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ces tubercules têtes de vers : il faut les racler aussitôt qu’ils paroissent ; car autrement ils rentreroient sous la peau. On réitère l’opération jusqu’à ce qu’il n’en paroisse plus ; car, à chaque fois qu’on frotte, & qu’on racle, on s’apperçoit que le nombre de ces tubercules diminue. Cette maladie est rare, & peu de Médecins en ont parlé. On ne la connoît point en France. Voyez André Dudithius, épître 12 liv. 3. Sennert dans sa Pratique, liv. 2 ch. 24. Vucirius, liv. 2 des Observations ; Dégori, trésor, &c.

Les Auteurs du Journal de Leipsik parlent de cette maladie dans le tome du mois d’Octobre 1682. pag. 316. Ils disent que ces poils, qui sortent des pores après le bain, sont comme de gros cheveux, corpuscula pilorum crassiorum instar densa & spiffa ; & non pas des poils très-fins, comme dit Dagori. Ils ajoutent que cela a fait donner le nom de crinones à ces petits corps ; qu’on les appele aussi Comedones, parcequ’ils mangent, ils dévorent l’aliment qui nourrit les enfans ; que George-Jérôme Velchius les nomme vers capillaire des enfans, dans une Dissertation très-curieuse & très-utile aux Médecins, qu’il a faite, sous le titre de Exercitatio de Vermiculis capillaribus infantium, & qu’ils louent & recommandent beaucoup, comme contenant tout ce qui s’est dit sur cela, tant pour la curiosité & la théorie, que pour l’usage & la pratique, & pouvant suppléer à tous les ouvrages qui ont paru sur cette matière. Quant à la nature & à la figure de ces petits corps, le microscope a décidé la question ; ce sont de véritables animaux vivans, qui sont d’un cendré tantôt plus, tantôt moins foncé ; qui ont deux cornes longues sur la tête, deux gros yeux ronds, avec une queue longue, & qui est terminée par une touffe de plusieurs poils ; qu’il est difficile de tirer entiers en frottant le corps de l’enfant, parcequ’ils sont si tendres, que le moindre frottement les écrase. Les quatre figures qui en sont gravées, montrent de plus qu’ils ont beaucoup de poils aux côtés. La grandeur naturelle de l’animal entier, est d’environ deux lignes.

DRAGAN. s. m. Terme de Marine. C’est la partie de derrière de la pouppe qui en fait l’extrémité, & qui porte la devise des galères.

DRAGANTI. Ville ancienne de la Cilicie, province de l’Asie mineure. Dragantum, anciennement Arcinoe. C’est maintenant un village de la petite Caramanie, en Natolie. Maty.

DRAGE. s. f. Terme de pêche. Voyez Drége.

DRAGÉE. s. f. Petites confitures séches, où l’on enferme quelque petite graine ou menu fruit, comme anis, amandes, pistaches, avelines, morceau de cannelle ou de citron, ou abricot, coriandre, &c. Anisum, amygdalum, &c. durato saccharo circumdatum. Globuli saccharei. Cette circonlocution est nécessaire, faute de mot propre qui puisse exprimer ce qu’on entend par dragée. Les anis de Verdun sont fort renommées, & passent pour les plus excellentes dragées. On travaille bien aussi en dragées à Sédan : les dragées de girofle & des autres épiceries fines, y sont admirables, & très-propres pour fortifier l’estomac, & pour aider à la digestion après le repas.

Ce mot vient de tragea Latin, qui a été fait du Grec τραγημα qui signifie seconde table. Nicot.

Dragée, se dit aussi du menu plomb dont on charge un fusil pour tirer sur de petit gibier. Plumbeæ pilulæ minutissimæ.

Dragée, signifie aussi un mêlange de graines qu’on donne aux chevaux. Grana miscellanea equorum pabulum.

Dragée, se dit aussi des menus grains qui se recueillent ordinairement dans les jardins, comme lentilles, navettes, bled sarrasin, qu’on appelle quelquefois dragée aux chevaux, millet, &c. sur lesquels les Curés prétendent droit de menues dîmes, qu’ils appellent dîmes vertes, ou dragées. Granea miscellanea.

On dit d’un fusil qui ne porte pas son plomb bien serré & bien ensemble, qu’il écarte la dragée.

On dit, figurément & populairement, qu’un homme écarte la dragée, pour dire qu’en parlant il laisse échapper de petites parties de salive, qui tombent sur celui à qui il parle.

DRAGEMEL. Bourg du Cercle d’Autriche, en Allemagne. Dragemelum. Il est dans la Carniole, sur la Save, à deux ou trois lieues de Laubach, du côté du Nord. On le prend pour l’ancienne Adrantis, ville de la Pannonie. Maty. C’est le sentiment de Lazius.

DRAGEOIR. s. m. Petite boîte en forme de montre, que les dames portoient autrefois à la ceinture par ornement, où elles mettoient les dragées. Pyxidicula qua durata in saccharo anisum, amygdalum servantur.

Drageoir, est encore une tasse large & plate de vermeil doré, montée sur un pied, dans laquelle on présentoit autrefois des dragées aux nôces & au baptêmes. Patera inaurata. On servoit aussi des dragées à la fin du repas dans des Drageoirs.

DRAGEOIR. s. f. Terme d’Horlogerie. C’est une raînure, qui tient, par exemple, le crystal d’une montre, le couvercle d’un barillet, &c.

DRAGEON. s. m. Terme de Jardinage. C’est le bourgeon qui pousse au pied des arbres, ou des plantes. Stolo. Un drageon d’œillet, drageon de vigne. Voyez Rejeton.

☞ On appelle proprement Drageons, ou Petreaux, de jeunes tiges qui s’élevent des racines rampantes. Les chênes produisent rarement des Drageons. Les ormes & les pruniers en produisent beaucoup.

DRAGEONNER. v. n. Il se dit des arbress qui poussent des drageons. Stolones agere. Arbre qui commence à drageonner. La Quint. Liger.

Drageonner, signifie aussi lever des drageons.

DRAGIER. s. m. Voyez Drageoir. C’est la même chose. Dans le dernier siècle (le xvie siècle) où l’on avoit le goût délicat, on ne croyoit pas pouvoir vivre sans dragées ; il n’étoit fils de bonne mère, qui n’eût son dragier ; & il est rapporté dans l’Hist. du Duc de Guise, que, quand il fut tué à Blois, il avoit son dragier à la main. De Vign. Marv.

DRAGO. Boca del Drago. Nom Espagnol, qui signifie Bouche de Dragon, petit détroit de la mer du Nord en Amérique. Draconis fretum. La Boca del Drago, est entre l’Isle de la Trinité, & la Province de Paria, en la Terre ferme. Elle joint la mer du Nord avec le détroit de Paria.

DRAGO. Rivière du Royaume de Naples. Draco. Elle a sa source aux confins de la Principauté citérieure, & de l’ultérieure, baigne Nocera, & se décharge dans le Golfe de Naples aux confins de la Terre de Labour.

DRAGOMAN. s. m. Terme de Relations, qui signifie Truchement. Interpres. Ce mot est presque général en Orient parmi le peuple, pour signifier un Interprète, qui sert à faciliter le commerce des Occidentaux avec les Orientaux.

Ce mot vient sans difficulté de l’arabe Tergeman, ou Tergiman, selon la prononciation des Turcs, Interprète, du verbe Taragem, il a intreprété. Dragoman vient en premier lieu de l’Italien Dragomano. Les Italiens disent aussi Turcimanno, avec plus de rapport à son étymologie Arabe ; & de Turcimanno, nous disons Truchement, aussi-bien que Dragoman & Drogman. Dès long-temps chez les Orientaux, Targum signifie Interprétation, & Metargen, ou Turgeman, Interprète ; ce qui est un mot Chaldaïque, selon Casaubon. Quelques uns dérivent ce mot de l’Allemand. Mais il vient plutôt de Turcimannus, ayant ajoûté le mot de man, qui signifie homme, à celui de Turc. Il y avoit, dans la Cour Byzantine, un Officier qu’on appeloit Maître des Draguemans, comme le dit Tyrius. Ce mot se trouve dans Ville--