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I


I f. m. La troifieme lettre voyelle, & la neuvième de l’Alphabet François. Un grand I, un petit i. Il y a dans la langue Françoise deux fortes d’ij un i voyelle, un / conlônne : l’i voyelle n’a point d’autre fon en François que celui que prefque toutes les nations de l’Europe donnent à la même voyelle dans le mot Latin ïnïmicï , & que les François font entendre en prononçant le mot Italie, dont cette lettre fait la première fyllabe , I-talïe. Ce fon n’eft point plein & rclonnant comme celui de ïa & de l’o, ni fi uni que celui de Xe , qui tient le milieu entre les Ions des voyelles ; mais il eft bas & délié, & peu propre aux ports de voix. L’/ confonne eft unaconfonne fifflante qui modifie le fon de^ voyelles de la même manière que le ^ modifie le i :o^-^ ^^^ ^ ^ ^^ 1 quand il les précède, comme dans les mo.sgeJle , giron , &cc.Vj £onfonnedont nous parlons ici, le marque ordinairement par un .caradère alongé par en bas, jamais, Jérufalem , j’irai , jovial, jufte , jaune , jeûne , jour, Juif, Sec. ffT Cette lettre, qu’on appelle bien ou i-naly confonne, eft la dixième lettre & la feptième conlônne de notre Alphabet François. Dans l’appellation moderne, le vrai nom de cette lettre eHje, comme nous le prononçons dans le pronom de la première perfonne , ou ’dans la dernière fyllabe du mot ange. Il y a dans la prononciation Françoife un autre i confonne qui eft une lettre du palais auffibien que le premier i confonne dont on vient de parler ; mais cet autre i confonne eft beaucoup plus délié que le premier , & il fc prononce comme les Savans prononcent le jod confonne des Hébreux : nous avons des exemples de cet i confonne dans les mots qui ont un v ou un i devant une voyelle , tels font les mots fuivans, voyage, voye^, voyons , foyer , payer, &c. lelquels fc pronojicent comme s’ils étoient -é.crits, voi-iage, voi-ie^, voi-ions, foiier, pai-ier , voi-ielle. Sec. Que l’i foit une confonne dans ces occafions, on ne peut en douter, puifque c’eft une modification du palais qui donne le mouvement à la voyelle fuivante.

. Il femble que ce fentiment diminue beaucoup le jiombte des diphthongues ; car on appelle du nom de diphthongue , les voyelles ia , ie , io. Sec. qui •font dans les mots qu’on vient de rapporter , & dais les autres fcmblables ; il eft vrai qu’on les appelle ainfi, c’eft le langage ordinaire Se le fentiment com nnm : cependant, fi l’on fe défait des préjugés , Se qu’on examine la chofe avec exaâ :itude,o ;i trouvera qu’il n’y a de véritables diphthongues que celles qui font formées de deux voyelles dont les fons font mêlés & confondus enfemble, comme les fons de l’e Se de Vu font confondus dans le mot feu : mais îorfque le fon de chaque voyelle eft entendu diftincrement Se fucceftîvement, les voyelles demeurent ce qu’elles font d’elles-mêmes , Se elles ne forment point de diphthongue ; le plus ou le moins de rapidité dans la prononciation ne change point la nature des voyelles lûrfqu’on les entend diftindcment. Certainement 3es voyelles ia font aulli réellement diftinguées dans la féconde fyllabe du mot voi-iage , qu’elles le lont dans les deux premières du mot ïambe , quoique , pour parler comme les autres, elles ne faftent une diphthongue que dans le premier de ces deux mots. C’eft donc une pure équivoque de dire avec ceux qui ont écrit fur la veriification Françoife, que les lettres io dans les mors terminés en ion, comme de’votion, font une diphthongue, & ne font qu’une iyllabe dans la prononciation ordinaire de la profe, Se qu’elles en font deux dans les vers : c’eft comme Tome IV.

fi l’on difoit que ceux qui prononcent vite , Se qui récitent de la prote , parlent par diphthongues , & que ceux qui prononcent lentement , Se qui récitent des vers, parlent par voyelles.

L’i fe prononce comme ai lorlqu’il eft devant une m ou une n ; ainfi le mot de vin fe prononce comme celui de vain. Se la première Iyllabe de mince comme la première fyllabe de maintenant, il en eft à peu près de même de la première fyUabedes mots important , importun Se autres femblables. Les Imprimeurs appellent ï tréma , lorfqu’il y a deux petits points au-dcllus de la lettre ; Se cette forte d’i s’emploie lorfqu’au commencement des mots il eft fuivi ou au milieu précédé d’une autre voyelle, fansfaire une même fyllabe avec cette voyelle : comme en ce mot ïamhe. Sec. Se en ceux-ci Athéifme, Epkureifme. Sec. Comme auftî, mais mal, quand il fe trouve entre deux autres voyelles. Se qu’il fe prononce comme s’il étoit double , & qu’il appartient à l’une & à l’autre voyelle , comme dans ces mots : pàier, envoler, de’ploler ; Se c’eft pour cela qu’on les écrit plus régulièrement avec un y, payer, envoyer, déployer, fans quoi l’i tréma auroit deux ufages tout contraires : païen Se païfan fe prononçant différemment, doivent être écrits avec les caraétèresqui leur conviennent. Foye^la Grammaire du P. Bufticr,& celle de M. Reftaut. Mais quand cet i ne fe prononce pas double, on n’y met qu’un point, comme dans ces mots , ils avoient , ils étoient , ils voudraient. Dans le Dialogue des lettres de l’Alphabet, M. d’Ablancourt fait dire à l’i qu’on doit chalfer ’y , qui eft étranger dans la langue Françoife, Se dont il peut faire lui leul toutes les fondions.

Platon dit que l’i eft propre à expliquer les chofes délicates.

L’i s’eft mis pour un u chez les Anciens : decumus pour decimus , optumè pour optimc , maxumus ^onx : maximus , pojlumus pom pojtimus. V ; confonne vient fouvent du g Latin ; ainfi de gavarciacum , on a fait javarçai ; àc gaudium, joie ; de gau :^a, jars ; âe gengulfers, jangou ; de gorgogilum , jargeau , Se de galro,]mïOï. Valois, Kot. G ail. p. 22^, col. 2.

I, chez quelques Auteurs, étoit une lettre numérale. Se fignifioit cent , fuivant ce vers. /. C. comparerit, & centum Jlgnijlcalit. I, fignifie un dans le nombre Romain ordinaire ; Se étant répété, il fignifie autant d’unités qu’il eft répété de fois. I, uns II, deux ; III, trois ; IIII, quatre. On ne le multiplie pas davantage. Car cinq s’exprime par un V. tÇT Si la lettre numérale I eft placée devant V ou X, elle indique qu’il faut ôter un de cinq ou de dix. Ainli IV, fignifie quatre, & IX, fignifie neuf ; XIV, quatorze ; XIX, dix-neuf.

I. On diftingue par ce caraâère la monnoîe qui fe fabrique dans la ville de Limoges.

I, dans les lettres entrelacées & dans les mots abrégés, marque fouvent le nom de Jéfus, dont il eft la première lettre.

On dit proverbialement, pour marquer un homme vétilleux , & qui eft cxaél dans les petites choies , qu’il met les points fur les i. Ac. Fr.

JA.

JA. .adv. Vieux mot , au-lieu duquel on fc fcrt de maintenant , ou de déjà. Jam. Il cfty*’ temps défaire l’affaire. On ne fe fert de ce mot aujourd’hui que lorfqu’on

imite le vieux ftyle.

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