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des rivières de Tara, de Piva, & de Lim. Corn.

Le Golfe de Drin, ou du Drin, Drilonis sinus. C’est une petite partie du Golfe de Venise. Il est sur les côtes d’Albanie, & prend son nom de la rivière du Drin, qui s’y décharge. Maty. Quelques Cares l’appellent Lodrin, joignant mal-à-propos l’article Italien lo au nom Drin, parce qu’en Italien on dit Lo Drino, Le Drin & Golfo dello Drino, Golfe du Drin.

DRINAWAR, DRINOWAR. Ville de Turquie, en Europe. Drinopolis, & peut-être Sidrona, selon Hoffman. C’est une ville d’Illyrie : elle est dans la Servie, sur les confins de la Bosnie, dans une petite Isle que forme le Drin, environ à sept lieues de son embouchure dans la Save, & à huit ou neuf de Saraio, vers le levant. Quelques-uns appellent cette ville Drin, ou Drinawar.

DRINASTRO. Voyez Drivasto.

DRINGUER. v. a. Vieux mot. Boire. Bibere, potare. Nous disons aujourd’hui trinquer. Ce mot vient de l’Allemand trinken, qui signifie la même chose.

DRISSE. s. f. Terme de Marine, est un cordage qui sert à hisser, à élever, ou à amener la vergue le long du mât. Rudens, funis. On l’appele autrement issas. Drisse du pavillon, c’est une petite corde qui sert à arborer & amener le pavillon. Alonge la drisse ; c’est un commandement que l’on fait pour étendre la drisse, afin que plusieurs puissent travailler ensemble.

DRIVASTO, ou DRINASTO. Petite ville de l’Albanie, en Grèce, Drivastum, Trivastum. Quelques Cartes la mettent sur le bord oriental du lac de Scutari, & d’autres sur la petite rivière de Chire. Elle est mal peuplée, quoiqu’elle ait une Évêché suffragant d’Antivari. Maty.

DRIVENICH. Voyez Girona, Isle.

DRO.

DROCA. Rivière d’Afrique, qui coule dans la partie occidentale du Royaume de Barca, nommée Mestrata. Droca. Cette rivière donne aussi son nom à la côte de ce Royaume, que l’on nomme côte de Droca. Ora Drocea.

DROCTOVÉE. s. m. Voyez Drothée.

DROCTOVÉ. s. m. Nom d’homme. Droctovæus. Saint Droctové, appelé autrefois S. Drotté, parmi le vulgaire, nâquit dans le Diocèse d’Autun, vers l’an 534, ou 535. Il fut le premier Abbé de Saint Germain-des-Prés, à Paris, & mourut vers l’an 580.

DRABUSA. Voyez Drogobusk.

DROGHDAGH. Petite ville d’Irlande. Dragueda, Pontana. Maty la nomme Drogheda, ou Tredach. Mais les Cartes de Spéed, que nous suivons, la nomment Drogdagh. Elle est dans le Linster, ou la Lagenie, sur la côte orientale de l’Isle, au nord de Dublin, sur la Boyne, & à son embouchure, ou elle a un fort bon port. Droghdagh est dans le Comté de Louth. Il a un Château fort ruiné. Voyez la description de cette ville dans Jovin de Rochefort, Voyage d’Angleterre.

DROGHEDA. Voyez Droghdagh.

DROGICIN, ou DROGIEZIN. Petite ville de Pologne. Drogicinum, Drogizium. Elle est dans la Podlaquie, sur le Bug, environ à quinze lieues de Bielsko, du côté du midi. Drogicin a une Châtellenie.

DROGMAN. s. m. Terme d’Histoire & de Relations. Nom qu’on donne aux Interprètes, & aux Truchemens, dans les Échelles du Levant, & ailleurs. Interpres. Ce mot est Turc & Arabe, comme nous le dirons tout à l’heure. On l’a fait François, & l’on s’en sert en parlant de la Porte, & des Cours des Princes d’Orient, & de Barbarie en Afrique. Le Drogman trembloit en interprètant les réponses de l’Ambassadeur au Grand Visir.

Un Ambassadeur vénérable,
Suivi d’une foule innombrable
Des plus renommés Musulmans,
Accompagnés de leurs Drogmans.

Divert. de Sceaux.

Ce mot est originairement Chaldaïque תרגﬦ thirghem en Chaldéen, signifie interpréter, tourner d’une langue dans une autre ; traduire. Il se trouve dans le premier Liv. d’Esdras. IV. 7. & c’est de là qu’on appelle Thargum une Paraphrase Chaldaïque. Les Arabes disent aussi thargama, pour signifier traduire, interpréter. Les Turcs ont pris ce nom d’eaux, & en ont fait תרגמאן Targiman, Interprète, Truchement. Les Grecs modernes, depuis qu’ils sont soumis au Turc, par un changement très-ordinaire du t en d, en ont fait dargoumenos, & les Italiens dragomano, d’où nous avons fait dragoman, dont quelques Auteurs se servent, & ensuite drogman, qui est vieux, & plus en usage. Voyez encore ci-dessus Dragoman. Meninski va plus loin, & il prétend que תרגﬦ étant de quatre lettres, vient de תגﬦ mais, dans aucune des langues orientales, רגﬦ n’a une signification qui convienne à ce sentiment. En Hébreu, ou en Chaldéen, & en Syriaque, il ne signifie que lapider & lancer, tirer des flèches ; en Arabe & en Turc lapider, élever un tombeau de pierres ; & selon Raphelange, être Prince, Principatum obtinere. Il a encore, en Arabe & en Turc, le sens de détestation, injure, exécration, opinion, conjectures ; & celui d’ami & de convive, compagnon de table & de bouteille, compotator : mais quel rapport tout cela a-t’il à תרגﬦ interpréter, pour le tirer de רגﬦ ou pour conjecturer qu’il en vient ? On dit aussi Drogueman.

DROGOBUSK. Petite ville de Moscovie. Droboscum. Elle est sur le Niéper, environ à vingt lieues de Smolenko, & dans le Duché de même nom. Maty. Drogobusk est dans le Duché de Bielki.

DROGUE. s. f. Terme général de marchandise d’épicerie de toute sorte de nature, & sur-tout des pays éloignés, lesquelles servent à la Médecine, aux teintures & aux Artisans, comme séné, casse, mastic, borax, alun, brésil, sandaraque, &c. Materia ex quâ medicamenta & aliæ compositiones conficiuntur. Lémery a publié en 1698 un Traité universel des drogues par ordre alphabétique. Les Apothicaires doivent avoir dans leur boutique toutes sortes de drogues. Il y a de certaines drogues qui ne sont point nourrissantes, lesquelles appaisent la faim pour quelque temps. Lémery.

Ménage, aprés Saumaise, dérive ce mot de droga, qui a été fait du Persan droa, signifiant odeur, parceque les drogues aromatiques ont beaucoup d’odeur. Guichart le fait venir du mot Hébreu rakab, qu’il explique par préparer des parfums, des aromates, des onguents.

Plusieurs Auteurs ont écrit en Latin sur les drogues, Pomet a donné une Histoire des drogues en François avec des figures ; cet ouvrage est bon pour le choix des drogues.

DROGUE. Terme d’Éventailliste. Ce qu’on nomme de la sorte, chez les maître Éventaillistes, est une composition de gomme d’Arabie, & de quelques autres ingrédiens, dont ils se servent pour appliquer les feuilles d’or ou d’argent sur les papiers dont ils font leurs éventails, ou pour les couvrir de l’un de ces métaux réduits en poudre.

On donne aussi ce nom au sel, ou cendre de verre, dont on se sert dans quelques blanchisseries pour le blanchissage des Toiles.

Drogue, se dit, figurément, des choses de peu de valeur. Res vilioris pretii. Le fonds dont ce Marchand se veut défaire, n’est que de rebut, ce n’est que de la drogue. Cet usurier, en faisant un tel prêt, en a donné la moitié en drogue, en méchans billets, méchans meubles, &c.

On dit, proverbialement, qu’un homme sait bien faire valoir sa drogue, pour dire qu’il est charlatan, qu’il sait vendre cher de mauvaise marchandise.