation de l’hémisphère méridional, différente du signe dont on vient de parler.

Poisson volant. s. m. C’est encore le nom d’une autre constellation méridionale qui n’est point visible dans nos climats.

Les Poissons divers en Blason, ont différentes positions exprimées toutes par des termes propres. Les