Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, III.djvu/782

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
774
EPE

étoffes qui ont été dépliées, pour faire voir aux chalands.

Épée d’État. C’est une épée qui se porte devant le Roi d’Angleterre dans les cérémonies.

Épée. Poisson. Voyez ESPADON : c’est la même chose.

Épée. Ordre de Chevalerie du Royaume de Chypre, qui fut établi par Gui de Lusignan ; après qu’il eut acheté l’Isle qui porte ce nom, de Richard I. Roi d’Angleterre ; ce qui arriva sur la fin du douzième siécle. Le collier de cet Ordre étoit composé de cordons ronds de soie blanche, & liés en lacs d’amour entrelacés de lettres S, fermées d’or. Une ovale où étoit une épée, pendoit au bout du collier, & cette épée avoit la lame émaillée d’argent, la garde croisettée & fleurdelisée d’or, avec ces mots pour devise, Securitas Regni. Le Roi Gui de Lusignan donna cet Ordre à son frere Amauri, & à trois cents Barons qu’il établit. La premiére cérémonie s’en fit l’an 1195 dans l’Eglise Cathédrale de Sainte Sophie de Nicosie le jour de l’Ascension.

L’Ordre des deux Épées de Jesus-Christ. Ou les Chevaliers de Christ des deux épées ; car Justiniani nomme cet Ordre de ces deux manières. C’est un Ordre militaire en Livonie & en Pologne. Cet Auteur rapporte que Bertold, second Evêque de Riga, vers l’an 1193, pour avancer la propagation du Christianisme dans la Livonie, persuada à quelques Gentilshommes qui revenoient des Croisades, de passer en Livonie, mais qu’étant mort, il ne put exécuter ce projet : qu’Albert, Chanoine de Brème, son successeur, le fit l’an 1203 ou 1204, que ces Gentilshommes formerent une compagnie, qui fut érigée en ordre militaire ; que les Historiens marquent Vinnus pour premier Grand-Maître de cet Ordre en 1203, qu’ils s’appellèrent Chevaliers de J. C. des deux épées, parce qu’ils portoient dans leurs bannières deux épées passées en sautoir ; qu’ils s’opposèrent aux entreprises des Idolâtres contre les Chrétiens, & les arrêtèrent. Voyez le Chapitre 36. de son Histoire des Ordres de Chevalerie T. II. p. 566. Il cite p. 570. les Auteurs qui ont écrit de cet Ordre.

Ordre des Épées en Suède, Autrement Ordre des Séraphins. Voyez Séraphin.

ÉPEICHE. s. f. Nom d’un oiseau qu’on appelle aussi Cul rouge, ou Pic rouge. Picus ruber major. C’est une espèce de Pivert, ou Pic-vert. Je croirois volontiers que ce mot auroit été fait de spicare, qui signifie piquer ; & que de spicare on aura dit avis spica, pour dire, avis quæ pungit ; & que de spica nous aurons fait épeiche, à cause que cet oiseau pique sans cesse les arbres… Les Paysans d’Anjou disent épeicre. Dict. Etym. de Ménage.

On prononce, & on devroit même écrire Epéque, ou Épec, comme l’a mis Adrien Junius, p. 16 de son Nomenclator, au mot Picus. On le nomme Cul rouge, parce que les plumes de dessus & de dessous sa queue, & celles qui sont entre ses jambes, sont rouges. Sa langue n’est pas si longue que celle des autres pics ; mais elle est ronde, fourchue, rouge, pointue par le bout, & dure à l’extrémité. Son pannage est diversifié de plusieurs couleurs, dont trois sont plus remarquables que les autres : il a le dessous de la gorge tout blanc ; le dessus de son cou est noir, & entremêlé de blanc : ces deux couleurs sont disposées comme des lignes, savoir, une noire entre deux blanches, & une blanche entre deux noires. Les plumes de dessus sa tête, & celles qu’il a aux deux côtés des tempes, sont rouges, mêlées de cendré. Le dessus du dos est brun, ayant une tache blanche large à chaque côté sur les ailes, qui sont toutes mouchetées de blanc & de noir, le dessous couvert de plumes rousses. Sa queue n’a que dix plumes, non plus que celle du Pic vert jaune. Elle paroîtroit toute noire par-dessous, s’il n’y avoit deux plumes à chaque côté qui tirent sur le blanc, & ont des taches noires. Elles sont noires à la racine, roides & dures par le bout. L’Epeiche s’en sert pour s’appuyer. Toutes ses façons de faire sont semblables aux autres espèces de Pics. On dit que l’Epeiche mange les œufs du Pic jaune. Ces oiseaux peuvent changer de couleur suivant les différences des pays ; mais il faut observer que tous généralement ont le dessous de la queue rouge, & les ailes madrées & tachées de blanc. Aldrovand dit que cet oiseau a les plumes du sommet de la tête d’un rouge ardent, & très-éclatant, ce qui ne se voit point à la femelle quoiqu’elle soit en tout semblable au mâle. Belon, qui a décrit cet oiseau le plus exactement, ne parle point de cela, ce qui fait croire qu’il n’a décrit que la femelle.

ÉPELER. v. a. Nommer ses lettres l’une après l’autre pour en composer des syllabes. C’est le second pas dans l’art de la lecture. Le troisième est d’assembler les syllabes & de lire. Appellare litteras. Il ne se dit que des enfans, ou de ceux qui apprennent à lire. C’est pourquoi, dans les règles de l’étymologie, il faudroit dire, appeler : aussi l’Auteur de l’art de parler s’en est servi. Il ne faisoit qu’appeler les lettres sans pouvoir lier leurs sons. Epeler est le plus usité. Mén. Il commence à épeler. Epeler un mot.

Ce mot est corrompu du Latin appellare litteras. Bochart le dérive de l’Allemand spel, ou du Flamand spellen, signifiant la même chose. Les Latins ont dit syllabizare dans la basse Latinité.

Epelé, ée. part.

ÉPENTHÈSE. s. f. Terme de Grammaire. Interposition, lorsqu’on insère une lettre, ou une syllabe, au milieu d’un mot, comme Relligio, pour Religio, alituum, pour alitum. ἐπένθεσις est Grec. Il vient de ἐπι, ἐν, & τίθημι, ἐπεντίθημι, insero, immitto.

ÉPERDU, UE. adj. Qui a l’esprit troublé, ou égaré par quelque violente passion, ou surprise. Perditus, perculsus, exanimatus, stupefactus. Ce jeune homme est éperdu d’amour. Cette femme a couru dans la rue toute éperdue, sachant qu’on assassinoit son mari. Il les étonna tellement par la fermeté de son courage, qu’ils prirent la suite tout éperdus. Vaug.

Tous ces gens éperdus au seul nom de Satyre,
Font d’abord le procès à quiconque ose rire. Boil.

Ce mot vient du Latin perditus.

ÉPERDUMENT. adv. D’une manière éperdue. Perditè. Ces deux personnes s’aiment éperdument. Il étoit éperdument amoureux. On le dit des dents violens, particulièrement de l’amour.

ÉPÉRIES. Eperiæ. Ville de la haute Hongrie, située dans le Comté de Saros, ou Scharos, à une petite lieue de la ville de ce nom, & à sept ds Cassovie. Epéries est sur la rivière de Tarisa & très-bien fortifiée. Maty. A deux mille d’Epéries il y a une mine de sel qui a cent quatre-vingts brasses de profondeur. Corn. Les mécontens prirent Epéries en 1682. En 1684 ils faisoient travailler à la fortifier : le Général Schultz les défit, mais il forma inutilement le siége d’Epéries au mois de Novembre de la même année. Il l’assiégea une seconde fois l’année suivante, & la prit par composition le 11 Septembre. Longitude 38. deg. 36′. Latitude 48. d. 50′.

ÉPERLAN. s. m. Eperlanus, viola marina. Petit poisson. Il y en a de deux sortes : l’un de mer & l’autre de rivière. L’éperlan de rivière se pêche à la fin de l’été, & au commencement de l’automne. On le prend à l’embouchure des rivières qui tombent dans l’Océan. Ce poisson a le corps menu & long, avec une grande bouche. Il est long comme le doigt, & gros comme le pouce : il vit de mouches, de moucherons & d’insectes : il ressemble beaucoup au goujon par sa figure & par ses qualités. Sa chair est transparente & sent la violette. Il est fort bon à manger. L’éperlan de mer est un poisson blanc, semblable aux petits merlans, & de la grandeur d’un pied ou environ. Quelques-uns prétendent qu’il est