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GIN

Fœniculum annuum, umbellâ contractâ. Inst. R. Herb. Le gingidium est apéritif, propre pour la gravelle, pour la pierre, pour exciter l’urine & les mois aux femmes.

GINGIRO. (Le Royaume de) Gingirum Regnum. Royaume d’Afrique. On le place dans la basse Ethiopie, vers la côte de Zanguebar, & le Royaume de Mélinde.

GINGLYME ou CHARNIÈRE, s. m. ΓιγΓλιμος, charnière ou gond. Terme d’Anatomie. C’est une des espèces d’articulation. Le ginglyme est l’espèce d’articulation en laquelle deux os se reçoivent mutuellement, de manière qu’un même os reçoit & est reçu, comme l’os du coude, qui est reçu par celui du bras, en même temps que celui du bras est reçu dans celui du coude. Telle est encore l’articulation de la partie supérieure du fémur avec l’os des iles. Voyez au mot Fémur. Il y a trois sortes de ginglymes ; la première cil lorsque le même os, par la même extré- mité eft reçu par un feul os qu’il reçoit réciproque- ment , comme nous venons de le marquer dans les os du bras «Se du coude. La féconde eft lorfqu’un os en reçoit un autre par une de (es extrémités , & qu’il eft reçu dans un autre par fon autre e.:trémité, com- me aux vertèbres. La troifième cfpèce de ginglyme eft celle ou un os eft reçu en forme de roue , ou d’cllîeu , comme la féconde vertèbre eft reçue par la prcmijre. Dionis , /. Dém. des os en’ gé- nérai.

GINGLYME. s. m. Terme de Conchyliologie. Voyez Articulation.

GINGRAS ou GINGRIS. s. m. Nom que les Phéniciens donnoient dans leur langue à Adonis. Gingras, Gingris. Voyez Pollux, L. IV, c. 10. Hesichius, Eustachius sur le sixième de l’Iliade, Bochart, Voyez Articulation.

Ce dernier Auteur croit que ce mot vient du Phénicien ?????, Girgara qui signifioit la même chose qu’Adonis, c’est-à-dire, Seigneur. Les Arabes disent encore ?????, gargara dans le même sens. En retranchant de ???? girgara, le premier ?, ou r, comme on a retranché le premier lamed de ?????, gilgala pour en faire ????, gigla, une roue, on a fait de ???? girgara, ????, gigra. Tel est le sentiment de Bochart. On peut ajouter qu’une lettre retranchée se compense ordinairement par un dagesth dans la suivante, & que quelquefois une n ajoutée prend la place du dagesth, ce qui se doit faire sur-tout quand la lettre qui devroit recevoir le dagesth, ne le peut comme ici. Ainsi s’est fait gingra. De ce nom d’Adonis, on avoit fait celui de gingre, qui étoit une espèce de flûte , qui avoit un son fort lugubre, & fur laquelle on jouoit les gémissemens sur la mort d’Adonis aux cérémonies qu’on faisoit à son honneur, & dont nous avons parlé au mot Adonis.

GINGRINE, s. f. Terme d’Antiquaire. Sorte de flûte des Anciens, qui étoit courte, mais qui ne laissoit pas d’avoir des sons très-délicats. Gingryna. Solin, C. 11.

GINGUER. v. n. Ruer du pied. Mén. Comme ce mot ne se trouve nulle part , on soupçonne que Ménage l’a confondu avec giguer. Voyez Giguer, Peut-être aussi l’a-t-il ouï dire à quelques paysans, parce qu’il y a des provinces où ils disent, ce cheval gingue ; pour dire, ce cheval rue.

GINGUET. s. m. Villum. Petit vin, vin foible, qui n’a point de force. Tout le vignoble d’Ivry, de Vitry, &c. ne produit que du ginguet, du vin à faire danser les chèvres. Pasquier a remarqué qu’en 1554 on ne recueillit que des vins verts , & qu’on les appela ginguets. C’est apparemment de ce nom qu’on appelle à Paris Guinguettes les petits Cabarets des environs de Paris, où le peuple & les artisans vont se divertir, sur-tout les jours de fêtes.

Ginguet, est aussi employé comme adjectif, & il signifie, qui a peu de force, peu de valeur. Du vin ginguet, & figurément, esprit ginguet, esprit mince.

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On dit un habit ginguet, pour dire un habit trop court & trop étroit. ☞ On le dit figurément d’un esprit mince. Un esprit ginguet, bien ginguet. Cela est du style très-familier.

Ginguet. Terme de Marine. C’est un morceau de bois attaché au tillac, & mobile par-tout , pour arrêter le cabestan, quand on a levé l’ancre, ou quelque fardeau. Chaque cabestan a deux ginguets.

GINOPOLI. Ville autrefois Épiscopale. Ginopolis, Joniopolis. Elle est dans la Natolie propre , au nord de la ville d’Angauri. Maty.

GINOPOLI ou QUINOBi. Ginopolïs , anciennement Limohs, Cinohs. Petite ville anciennement Archié- pilcopale. Elle eft dans la Natolie propre , fur la mer Noire , entre e Cap de Pifello & la ville de Sinabe, au couchant du bourg de Lefti Maty GINOSA eu CARTERO. Petite rivière d; 111e de Can- die, Lartero, Ginofa , anciennement Ceratus. Le Cartero ou la Ginofa , fe décharge dans la mer près de a ville de Candie. Ginofa eft encore un bourg de la même île. Voyei Gnosse. GIN-SENG. f. m. Nom d’une plante admirable que l’on n a encore trouvée jufqu’ici que dans laTartarie &en Canada. Ginfeng. On dit que parmi les prélcns que les Ambailadeurs de Siam apportèrent au Roi il y avoit beaucoup de Ginfeng.On connoifloit néanmoins allez peu juiqu’ici le Gœgfhng en Eurcoe ; mais le fere Jaitona, Jeiuite , Miifîonnaire à la Chine, tra- vaillant par ordre de l’Empereur à la Carte de Tar- ra: :e , eut cccalion de voir cette plante en 1709, vers la hn de Juillet , dans un village qui n’eft éloigné que de quatre petites lieues du Royaume de Corée , & qui eft habits par des Tartares qu’on nomme Caka-tat-

c. Ce ] ère la dcilina, & fit une defcription exadfe de

cette plnnte, des heux 011 elle croît, de fes propriétés & de la manière de la préparer. Le P. Martinius en parle au Ih dans fon Atlas, p. j f ; & le Père Kirker dans fa Chin.y illufrata. Part. IV, C. 4 ,n. 6, p. i-rS. Le premier dit que les Japonois appellent le Ginfeng en leur langue Nif. Le P. Tachard en parle encore dahs fon premier voyage , & le décrit ,p.sjo &fuiv. Il dit que Guig iignifie homme , & que/c/20- fignifie tuer , & tantôt guérir , félon qu’on le prononce différem- ment ; qu’il a ce nom , parcequ’il fe rencontre quel- quefois de ces racines qui ont la figure d’un homme ; &c parceque cette racine prife bien ou mal-à-propos , caufe des effets tout-à-fait contraires. Dans lAmbaf- fade des Hollandois à la Chine , Part. II, c. // , oà l’on parle de même du Gin-feng _, on dit auflî que les Japonois l’appellent Nif ; qu’on lui a donné le nom de Ginfeng , à caufe qu’il a la forme d’un homme qui équaiquille les jambes, nommé par les Chiiiois gin j &c. Enfin le P. le Comte , dans ks Mémoi- res de la Chine, Ti I , p. Sp6 , écrit Gin-fem. Gin, dit-il, veut dire homme , èc fcm , plante ou fimple , comme qui diroit fimpk ’humain , hmplc qui reffcmble à l’homme. Ceux qui jufqu’ici ont donné une autre interprétation à ces mots , font ex- culabies , parcequ’ils ne connoiifent pas la force des caradières Chinois , qui feuls renferment la véritable lignification des termes. Le P. Jartoux paroît mieux inftruit , ainfi nous le fuivons , & nous écrivons Gin- feng. C’eft aulîî de lui que nous allons tirer ce que nous en dirons^ Le Ginseng a une racine blanche & un peu rabo-’ teufe , comme le font d’ordinaire les racines des plantes. Cette racine eft deux ou trois fois plus groffe que la tige, & va toujours en diminuant. Affez fou- vent à quelques doigts de fa tête elle fe fépare en deux branche., qui font que cette racine reffemble en quelque forte à l’homme, dont ces deux branches rspréicntent les cuiffes : ce que nous remarquons , parceque c’eft là ce qui lui a fait donner le nom deGinfcng y dont nous parlerons dans la fuite. Soit que la racine se partage en deux, ou qu’elle ne s’y partage point, il en sort par les côtés de petits fibres en différens endroits, qui servent à recevoir le suc de la terre pour la nourriture de la plante.