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ECL

la même qui est nommée Achlat dans la carte de la Perse d’Oléarius.

ÉCLATANT, ante. adj. Qui fait du bruit, qui a de l’éclat. Fulgidus, splendidus, clarus. Il est employé de même qu’éclat dans le sens propre, dans le sens par extension, & dans le sens figuré, comme on le verra par les exemples suivans. Lumière, couleur éclatante, son éclatant, voix éclatante, vertu éclatante. Le canon fait un bruit éclatant. Les rubis balais ont une couleur éclatante. La lumière du soleil est si éclatante, qu’elle éblouit.

J’ai vu de mes pareils les malheurs éclatans. Rac.

Les services les plus éclatans ne sont pas les plus sensibles pour les Souverains. S. Real. De tout temps rien n’a été plus dangereux parmi les hommes qu’un mérite éclatant. Le superbe ne cherche pas à faire de bonnes actions ; il n’en veut faire que d’éclatantes.

Publions en tous lieux,
Du plus grand des Héros la valeur triomphante :
Que la terre & les cieux,
Retentissent du bruit de sa gloire éclatante. Quinaut.

Des plus riches habits les apprêts éclatans
Réparent foiblement les ravages du temps. Corn.

Éclatant, Terme de Bijoutier, adj. pris substantivement. Pierre de composition fort tendre, mais qui a beaucoup d’éclat.

ÉCLATANTE, s. f. Sorte de fusée chargée de composition de feu brillant qui lui donne plus d’éclat que le seul charbon.

☞ ÉCLATER. v. n. Aller en éclats, se rompre, se briser en éclats. Dissilire in fragmina, assulatim, assulose disrumpi. Cet arbre a éclaté. La bombe éclata en tombant, et tua plusieurs personnes. Il est aussi réciproque. Cet arbre s’est éclaté.

☞ Les Jardiniers, d’après la Quintinie & Liger, font quelquefois ce verbe actif. Prenez-garde de trop baisser cette branche, de peur de l’éclater, ou qu’elle ne s’éclate. La Quint. Voilà une branche que le vent a éclatée. Liger.

Éclater, signifie aussi faire un grand bruit. Le tonnerre éclate. On le dit aussi figurément du bruit qu’on fait en riant. Eclater, ou s'éclater de rire. Risum tollere.

☞ On le dit aussi, figurément, des choses qui ont été cachées, & qui viennent à la connoissance de tout le monde. On tramoit cette conjuration il y avoit long-temps ; mais enfin elle a éclaté.

Quelque orage sur eux est tout prêt d’éclater. Rac.

On soupçonnoit un mariage clandestin, il a enfin éclaté, on l’a déclaré hautement. Ils en vinrent à une animosité réciproque, qui éclata en plusieurs rencontres. L’Ab. Regn.

☞ On dit de même éclater en injures, en reproches & s’emporter. In querelas, in convicia erumpere. Je fus prête à éclater cent fois par mes pleurs & par mes reproches.

Éclater, construit avec la préposition contre, ou mis absolument, signifie, s’emporter, invectiver, faire des plaintes avec chaleur & avec colère. Irasci, stomachari, in querelas & convicia erumpere. Eclater contre l’injustice.

Après cela, Madame, éclatez contre un traître. Racine.

Marot a dit, s’éclater, pour éclater, parler avec feu.

Celui qui parle illec sans s’éclater,
Le Juge assis veut corrompre & flatter.

Éclater, signifie aussi, avoir de l’éclat, frapper les yeux. Voyez Éclat. On le dit tant au propre qu’au figuré. Splendere, splendescere, fulgere. Les pierreries mises en œuvre éclatent davantage. La gloire de ce Conquérant éclate dans toutes les contrées. La colère éclatoit sur son visage, qui en étoit tout troublé, & altéré. M. Esp. Faire éclater la vérité, c’est la faire connoître évidemment, d’une manière sensible : on doit entendre de la même manière, à proportion, ces expressions, faire éclater son zèle, sa colère, &c.

Un transport tout de flamme éclate en son visage. La Suze.

On peut douter d’un cœur qui n’a point combattu :
Ce n’est qu’en ces assauts qu’éclate la vertu. Corn.

Éclaté, ée. part. pass. & adj. Bois éclaté, pierre éclatée. Discissus, fractus.

Éclaté, se dit, en termes de Blason, des divisions de l’Ecu, qui ne se font pas nettement & en ligne droite, mais qui semblent témoigner que cela provient de ce qu’il a été rompu ou brisé avec force, de sorte qu’il paroît en éclats. On le dit aussi des lances rompues, des chevrons, &c.

ÉCLECTIQUE. adj. souvent employé substantivement. Nom que l’on donnoit à quelques Philosophes anciens. Eclecticus, Electicus. Diogène Laerce, L. I. & Suidas, disent que les Eclectiques étoient ceux des Philosophes qui, sans s’attacher à aucune secte particulière, prenoient de chacune ce qu’ils y trouvoient de bon & de solide. De-là leur venoit leur nom, qui en Grec signifie, Qui peut être choisi, & qui choisit : ἐκλέγω, Je choisis. Laerce dit au même endroit qu’on les nommoit encore pour la même raison Analogétiques, & que pour eux ils s’appeloient Philaléthes, c’est-à-dire, amis ou sectateurs de la vérité. Le Chef des Eclectiques fut un certain Potamon d’Alexandrie, qui vivoit sous Auguste & sous Tibère, & qui, las de douter de tout avec les Sceptiques & les Pyrrhoniens, forma la secte Eclectique, que Vossius appelle aussi Elective, conformément au Latin. Voyez cet Auteur, Hist. Philos. L. III. C. dernier. Etre Eclectique, c’est être de la secte de ceux qui se conservent la liberté de choisir dans les autres sectes ce qui leur paroît le meilleur. Clifton. Son Traducteur écrit mal-à propos Ecclectique.

ÉCLEGME. s. m. Terme de Pharmacie. Médicament pectoral d’une consistance de sirop épais. Ce mot, qui signifie, Léchement, fucement, est Grec : il vient de la particule ἐκ, & de λείκειν, lécher. On a nommé ainsi ce remède, parce qu’on le fait sucer aux malades avec un bâton de réglisse, qu’on trempe dedans par un bout, afin qu’étant pris peu-à-peu il demeure plus de temps au passage, & humecte mieux la poitrine. Il y a un éclegme de choux, un de pavot, un de lentilles, un de scille, &c. Les Médecins appellent aussi ce médicament loock, qui est le nom que lui donnent les Arabes.

ÉCLIPSE, s. f. Eclipsis, deliquium, defectus. Obscurcissement d’un corps céleste par l’interposition de quelque corps opaque, entre le corps céleste & notre œil, ou entre ce même corps & le soleil. L’éclipse du soleil devroit être plutôt appelé l’éclipse de la terre, puisque c’est la privation de la lumière du soleil par une partie de la surface de la terre, que nous appelons éclipse de soleil : ce qui arrive, lorsqu’il est conjoint avec la lune dans les nœuds de l’Ecliptique, & qu’elle est interposée entre lui & la terre. Comme l’ombre de la terre jetée sur la Lune doit y produire les éclipses totales ou partiales que l’on y observe de temps en temps ; ainsi la lune, lorsqu’elle jette son ombre sur la terre, forme une éclipse de terre : toute la différence qui s’y trouve vient uniquement de ce que la lune étant beaucoup plus petite que la terre, son ombre n’en sauroit couvrir toute la surface, mais seulement une très-