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CUE — CUI

leur tige, de leurs branches. Carpere, decerpere, legere. On cueille des fleurs au Printemps, & des fruits en Automne ; cueillir des roses, cueillir un bouquet, cueillir des légumes.

Ce mot vient du Latin colligere.

Cueillir, se dit aussi des gros fruits, quand on parle en général de ce qu’on a retiré dans une récolte, dans une vendange, colligere. L’été a été sec, on n’a pas cueilli beaucoup de blé, mais en récompense on cueillera beaucoup de vin.

On dit aussi qu’on a préposé un homme pour cueillir la dime, pour en faire la recette, l’enlèvement des gerbes. Cueillir les aumônes, pour dire, en faire la cueillette, la recette.

Ceux qui s’en servent dans ces deux dernieres significations, ont tort. Cueillir ne se dit que des fleurs, des fruits, des légumes qu’on détache de leurs branches ou de leurs tiges. On cueille des fleurs, des pommes, des poires, des légumes, & on recueille du vin, du blé & on léve la dime, on fait la recette des cens, des droits Seigneuriaux. on fait la quête dans l’Église, dans les maisons pour les Pauvres, pour le Prédicateur &c. Dans ce dernier sens, on dit aussi quelquefois cueillette, que je n’aime pas.

Dans le figuré, cueillir des Palmes, des Lauriers, c’est remporter des victoires. Palmas, laureas metere, victorias reportare.

En style de galanterie, cueillir un baiser sur les lévres d’Isis Cueillir la fleur de la virginité d’une fille.

Cueillir le verre, Terme de verrerie. C’est le prendre avec la selle dans le pot où les matières ont été entiérement vitrifiées, (ce qui se fait à quatre reprises différentes, quand la matière attachée au bout de la selle à chaque fois est assez refroidie ;) pour ensuite les souffler, & en faire des plats de verre, ou du verre en table.

Cueilli, ie. part. Il a la signification de son verbe.

On dit en Maçonnerie, qu’une porte ou une croisée est cueillie en plâtre, quand sur le mur simplement hourdi on fait une petite bordure de plâtre, qu’on applique avec la régle, afin de servir de niveau & de régle pour enduire le tableau de la porte, ou de la croisée.

CUEILLOIR. s. m. Petit panier long d’environ un pied, large de cinq à six pouces, n’ayant point d’anses, & fait pour l’ordinaire d’osier vert assez grossièrement rangé. C’est dans ces sortes de cueilloirs que les gens de la campagne apportent au marché leurs prunes, cerises groseilles, &c. La Quint. Qualus, canistrum, calathus. Un cueilloir de cerises, de prunes, de groseilles, &c. Apporte ce cueilloir pour y mettre des cerises. J’ai besoin de ce cueilloir pour mettre des figues. Liger.

Cueilloir, en terme de pratique, signifie la même chose que Cueilleret.

CUENÇA. Ville Épiscopale de la nouvelle Castille en Espagne, située sur les hautes montagnes fort rudes appelées La sierra de Cuença. Elle se nomme en Latin Concha. M. l’Abbé Chastelain, dans son Martyrologue au 28e de Janvier, p. 434. & 445. dit toujours Couenque, au lieu de Cuença. Alphonse IXe. grand-pere maternel de S. Louis, ayant pris sur les Maures la ville de Couenque en Castille, y fit ériger un Evêché. Les Chanoines de Couenque, &c. Je ne sais où il a pris ce mot. Nous disons Cuença, comme en Espagnol.

Il y a une autre ville de ce nom dans l’Amérique Méridionale au Pérou, dans l’audience de Quito. On la nomme aussi Bamba.

CUENS. s. m. Vieux mot très-usité dans notre langue, qui s’est dit pour comte. Comes. Li Cuens de Flandre, li Cuens de Champagne.

☞ CUFA. Ville d’Asie, dans les états du Turc, sur l’Euphrate, dans l’Iraque.

☞ CUHIUNG. Ville de la Chine, quatrième Métropole de la Province de Sunnan. Elle est de 15. d. 24 min plus occidentale que Peking. Lat. 24 d. 56.’

CUI

CUJAVA. s. m. Terme de Relation. Espèce de chaise fermée en usage aux Indes. On en met deux sur un chameau, une d’un côté, & une seconde de l’autre, comme nous mettons ici des paniers, ou des mannes sur les chevaux : on renferme dedans les femmes, & on s’en sert pour les transporter d’un lieu en un autre sans qu’on les voie. Sélla Indorum gestatoria. Ast-kan voulant surprendre la citadelle de Dolrabad, & la mettre entre les mains du Mogol son maître, feignit un mécontentement, & se réfugia chez le Roy de Visapour : à qui il demanda la permission de se retirer avec dix ou douze de ses femmes, & autant de gens à lui, dans la Citadelle de Dolrabad ; l’ayant obtenue, il y entra avec huit ou dix chameaux, les deux cujavas qui sont de côtés & d’autres du chameau étant bien fermés, selon la coutume, afin que l’on ne pût voir les femmes que l’on met dedans ; mais, au lieu de femmes, on avoit mis deux soldats dans chaque cujava tous gens d’exécution, tels qu’étoient aussi ceux qui conduisoient les chameaux. Ainsi il leur fut aisé d’égorger la garnison, qui n’étoit pas sur ses gardes, & de se rendre maîtres de la place. Tavernier, Voyage des Indes, T. II. L. I. C. 9.

CUJAVIE. Province de la grande Pologne. Cujavia. Elle a au Nord le Duché de Prusse, au couchant le Palatinat de Kalisk, au midi ceux de Lancici & de Rava, & au levant celui de Ploczko. La capitale de Cujavie est Uladislaw.

CUIDER. v. n. Vieux mot qui signifioit autrefois penser. Putare, cogitare, existimare. Il cuidoit bien faire ses affaires, il a cuidé tout gâté ; il n’est plus du tout en usage, si ce n’est dans le style burlesque. Le Comte Duc mourir cuida. Voit.

Ce mot vient du Latin cogitare, Nicod.

CUIDEREAUX. s. m. pl. Vieux mot. Amans. On trouve dans Villon,

A cuidereaux d’amour transis.

CUILLER, ou CUILLIER. s. f. On prononce fortement l’r finale comme dans fer & mer. Ustensile de ménage, qui a un creux, ou demi-globe concave, qu’on nomme cuilleron, & qui est par un bout attaché à un manche. Cochlear, cochleare.

☞ Il y a des cuillers à bouche, dont on se sert à table pour manger le potage & autres choses.

Il y en a de plus grandes dont on se sert à la cuisine pour dresser le potage & pour divers autres usages. Cuiller à pot, cuiller à potage, à ragoût, cuiller à olives.

Il y en a de plus petites dont on se sert pour prendre le Café.

On appelle cuiller couverte, une sorte de grande cuiller dont on se sert pour faire prendre des bouillons ou des médecines aux enfans, aux malades.

Il y a aussi des cuillers dont les Artisans se servent pour différens usages. Elle sert aux Ciriers à verser de la cire ; aux Fondeurs à verser du plomb & des métaux. En grand volume, elle sert à vuider des sables, &c.

Quelques auteurs écrivent cueiller, mais selon l’usage le plus ordinaire, & la prononciation généralement reçue, ce premier e est inutile & mal ajouté. Car on ne prononce point la première syllabe de ce mot, comme celle de cueillette, cueillir, &c. où l’on met un e entre l’u & l’i ; mais on prononce simplement l’u & l’i comme dans cuider, cuir, cuirasse, &c.

☞ Ce mot étoit autrefois masculin. Aujourd’hui il est féminin ; & bien des gens l’écrivent avec un e à la fin : ce qui paroît plus analogue au génie de la langue ; que de terminer un nom féminin par er pur : chose dont il n’y a guère d’exemple.

L’usage de la cuiller pour administrer la communion aux Laïques est une preuve de l’attention pleine de


G ij