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LUT

qui ſe ſervoient d’excommunication contre les Sacramentaires.

LUTHÉRO-ZUINGLIANISME. f. m. Héréſie des Luthéro-Zuingliens. Luthero-Zuinglianiſmus. Calvin n’étoit point auteur, ni inventeur, c’étoit un pur compilateur, qui avoit pillé Luther & Zuingle de chacun deſquels il avoit pris quelque choſe, dont il compoſa ſon Héréſie, qui n’eſt qu’un pur Luthéro-Zuinglianiſine.

LUTHÉRO-ZUINGLIEN, ENNE. Celui ou celle qui mêle les dogmes de Zuingle à ceux de Luther. Luthero-Zuinglianus. Les Luthero-Zuingliens eurent pour chef Martin Bucer, de Schéleſtat en Alſace, où il naquit en 1491. & qui de Dominicain qu’il étoit ſe fit, par une double apoſtaſie, Luthérien. Les Luthéro Zuingliens firent moins de mélange de la doctrine de Luther & de Zuingle, qu’une ſociété de Luthériens & de Zuingliens, qui ſe toléroient mutuellement, & convinrent enſemble de ſouffrir les dogmes les uns des autres. Les Calviniſtes ſont Luthéro-Zuingliens. Maimbourg ſe ſert ſouvent de ce terme dans ſon Hiſtoire du Calviniſme.

Dans le commencemens du Proteſtantiſme, on appeloit Luthérien en France, en Eſpagne & ailleurs, toutes les ſectes de cette héréſie en général. Ainſi l’on trouve dans les Auteurs de ce temp-là, comme dans Marot, Luthérien & Luthériſte, pour Calviniſte

LUTHIER. f. m. Ouvrier qui fait & qui vend des inſtrumens de Muſique, comme violons, guittares, &c. On les appelle auſſi Faiſeurs d’inſtrumens.

LUTIN. f. m. Eſpèce de démon, ou d’eſprit follet ☞ qui, dans l’eſprit du peuple & des gens ſuperſtitieux, vient la nuit faire des malices, du dégat, du déſordre dans les maiſons, inquiéter & tourmenter les vivans. Lamia. On a donné différens noms à ces prétendus eſprits. Larves, Lemures, Lamies, &c. Voyez ces mots. C’eſt notre loup-garou, notre moine bourru, notre Roi Hugon, &c. ☞ On dit proverbialement d’un enfant turbulent, qui fait continuellement du bruit, que c’eſt un petit lutin, un vrai lutin, qu’il fait le lutin. On dit auſſi d’un homme agiſſant, & qui donne très-peu de temps au ſommeil, qu’il ne dort pas plus qu’un lutin.

Je vais comme un lutin de-çà de-là courant.
                                         Reignier.

LUTINER. v. n. Faire le lutin, Il ne fait que tempêter, que lutiner toute la nuit. Il n’a d’uſage que dans le familier.

Il eſt auſſi actif, & ſignifie tourmenter quelqu’un, comme feroit un lutin. Il nous a lutinés toute la nuit.

M. Regnard, Scène XIII. du Retour imprévu, fait dire par Merlin, que le diable s’eſt emparé de la maiſon de Géronte, & qu’il y revient des Lutins lutinans. Le même Auteur, Scène XII. du troiſième Acte du Diſtrait, fait dire par Carlin, à Léandre ſon Maître :

Dans votre cabinet, Monſieur, j’entends du bruit,
Que veut dire cela ? N’eſt-ce point un eſprit
Qui lutine Clarice ?

LUTINÉ, ÉE. part.

       Tandis que dans la ſolitude
       Où le deſtin m’a confiné,
       J’endors, par la douce habitude
       D’une oiſive & facile étude,
       L’ennui dont je ſuis lutiné. R.

LUTKENBOURG. Bourg, ou petit ville du Duché de Hoſtein. Lutzenburgum. Ce lieu eſt chef d’un grand Cercle de la Wagrie, & il eſt ſitué près de la mer Baltique, à cinq lieues de la petite ville Ploen. Maty.

LUTRI. Ville de Suiſſe, aux pays de Vaux, au bord du lac de Genève, au Canton de Berne.

LUTRIGOT. f. m. Poëme ſatyrique contre M. Deſpréaux. Il fut imprimé à Marſeille ; Bonnecorſe, qui en eſt l’Auteur, en envoya le premier exemplaire à M. de Vivonne… Si le lutrin eſt une impertinante imagination, dit M. Deſpréaux, le Lutrigot eſt encore plus impertinent, puiſque ce n’eſt que la même choſe plus mal exécutée… M. Broſſette, ſur le Vers 64. de la neuvième Epître de Boileau. Le Lutrigot eſt une ſotte imitation du Lutrin même. Idem, ſur la quatrième Épigramme.

LUTRIN. f. m. Pupitre ſur lequel on met les Livres d’Égliſe, auprès duquel les Chantres s’aſſemblent. Pluteux. On le dit principalement de celui qui eſt au milieu du chœur ; mais on le dit auſſi de ceux qui ſont placés ſur les hautes chaiſes. On dit d’un Marguillier de Village, dont on veut vanter la capacité, qu’il chante bien au lutrin, & fait tout ſon Office par cœur. Deſpréaux a fait un Poëme admirable, qu’il a intitulé le Lutrin.

Ce mot vient de letrain, car c’étoit ainſi qu’on l’appeloit autrefois. On dit auſſi lectrain & lientrain, leteri : & ce mot vient de lectorium, ou lectrum, qui ſignifient pupitre. On a dit auſſi lectricium, lectrinum, & letrinum, legium, & leginum : tous ces mots ſont dérivés de lego, parce que c’étoit le lieu où on liſoit l’Evangile.

LUTRUDE. Voyez Lindru.

LUTTE. f. f. Combat de deux hommes corps à corps, pour éprouver leur force, & voir qui terraſſera ſon adversaire. La lutte étoit un des plus fameux exercices chez les Anciens. Ils ſe frottoient d’huile, pour donner moins de priſe à leur ennemi. Mercure étoit le dieu de la lutte. Il y avoit des combats & des prix de lutte aux jeux Olympiques. Les crocs en jambes ſont des tours de lutte. Ils ſont en uſage en Bretagne, où les gens de la campagne s’exercent encore à la lutte. Lucta, palæſtra. La lutte eſt très-ancienne ; elle étoit en uſage dès les temps héroïques. Hercule lutta avec Antée. Voyez Dempſter, Paralip. ad Roſin. Antiq. L. II, c. 20. Paſchalius, de Coronis. L. VI, c. 24. & Hieronym. Mercurialis, de Arte Gymnaſtica, c. 8.

On doute ſi le mot vient de lucre, pris au ſens de ſolvere, ſe délivrer ; parce que les lutteurs tâchoient de ſe délivrer de leur adverſaire : ou bien de luxare, démettre, déboîter, parce qu’un lutteur tâchoit de démettre les membres à ſon antagoniſte, de l’abattre, de lui ôter l’uſage de ſes membres. Lucta, luite, combat, eſt pris du Celtique luydd, qui dire lieu de combat, armée. Pezron.

On dit figurément, Emporter quelque choſe de haute lutte, pour dire, venir à bout de quelque choſe par l’autorité, par la force. Et on dit dans le même ſens, Faire quelque choſe de haute lutte. Ac. Fr.

LUTTE, ſe dit auſſi dans un ſens un peu figuré, lorſque deux hommes ſe battent à coups de poing, ou ſe prennent aux cheveux. Pour arrêter cette lutte Barbare, on crie. Boil.

LUTTER. v. n. Combattre corps à corps pour ſe renverſer à terre. Luctari, luctâ certare. Les Anciens s’exerçoient fort à lutter. Jacob lutta contre l’Ange. Lycurgue voulut que les filles luttaſſent toutes nues, pour paroître plus robuſtes. ABL. Mercurial a écrit un Livre, de Arte Gymnaſtica.

LUTTER, ſe dit figurément en Morale de toute ſorte de combat ſpirituel, ou corporel, & ſignigie Faire effort pour vaincre & surmonter un choſe, pour s’en défendre. On peut dire que le bon deſtin de la République de Veniſe lutta ſeul contre la fortune de toute l’Europe. Taleman. Les dieux ne ſaurorent rien voir de plus grand que Caton luttant contre l’adverſité. M. Esp.